Ce bel ouvrage de 248 pages est aussi doté d’une couverture inédite. Cette nouvelle version enrichie est une belle opportunité de rendre hommage à cet auteur qui aura marqué de son empreinte l’histoire du neuvième art. Les histoires sont présentées dans leur ordre chronologique. Parmi celles-ci : La Cité en la mer (1831), Le Rendez-vous (1834), Ombre (1835), La Chute de la maison Usher (1839). En fin de volume, on découvre les couvertures, véritables œuvres d’art, de l’artiste qui fit les belles heures de Métal Hurlant.
Edgar Allan Poe était un précurseur reconnu comme étant l’inventeur du genre fantastique et même du polar notamment avec sa nouvelle Double Assassinat Dans La Rue Morgue. Sa modernité sera incomprise par ses compatriotes. Par contre, Baudelaire (qui traduira ses contes), Mallarmé, Valéry le considéraient comme un génie de la littérature. Paradoxe alors que les Français sont réputés pour leur esprit cartésien. C’est que ces écrivains du XIXe siècle avaient compris que les écrits de Poe devaient se lire au second degré et ils en avaient adopté certaines techniques d’écriture.
Richard Corben était l’auteur de bande dessinée prédestiné pour transposer les écrits et la pensée de l’écrivain du XIXe siècle au travers de ce vecteur moderne. Son style était le plus approprié pour dessiner les marécages, les corps en putréfaction, traduire l’effroi, l’angoisse, ces ambiances surnaturelles. Ces maîtres de l’étrange, de l’horreur, du morbide et de l’inexpliqué qui ont vécu à plus d’un siècle d’intervalle sont en osmose. Ce livre est comme une bouteille jetée à la mer pour les générations à venir. L’ouvrir est une expérience exceptionnelle et perturbante qui se répètera dans le temps. Votre lecture terminée, le livre reposé sur votre table de nuit, les personnages inquiétants du dessinateur continuent à vous hanter. Page après page, ils sèment progressivement le trouble, ensuite l’épouvante et finissent par entamer durant votre sommeil une danse macabre dans votre esprit au rythme des vers du poète maudit.
(par David SPORCQ)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.