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Angoulême 2016 : Désormais la sélection officielle ne représente plus la bande dessinée francophone.

Par Charles-Louis Detournay le 5 janvier 2016                      Lien  
Le FIBD d'Angoulême a dévoilé sa sélection officielle et son programme pour sa 43e édition qui aura lieu du 28 au 31 janvier 2016. Pas vraiment de surprises, la sélection favorise traditionnellement les petits éditeurs, les grosses pointures profitant des expositions. On constate cependant d'année en année un recul progressif de la représentation de la création francophone.

Le FIBD d’Angoulême a dévoilé sa sélection des titres de bande dessinée en compétition pour la 43e édition de son festival : quarante albums dans la sélection officielle, dix dans la sélection jeunesse, sept pour la sélection patrimoine et cinq pour le Prix Polar-SNCF. Une analyse un peu plus fine de cette sélection laisse ressortir, outre le clivage traditionnel qui favorise les petits labels éditoriaux, une tendance très nette à solliciter les titres du domaine étranger, une tendance qui est aussi celle de la production éditoriale dans l’Hexagone.

La sélection officielle

Un comité de sélection composé de journalistes, Juliette Salin, rédactrice en chef du "Monde des ados" , Nicolas Albert (La Nouvelle République du Centre-Ouest), Matthieu Charrier (Chef Adjoint Service Societe Culture d’Europe 1), d’un libraire, Charles Ferreira (Librairie Gibert Jeune), de Jean-Pierre Mercier, conseiller scientifique de la Cité de la bande dessinée et d’Ezilda Tribot, responsable de la programmation jeunesse au Festival d’Angoulême décide quels seront les 62 albums de bande dessinée, issus de la publication de ces derniers mois qui seront dans la compétition. Voici ce qui est sorti du chapeau :

Angoulême 2016 : Désormais la sélection officielle ne représente plus la bande dessinée francophone.
Antonin Baudry présente le jury lors de la conférence de presse du 43 FIBD d’Angoulême
Photo : F. Rubis

- Ajin T1 par Gamon Sakurai & Tsuina Miura (Glénat)
- Allo, Dr Laura ? Mémoires graphiques par Nicole J. Georges (Cambourakis)
- L’Arabe du futur T. 2 par Riad Sattouf (Allary)
- Arsène Schrauwen par Olivier Schrauwen (L’Association)
- Carnet de santé foireuse par Pozla (Delcourt)
- Catharsis par Luz (Futuropolis)
- Cher Pays de notre enfance par Étienne Davodeau & Benoît Collombat (Futuropolis)
- Chiisakobe T1 par Minetaro Mochizuki (Le Lézard noir)
- Combats par Daniel Goossens (Fluide Glacial)
- Doctors par Dash Shaw (Çà et là)
- En Temps de guerre par Delphine Panique (Misma)
- Esprits des morts & autres récits d’Edgar Allan Poe par Richard Corben (Delirium)
- Est-ce qu’on pourrait parler d’autre chose ? par Roz Chast (Gallimard)
- Une Étoile tranquille - Portrait sentimental de Primo Levi par Pietro Scarnera (Rackham)
- La Favorite par Matthias Lehmann (Actes Sud)
- La Fille de la plage T1 par Inio Asano (IMHO)
- Fin par Anders Nilsen (Atrabile)
- Hans Fallada - Vie et mort du buveur par Jakob Hinrichs (Denoël Graphic)
- Hiver rouge par Anneli Furmark (Çà et là)
- Ici par Richard McGuire (Gallimard)
- Les Intrus par Adrian Tomine (Cornélius)
- Joker par Benjamin Adam (La Pastèque)
- Letter 44 T.1 par Alberto Jiménez Albuquerque & Charles Soule (Glénat Comics)
- Megg, Mogg & Owl, T2 : Magical Ectasy Trip par Simon Hanselmann (Misma)
- Mortelle vinasse par Mai-Li Bernard (The Hoochie Coochie)
- Ms. Marvel T1 par Gwendolyn Willow Wilson & Adrian Alphona (Panini)
- Murderabilia par Alvaro Ortiz (Rackham)
- Nimona par Noelle Stevenson (Dargaud)
- Outcast T1 par Paul Azaceta Robert Kirkman (Delcourt)
- Un Père vertueux par Ludovic Debeurme (Cornélius)
- Paci T3 par Vincent Perriot (Dargaud)
- Le Piano oriental par Zeina Abirached (Casterman)
- La Renarde par Marine Blandin et Sébastien Chrisostome (Casterman)
- La République du catch par Nicolas de Crécy (Casterman)
- Saga T4 par Fiona Staples et Brian K. Vaughan (Urban Comics)
- Tel qu’en lui-même enfin par Killoffer (L’Association)
- Tu mourras moins bête T4 par Marion Montaigne (Delcourt)
- Tumultes par Hugues Micol (Cornélius)
- Unlucky Young Men T1 par Kamui Fujiwara & Eiji Otsuka (Ki-oon)
- Vive la marée ! par David Prudhomme & Pascal Rabaté (Futuropolis)

La sélection jeunesse

- Alcibiade par Rémi Farnos (La Joie de lire)
- Dad, T.1 : Filles à papa par Nob (Dupuis)
- Le Grand Méchant Renard par Benjamin Renner (Delcourt)
- Le Jardin de minuit par Edith, d’après Philippe Pearce (Soleil)
- A Silent Voice T1 par Yoshitoki Oima (Ki-oon)
- Tempête au haras par Jérémie Moreau & Chris Donner (Rue de Sèvres)
- Ulysse Wincoop T1 par Benjamin Bachelier & Marion Festraëts (Gallimard)
- Victor & Clint par Marion Duclos (La Boîte à bulles)
- Violette autour du monde T1 par Stefano Turconi & Teresa Radice (Dargaud)
- L’Insubmersible Walker Bean T1 par Aaron Renier (Sarbacane)

La sélection patrimoine

- Barnaby par Crockett Johnson (Actes Sud / L’An 2)
- Cette Ville te tuera par Yoshihiro Tatsumi (Cornélius)
- Le Feuilleton intégral T11(1950-1958) par Hergé (Casterman)
- L’Homme au landau et autres histoires par Jacques Lob (Cornélius)
- La Maison aux insectes par Kazuo Umezu (Le Lézard noir)
- Vater und Sohn/Père et fils - L’intégrale par E. O. Plauen (alis Erich Ohser) (Warum)
-  Simon du Fleuve - Intégrale 1 de Claude Auclair (Le Lombard)

La sélection polar-SNCF

- Inspecteur Kurokôchi T1 par Kôji Kôno Takashi & Nagasaki (Komikku)
- Olympia par Bastien Vivès, Ruppert & Mulot (Dupuis)
- Southern Bastards T1 par Jason Latour & Jason Aaron (Urban Comics)
- Tungstène par Marcello Quintanilha (Çà et là)
- Undertaker T1 par Ralph Meyer & Xavier Dorison (Dargaud)

Les sélections en mal de visibilité publique ?

Des majors comme Glénat, Delcourt, Casterman et Média-Participations (Lombard, Dargaud, Dupuis, Kana) qui constituent près de 35% de la production des titres publiés en 2015, ne bénéficient plus que de 20% des titres de la sélection officielle, 25% même si l’on compte l’ensemble des quatre sélections, grâce à une meilleure représentativité dans le secteur des albums jeunesse. Ce constat n’est pas une surprise : Angoulême a toujours porté un regard bienveillant sur les publications en marge des grands labels commerciaux, les plus petites structures bénéficiant chaque année une mise en avant. L’invitation à la découverte est un des rôles du FIBD.

Les grandes maisons d’édition ne sont pas ignorées par le Festival : elles représentent une part trop importante de son financement, notamment par le truchement de la vente des stands. Le FIBD "compense" par des expositions qui leur font la part belle, et souvent au grand bonheur des festivaliers, à des expositions qui sollicitent des marques connues, cette année encore : Lastman et Hugo Pratt chez Casterman, l’exposition sur Otomo pour Glénat, Morris pour Dargaud, etc. Nous y reviendrons dans les prochains jours.

L’affiche d’Otomo est truffée de références au neuvième art, dans sa globalité.

La composition du grand jury

Pour départager ces lauréats, chaque année, un nouveau jury apporte par sa vision plus ou moins objective de la bande dessinée, un choix qui va parfois a contrario de cette sélection initiale. Pour cette 43e édition, ce jury est présidé par Antonin Baudry, diplomate et ancien président de l’Institut Français, mais aussi scénariste de BD et de cinéma, lauréat avec Christophe Blain du Fauve d’Or 2013 pour Quai d’Orsay sous le pseudonyme d’Abel Lanzac. « le Festival d’Angoulême, témoigne Baudry lors de la présentation du programme 2016 du Festival en décembre dernier, Pour mon père et moi, c’était la Mecque, on espérait y aller ensemble un jour. C’est aussi un événement très important pour l’écosystème de la bande dessinée, qui réunit des gens passionnants, créatifs et indépendants. Aujourd’hui, je suis heureux de pouvoir y apporter ma pierre. »

Autour de lui, Baudry a composé un « jury à la fois relevé, exigeant et éclairé, en accord avec l’équipe du Festival » :
-  Laurent Binet, écrivain et auteur entre autres de HHhH et de La Septième Fonction du langage (Grasset), prix Interallié 2015
-  Nicole Brenez, professeur en études cinématographiques et programmatrice à la Cinémathèque française
-  Philippe Collin, journaliste France Inter et Arte
-  Véronique Giuge, libraire de la librairie Album à Paris
-  Hamé, réalisateur et membre du groupe de rap La Rumeur
-  Matt Madden, auteur (US)

Ce qui frappe dans cette sélection, c’est l’absence presque totale de la bande dessinée dite « populaire ». Comment interpréter ce terme ? Philippe Collin, journaliste et membre du jury le présentait ainsi : « Je trouve toujours le temps de lire des bandes dessinées et d’en défendre le bien-fondé autant qu’il m’est possible. La bande dessinée est un art populaire. Profondément populaire. Populaire au sens premier. C’est-à-dire un art généreux, ludique et polyphonique. »

Pour nous, simples mortels, le vocable « populaire » s’applique aux albums qui s’adressent et sont reconnus par un large public. Dans la sélection du FIBD, il y a encore quelques années encore, on retrouvait des séries telles que Jérôme K. Jérome Bloche, Lastman, Valérian, Adèle Blanc-Sec, Le Chat du Rabbin, Death Note, XIII, Les Bidochon, Les Gouttes de Dieu, Long John Silver, Spirou & Fantasio, Seuls, L’Épervier, Il était une fois en France, Walking Dead, Alix Senator, Magasin Général, pour ne citer que ceux-là, qui correspondaient à cette définition. Cette année, la 43e édition du FIBD n’a sélectionné officiellement, sans cette catégorie, que L’Arabe du Futur T. 2, un choix-repoussoir puisque le premier tome avait déjà reçu le Fauve d’or l’année dernière. La sélection Polar-SNCF, en revanche, sauve la mise en choisissant Undertaker T1 dont le premier tome fait d’ores et déjà un tabac en librairie !

D’année en année, la tendance des sélections angoumoisines ressemble au menu d’un restaurant gastronomique : on n’y vient pas régulièrement, on ne comprend pas toujours ce que cela cache, mais on est toujours curieux de réaliser quelques nouvelles découvertes. Ce qui pourrait donc passer pour une liste d’albums « incontournables » restés souvent inaperçus aux yeux de la majorité des lecteurs, contribue à accroître la schizophrénie d’Angoulême : les auteurs reconnus y attirent les visiteurs, mais les prix passionnent de moins en moins les lecteurs.

Fort de la diversité de sa composition, le Grand Jury garde comme de juste sa part de subjectivité, quitte à corriger le tir. Mais, même dans le catalogue des plus petites maisons d’édition, on reste ainsi étonné que certains titres n’aient pas été sélectionnés. On citera Junker paru chez Cambourakis ou de Zaï zaï zaï zaï, plébiscité par l’Association des Critiques et des Journalistes de BD, alors qu’un précédent titre de FabCaro, Carnet du Pérou - Sur la route de Cuzco (6 pieds sous terre), pourtant dans la même veine avait été sélectionné en 2014.

La bande dessinée francophone s’efface progressivement

Si les jurys se suivent et ne se ressemblent donc pas forcément dans les choix et leurs goûts, la sélection suit cependant une tendance constante qui devient criante avec les années : la diminution progressive de la représentation des auteurs francophones dans la sélection au profit de choix plus internationaux.

En examinant les sélections des neuf dernières années, on constate une confirmation nette de cette tendance. En 2008, près de 68% des albums sélectionnés sont issus du domaine francophone, une tendance demeure à 66% en 2012. 2013 voit s’opérer une première chute à 53% du total de la sélection, puis 51% en 2014, avant de descendre en 2015 à 46%. Désormais la sélection d’Angoulême ne représente plus la bande dessinée francophone.

La sélection officielle de ce 43e Festival d’Angoulême aggrave ce déficit puisque le pourcentage d’albums francophone chute à 41%. Si nous étendons cette analyse en ajoutant les sélections Patrimoines et Polar-SCNF (ce que nous n’avons pas prix en compte dans l’historique précédent en raison de l’arrivée récente de ces prix), ce pourcentage de 41% se maintient. Il passe cependant à 46% si l’on prend en compte les titres Jeunesse, essentiellement issus du domaine francophone.

Présentation des sélections lors de la conférence de presse du 43e FIBD d’Angoulême
Photo : F. Rubis

Quelle analyse tirer de cette tendance ? Elle rejoint l’évolution de la production de l’édition francophone de ces dernières années, de plus en plus vouée à la traduction. Ainsi constations-nous, en analysant le Rapport 2015 de Gilles Ratier pour l’ACBD, que 58,9% des nouveautés de l’année dernière étaient le fait de licences acquises l’étranger, un chiffre encore en progression cette année. Cette proportion dans la production n’est évidemment pas le reflet du marché. Heureusement, les blockbusters de la librairie francophone restent, grâce à Astérix, Titeuf, Largo Winch ou Le Chat de Geluck, le fait de créations francophones

Didier Pasamonik nous expliquait voici quelques jours la raison de cette progression : «  La publication des bandes dessinées étrangères, mangas ou comics en tête évidemment, [est] un autre exemple [d’une production à] coût de développement réduit, source de marge. Il suffit d’acheter une licence, de concéder un à-valoir calibré sur le tirage initial, et l’affaire est faite, roulez jeunesse ! Pas d’auteur à financer en amont, pas de frais de développement en dehors d’une traduction et d’un lettrage, et même, le plus souvent, pas de gros frais de marketing : la sortie d’un film en salle ou quelques passages TV suffisent à l’affaire ! »

Le nouveau système de l’élection des Grands Prix, qui s’appuie sur un système de vote controversé, accentue cette tendance. Dans les favoris des votants de ces deux dernières années, ce sont systématiquement des auteurs étrangers, Watterson se trouvant élu comme Grand Prix en 2014 et Otomo en 2015, en opposition au système précédent de cooptation qui favorisait les auteurs franco-belges. Cette double ouverture à l’international (moins d’albums franco-belges dans la sélection accentué par un grand prix favorisant les auteurs étrangers) diminue l’exposition médiatique et commerciale de la production francophone, avec une conséquence logique sur les ventes..

Ce constat cependant pose la question de la représentativité de cette sélection officielle. La majorité des auteurs qui viennent à Angoulême et qui font vivre le FIBD sont français. Certes, le FIBD multiplie les gestes en direction des créateurs, mais le fait est qu’en accentuant son caractère international (sélection, prix et Grand Prix) , Angoulême réduit son soutien à la création francophone, une position difficilement compréhensible alors que les auteurs de bande dessinée clament de plus en plus fort leur sentiment de précarité et la paupérisation de leur condition.

« Un festival, ça sert à quoi ? écrit Franck Bondoux, délégué général de 9ème Art+, dans l’introduction de son dossier de presse. Ça sert à se rencontrer, […], à promouvoir des artistes libres[…], ça sert à une profession […], à un territoire national (La France) […] et régional (l’Aquitaine). »

Dans cet événement, où « tout l’écosystème de la bande dessinée se retrouve chaque année pour interagir », comme Bondoux l’écrit encore, le festival ne devrait-il pas davantage œuvrer pour que nos auteur soient encore libres de créer dans le futur ? La question se pose.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

43e Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême : du 28 au 31 janvier 2016.

Visiter le site du FIBD pour étudier :
- La sélection officielle
- La sélection jeunesse
- La sélection patrimoine
- La sélection Polar-SNCF

Visiter notre rubrique consacrée au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, et plus spécifiquement les programmes des éditions précédentes : 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 et 2015.

 
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18 Messages :
  • en même temps, le festival se veut international et il reflète l’internationalisation de l’édition.
    Reprocher au festival de ne pas soutenir les auteurs francophones, c’est un peu facile alors que dans le même temps, les éditeurs "délocalisent" la production en utilisant e plus en plus d’auteurs basés à l’étranger, moins chers (alors que le "poids" de l’auteur dans le coût du livre reste marginal)

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    • Répondu par serge buch le 5 janvier 2016 à  16:52 :

      Internationaliser la sélection officielle me semble tout à fait louable. Mais, indépendamment de l’origine des albums sélectionnés, cette sélection est au trois quart inconnue du public et vraisemblablement des libraires qui n’ont jamais dû avoir ces bouquins en rayon, même dans les plus obscurs. Une fois de plus, le snobisme ambiant solidement arrimé à ce Festival, a encore frappé et, cette année, encore plus fort que les fois précédentes.
      Etre primé à Angoulême, cela a-t-il encore un sens pour un auteur ? Laissez-moi rire !

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  • Parler de snobisme alors qu’on parle avant tout de qualité, c’est ne rien comprendre à la logique d’un prix (censé être) d’excellence : les séries populaires dont il est question plus haut sont-elles ce qui se fait de meilleur en matière de production de BD, parmi tous les titres publiés chaque année ? La réponse est bien évidemment "non", alors que ces titres populaires se retrouvent dans le top des ventes.
    On ne demande pas aux César ou aux Oscar de récompenser Les profs 2 ou Les nouvelles aventures d’Aladin simplement parce que des gens sont allés les voir en salles, on leur demande de récompenser les meilleurs titres de l’année : le nombre de personnes qui les ont vu n’a aucune espèce d’importance dans l’équation, puisque ce n’est pas une composante de la qualité d’un film (ou d’un livre).

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    • Répondu par Pirlouit le 5 janvier 2016 à  22:17 :

      D"accord, bien sûr, mais qui est apte à juger des qualités d’une BD ? Des spécialistes,plutôt que des néophytes, non ? Vous avez vu qui compose les jury de ceux qui ont choisi les nominés et ceux qui vont voter pour ? La plupart sont inconnus au bataillon des amateurs de BD (à part les libraires BD), ils n’ont pour la plupart jamais publié en sa faveur....Sur quels critères ont ils été choisis pour former des jurys et choisir des albums de renommée internationale ? Copinage, sympathie, audience ?
      Cette guignolade commence à bien faire....

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    • Répondu par Sergio Salma le 5 janvier 2016 à  22:20 :

      Votre commentaire est intéressant mais on peut retourner la thèse et aussi dire que dans les livres qui se vendent bien ou qui ont une couverture médiatique, il y a aussi de très grands livres, plastiquement, scénaristiquement , impeccables au niveau du graphisme et de la lisibilité.

      Il est donc légitime aujourd’hui de se demander pourquoi cette liste tourne clairement le dos à toute une partie de la production. Sans même montrer du doigt certains automatismes, il y a tout aussi clairement des non-sens ( mais après tout, ce sont des listes arrêtées par des personnes de bonne foi ). Ces livres qui sont inventifs, très beaux , qui se démarquent du mainstream avec force mais qui en définitive sont repris sur certaines listes pour une raison il me semble un peu étrange ; celle qui consiste à braquer le projecteur sur des "objets" un peu difficiles , n’est-ce pas plus pour cette raison-là, un vocation quasi-pédagogique, que pour une reconnaissance de la qualité propre de l’ouvrage ?

      C’est digne mais pourquoi ne pas proposer des récompenses potentielles comme vous le dites vous-même sans prendre en compte le succès ? C’est bien de ça ici qu’il s’agit et c’est un peu clivant. Le FIBD le sait pertinemment , il s’est sans doute donné cette mission.

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    • Répondu par JBH le 5 janvier 2016 à  23:02 :

      De façon objective, si on considère les cinq dernières années (par exemple), les films récompensés aux César (Des hommes et des dieux / The Artist / Amour / Les Garçons et Guillaume, à table ! / Timbuktu)ont été des succès en salle, à une exception près.
      De même pour les Oscar (Le Discours d’un roi / The Artist / Argo / Twelve Years a Slave / Birdman).
      Angoulême pourrait récompenser des œuvres qui ont rencontré le public sans être de piètre qualité.
      Si le Festival prend un virage pseudo-élitiste, c’est une bonne nouvelle pour Saint-Malo, Lyon et d’autres encore.

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      • Répondu par Oncle Francois le 6 janvier 2016 à  12:53 :

        Il est juste dommage que de l’argent public soit utilisé pour mettre en lumière des albums... ;hum hum... pas forcément faciles à lire, faits par des petits labels, avec des auteurs peu connus en France (normal me direz vous avec tant d’auteurs étrangers. Oui, mais ils tirent à eux la couverture médiatique qui aurait pu protéger du froid et de la faim bien des auteurs franco-belges en quête d’un revenu confortable).
        Je suis étonné, pour ne pas dire consterné par cette sélection du FIBD qui reflète les ambitions de son comité directorial et de ses jurys. Le FIBD penche plus du coté du Festival de Cannes (films ennuyeux au possible parfois issus de pays exotiques, propos prétendument intellectuel à défaut d’être intelligent, images réalistes et donc moches, ou alors tarabiscotées à l’extrème). Le public veut de la bonne et saine évasion, du divertissement qui réconforte, pas de la prise de tête !

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        • Répondu par Yo le 6 janvier 2016 à  19:53 :

          Une fois de plus vous intervenez pour dire n’importe quoi.

          Le festival de cannes récompense régulièrement des films assez passionnants, les 3/4 du temps très intelligents avec du fond et de la forme adapté au fond. Par contre l’image que vous véhiculé sur Cannes est aussi tenace que totalement fausse.

          Ce que vous souhaitez Pépé François, c’est une validation de vos goûts par le plus grand nombre, histoire de confirmer que vous avez raison et que vous vous y connaissez. Notez que je ne critique pas vos choix de lectures ou de films, mais simplement de l’égo que chacun de nous peut mettre dans l’attente de reconnaissance des œuvres qui nous touchent.

          De toute façon cette histoire de prix devient tout simplement ridicule et impose au plus grand nombre une liste de nominés et une liste de gagnants choisis à un moment T par un jury J.

          Quant à cette sélection, je la trouve pas mieux/pas pire que les précédentes et que les prochaines.

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          • Répondu par Oncle Francois le 11 janvier 2016 à  12:28 :

            Même Telerama le dit sur son site internet, il suffit de savoir lire , Monsieur Yo...Ceci dit, vous êtes libres d’adorer cette sélection si cela vous chante.
            "Pourquoi cette profusion un brin frustrante ? Parce que le festival a un rang à tenir. Considéré comme l’un des événements culturels français les plus en vue dans le monde, le FIBD a été intégré cette année au même titre que les festivals de Cannes et d’Avignon dans le « Grand Tour ». Pilotée par le Quai d’Orsay, cette opération de communication à grande échelle est destinée à donner à l’étranger l’image d’une France ouverte et séduisante en mettant en avant une trentaine de manifestations d’envergure. Une reconnaissance « officielle » qui vient à point nommé pour rasséréner les organisateurs d’un festival sans cesse secoué par des tempêtes locales. Cela suffira-t-il pour enfin le stabiliser ? Réponse, fin janvier.

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            • Répondu par Yo le 28 janvier 2016 à  15:06 :

              Vous me faites rire...

              il suffit de savoir lire , Monsieur Yo...Ceci dit, vous êtes libres d’adorer cette sélection si cela vous chante.

              Je vous invite justement à me lire puisque comme écrit : "Quant à cette sélection, je la trouve pas mieux/pas pire que les précédentes et que les prochaines".
              Cela me semble plutôt éloquent pourtant...

              Et bravo pour le copier/coller de Télérama qui esquisse de mieux en mieux votre personnage.
              Il y a du Mr Manatane en vous.

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  • "Didier Pasamonik nous expliquait [...] : « La publication des bandes dessinées étrangères [...] [est] un autre exemple [d’une production à] coût de développement réduit, source de marge. Il suffit d’acheter une licence, de concéder un à-valoir calibré sur le tirage initial, et l’affaire est faite, roulez jeunesse ! Pas d’auteur à financer en amont, pas de frais de développement en dehors d’une traduction et d’un lettrage "

    Merci, j’ai bien ri.

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  • La bande dessinée est un art populaire

    Il a oublié que le mot "populaire" vient de "peuple", le nombre, la masse, le grand public quoi ! Donc quand il dit que "La bande dessinée est un art populaire", il devrait dire que ça s’adresse à tous, ou, du moins, au plus grand nombre !

    J’ai remarqué une chose, avec les "responsables" dans le milieu de la culture en général, c’est qu’ils ne disent jamais les choses de manière simple. Toujours à utiliser des termes et des formules compliquées, à parler de manière détournée, à faire de la figure de style ... pour quoi, d’ailleurs ? Qu’est-ce que ça apporte au fond ? Que veulent-ils prouver, si ce n’est leur éloignement vis à vis du peuple et de tout ce qui est populaire ?

    Quant à la sélection, comme celle des années précédentes, elle m’interroge : où s’arrête la volonté de promouvoir des œuvres injustement méconnues du grand public, et où commencent le snobisme, la posture, et la volonté d’afficher sa prétendue supériorité au peuple ?

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    • Répondu par kyle william le 21 janvier 2016 à  22:49 :

      Ce discours aurait un sens si la BD populaire était produite par le peuple ; elle est aujourd’hui produite par 3 ou 4 majors qui dupliquent à l’infini et à destination des hypermarchés des formules et des stéréotypes qui ont fonctionné précédemment… résultat, la BD "populaire" n’est souvent pas de grande qualité car elle est produite de façon industrielle par des entreprises qui se soucient au fond très peu de ce que le "peuple" pourrait souhaiter lire de différent.
      S’il y a parfois plus d’originalité et de qualité dans la BD dite "snob", "indépendante", ou "underground", et si cette qualité est parfois récompensée, c’est justement parce qu’elle échappe souvent à cette standardisation des produits destinés au "grand public"", et qu’elle est souvent créée par des petits auteurs peu ou pas émunérés qui ne trouvent pas leur place dans les majors dont je parlais plus haut, parce qu’ils ont quelque chose de plus original à proposer. Je ne suis pas sûr que le "populaire" se trouve forcément là on croit qu’il se trouve, ni que le "peuple" trouve son compte dans le paysage éditorial du moment.

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    • Répondu par Pirlouit le 21 janvier 2016 à  23:11 :

      La BD populaire, c’est la BD pas chère, celle que l’on achetait en kiosques ou à la gare et que l’on mettait dans son cartable ou sa poche pour la lire en vitesse avant de la refiler à un copain. Les séries éditées par Lug, Mon Journal, Sagédition, Arédit-Artima, et plus tard Elvifrance. Des récits complets de 100 à 200 pages noir et blanc, vendus 2 ou 3 francs pièce au début des années soixante-dix. Beaucoup de traductions de matériel italien, espagnol, anglais ou américain, mais un peu de création francobelge aussi. Mitton, Pleyers, Géron et bien d’autres y ont bossé. Un peu d’érotisme et de violence, surtout chez Elvifrance et Arédit, mais surtout de la bonne humeur communicative à bas prix. A l’opposé de la BD bourgeoise des albums cartonnés luxueux qui sortent tous les dix-huit mois au Lombard, chez Dupuis, Dargaud ou Casterman, voire chaque année si le lecteur a de la chance (ou si le dessinateur bâcle ou travaille rapidement). Allez dire ça au pigiste qui abat ses 100 planches par mois ou plus pour un éditeur dit populaire (et pourtant pas bas du front). Et aux antipodes des préoccupations culturelles des responsables du milieu, toujours à se préoccuper de l’élitisme de leurs petits goûts personnels.

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      • Répondu par kyle william le 22 janvier 2016 à  08:43 :

        J’adore cette BD populaire d’autrefois et je l’adore toujours en Italie où elle paraît encore. Mais ici elle n’existe plus ; on est entrés dans une politique d’albums. Le seul équivalent aujourdhui des petits formats d’origine italienne serait les manga. Mais les conditions de réalisations de ces BD tiennent de l’industrie stakhanoviste (pour ne pas dire esclavagiste). Pas sûr non plus que les auteurs qui font vivre cette BD populaire là soient les plus épanouis de la profession. N’importe quel titre un tant soit peu créatif qui n’atteint pas immédiatement son public est aussitôt sacrifié. On est encore dans une BD ultra-standardisée par de très grosses maisons d’édition. Lire à ce sujet l’excellente série BAKUMAN.

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    • Répondu le 21 janvier 2016 à  23:31 :

      Non un "art populaire" ne veut pas dire qu’il s’adresse à tous, mais qu’il peut être pratiqué par tous.

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      • Répondu par Philbin le 22 janvier 2016 à  16:00 :

        Pas du tout,un "art populaire" ne veut pas dire qu’il peut être pratiqué par tous, mais qu’il s’adresse à tous .

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        • Répondu le 22 janvier 2016 à  19:38 :

          Exact. L’art conceptuel, par exemple, peut être pratiqué par tous mais ne s’adresse pas à tous. Ce n’est donc pas un art populaire.

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