On aurait difficilement pu trouver un meilleur titre. Ce témoignage débordant de sensations extrêmes est aussi un indispensable anti-dépresseur pour Pozla, aux prises avec la maladie de Crohn, diagnostiquée presque trop tard. Comme un outil cathartique quotidien, l’auteur livre un historique de ses troubles intestinaux, mêlant introspection saisissante et observations minutieuses du milieu médical. Car Pozla en aura croisé, des soignants. De l’infirmière à la gastro-entérologue, jusqu’a psychosomaticien, chacun propose ses solutions, traitant la douleur intense du malade avec un détachement inévitable.
La forme du carnet s’imposait pour ce gros journal de souffrance, ou le dessin s’aventure souvent dans l’abstrait avec une admirable pudeur, la couleur surgissant à l’occasion d’un choc, parfois positif... Pozla rend aussi un hommage à ses proches, sa femme surtout, et ces déclarations d’amour répétées expliquent une bonne partie de la rémission qui semble prévaloir à présent.
Autant pour le fond (un précis de résistance pour grand malade) que la forme (un crayon salvateur qui balance entre précision clinique et embardées oniriques) l’album de Pozla mérite une place aux côtés des autre récits à trame pathologique, un genre qui depuis quelques années couvre un grand nombre de maladies, et comme cette affection du ventre, souvent méconnues.
(par David TAUGIS)
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