Des livres comme celui-ci, on en a tant et plus lorsqu’un grand événement arrive à l’horizon. Les biopics aussi dévalent dans les librairies par tombereaux. Certes, la figure de Jesse Owens (1913-1980), qui humilia Hitler et sa clique aux Jeux Olympiques de Berlin 1936, nous est d’emblée sympathique. Un grand champion qui a fait progresser de grandes causes. Mais au-delà d’éléments factuels assez minces et finalement peu passionnants, même si le sportif était l’athlète préféré du Président Obama, comment rendre cette BD un tant soit peu passionnante ?
En la confiant à un grand artiste, ce qui est le cas du dessinateur et scénariste Gradimir Smudja. Ce citoyen serbe qui a fuit la Yougoslavie pour des raisons politiques vit aujourd’hui à Lucca en Italie. C’est un dessinateur merveilleux marqué à jamais par l’impressionnisme. D’où ses BD les plus célèbres consacrées à Toulouse Lautrec (Le Cabaret des muses, 4 vol.) ou Vincent et Van Gogh (2 vol.) chez Delcourt.
Smudja prend la biographie de Jesse Owens pour ce qu’elle est : l’histoire d’un petit enfant noir sorti du rang grâce à ses performances sportives. Une vision assez déterministe due à la bienveillance d’un policier blanc. Un chromo naïf en quelque sorte, mais magnifié par d’une part le point de vue : la jeunesse de J.O. (oui, il a les mêmes initiales que les Jeux) est vue au travers des yeux de son chat ; ensuite par une palette graphique somptueuse. Un Jesse Owens en « mode portrait » en quelque sorte qui nous donne à voir quelques pages élégantes qui évitent à ce biopic de tomber dans le chromo-cliché. Un bel objet de célébration qui mérite votre bibliothèque.
(par Didier Pasamonik - L’Agence BD)
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