L’histoire débute ainsi : assis sur une fenêtre en forme de hublot, un personnage regarde la pluie tomber sur la ville bétonnée et encombrée de véhicules. Les couleurs sont sombres. Il écrit et dessine une lettre.
Nous saurons assez rapidement qu’il s’appelle Ambre. Et c’est un être particulier de la taille d’un lilliputien. Tout ce qu’il voudrait, ce petit bonhomme, c’est aller à l’école et avoir des amis, comme tous les humains qu’il observe dans la cour de récréation de l’école des Alizés. Mais c’est compliqué quand on est haut comme trois pommes d’entrer en contact avec des humains qui paraissent tellement immenses.
Sa lettre-avion de papier finit sous une chaussure. Et comme une mésaventure en suit une autre, il chute et atterrit dans une canalisation d’eau.
Ayant fait la connaissance d’une tortue marine bienveillante, Lua, il apprend l’existence d’un monde qui pourrait l’accueillir : l’île aux créatures perdues et l’école de M. Cultivar.
Voilà nos deux héros partis pour une longue traversée, pleine d’espoirs. Les longs voyages donnent le temps de se raconter, d’apprendre à se connaitre. Ambre parle à Lua son cauchemar : un géant de fumée, de feu et de flammes le poursuit. Lua parle à Ambre du monde de la mer.
Enfin, ils atteignent la destination ! La rentrée scolaire va cependant être plus compliquée que prévue…
Après Le Mystère du lac, l’auteur australien Jason Pamment (scénario, dessin et couleurs) (avec Mathilde Tamae-Bouhon pour la traduction) nous livre un récit qui n’a rien de mièvre. Tout au contraire, c’est une histoire sensible, un beau roman graphique à l’attention des plus jeunes et tout autant agréable à lire à l’âge adulte.
Ambre tente de trouver sa place ; il doute ; il a peur. Un étrange monstre des profondeurs, aux longues tentacules semblent lui en vouloir. Mais, les apparences sont trompeuses.
Le voyage devient alors intérieur et initiatique.
Les planches sont aérées ; certaines cases, sans dialogue ni texte ; le dessin, tout en rondeur et le schéma, narratif, fluide. Ambre est courageux et fait preuve d’empathie. Les pages s’enchaînent et le lecteur s’identifie facilement aux différents protagonistes. Le découpage est dynamique ; l’action et le mouvement sont privilégiés avec des temps de « pause » sous forme de pleines pages ou de grandes cases sans texte.
Au bout du compte, les 280 pages de la BD se lisent avec facilité, emportant le lecteur dans un univers pas moins dur que le monde humain. Comment grandir ? Qui être et devenir ? La peur d’être soi, du regard des autres, la recherche de l’amitié sont autant de sujets abordés avec finesse.
On recommande cette bande dessinée qui offre une vision optimiste sans être naïve de la vie à hauteur d’enfant.
(par Christian GRANGE)
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