La fin de cet ample roman graphique approche, malheureusement. Là où le 1er tome nous contait l’origine de la révolution asturienne et le 2e nous la décrivait, le 3e est consacré à la répression, terrible, orchestrée par la jeune République espagnole qui y a envoyé pour ce faire un certain... général Franco. Ce même général qui sera le fossoyeur de cette République...
Alfonso Zapico nous décrit avec précision la violence de la répression à coups de fusil ou de canon et d’actes de torture. Rien ne sera épargné à ces révoltés, dont Zapico ne cache pas pour autant les divisions. Si ce roman graphique est en noir et blanc, ses personnages sont rarement binaires. Apolonio, leader des révoltés et père d’Isolina, est par exemple capable d’actes très violents.
Sur ce fond historique très documenté, Zapico a su bâtir une intrigue très humaine, basée sur l’amour impossible entre Tristan, fils du patron des mines de Montecorvo, et Isolina, fille du leader de la Commune des Asturies. Dans ce troisième volume, on suit Tristan tenter de retrouver son Isolina, et qui, pour cela, au lieu de fuir la répression, fait le chemin inverse, en retournant vers Montecorvo.
On ne révélera pas s’il y parvient. En revanche, on peut tout à fait dire que, chemin faisant, Tristan croise la route d’Apolonio, cette rencontre constituant le coeur de ce volume. Ces deux hommes, que beaucoup oppose (âge, milieu, santé...), apprennent à se comprendre et à partager la route, réunis autour d’un objectif commun : retrouver Isolina, la fille de l’un, l’amante de l’autre. Cela nous vaut de beaux échanges. Car si Tristan, en butte avec son milieu, partage les idéaux révolutionnaires d’Apolonio, il n’en conserve pas moins son "habitus" (façons de parler, de vivre, d’envisager la vie...)
C’est cette belle rencontre qui nous tient en haleine dans cet avant dernier volume, très sombre par ailleurs, ce Chant des Asturies s’apparentant à un chant du cygne, mais qui continue de résonner dans nos esprits et dont le quatrième et dernier tome vient de sortir !
(par Philippe LEBAS)
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