La petite Ayla est différente des autres membres du clan. Et pour cause, ce vilain petit canard a été trouvé seul dans la forêt. Différente, Ayla fait peur, mais avec le soutien de certains arrivera-t-elle à être acceptée de tous ?
Cet épais roman graphique demande de l’exigence. Parfois un peu longue, dense et touffue, l’intrigue d’Ayla retrace toute la vie de l’héroïne. Une longue vie aux multiples péripéties dans une perpétuelle quête de repère et de reconnaissance. D’autant plus que le dessin souffre parfois d’une exécution des personnages un peu figée et d’un manque d’aération, pour un album jeunesse de cette intensité. Il faut remarquer toutefois un trait recherché, au découpage cinématographique osé, trop souvent délaissé dans les BD destinées au plus jeune public.
Enfin, l’album pâtit de préjugés discutables dans sa structure elle-même. Le clan d’Homo Sapiens se structure comme une société moderne patriarcale et ultra-hiérarchisée dans laquelle les hommes chassent tandis que les femmes restent à la caverne.
Bien que l’objectif d’Ayla ne soit pas d’être une reconstitution historique, derrière sa portée résolument féministe et bien traitée, l’album se fonde sur une construction mentale et historique fausse. Cette perception est issue de l’héritage du XIXe siècle qui perpétue, aujourd’hui encore, l’intégration systémique du patriarcat dans notre société. [1]. Dommage.
(par Kelian NGUYEN)
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[1] Thèse longuement développée dans L’Homme préhistorique est aussi une femme par Marylène Patou-Mathis (Allary)
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