Antoine aime un peu trop lever le coude. Et son bar parisien lui donne des envies de voyage. Sa nouvelle conquête espagnole, Iria, plutôt riche et très amoureuse, va l’aider. Tant pis pour la différence d’âge : dix-huit ans de plus que lui. Direction La Corogne, en Galice.
Pour Antoine, c’est la gloire : sa touche française séduit les clients locaux, et il gère le restaurant en patron épanoui. Mais les ombres guettent : tout appartient quand même à sa - désormais - femme, comme le veut la loi espagnole. Et sa tendance à boire trop continue à rythmer ses journées. La famille d’Iria s’inquiète et la pression monte. Antoine devient violent envers elle et semble hors de contrôle
Philippe Thirault a choisi de planter le décor dans l’Espagne franquiste des années 1970. Juste avant l’arrivée de Juan Carlos, successeur de Franco. Cet entre-deux politique résonne parfaitement avec les contradictions d’un personnage autodestructeur comme Antoine.
Construit en flash-back (on sait dès le début qu’il est devenu SDF à Paris), Salud ! est un portrait cinglant de petit arriviste impulsif, dont la violence lui rebondit au visage. Outre l’élégance de ses images, l’Espagnol Nadar habille les scènes de l’album avec des couleurs très contrastées, presque lumineuses, créant un décalage hors du temps, où le rouge et le bleu s’invitent sans cesse.
Tout en peignant d’une fougue romanesque brillante un destin pathétique, les auteurs glissent des observations sociales pertinentes : la famille, toujours présente, la politique (terrible police franquiste) mais aussi les aléas du petit commerce. Recommandé sans réserve.
(par David TAUGIS)
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