Wouaw ! Dès la première image, on est subjugué par la somptuosité du dessin de Laurent Siefer. Illustrateur, il s’offre un détour par la bande dessinée, apportant par la même occasion ses techniques très particulières de dessin et de mise en couleurs (rappelant Mattotti) à la narration BD.
Quel est donc cet objet que trimbale ce voleur à la cape ? Quelle valeur a-t-il pour qu’ils le pourchassent ainsi à travers toute la ville ? Importante, certainement. Mais l’objet, tombé dans un trou d’égout, aboutit dans un monde souterrain où vivent de petits bonshommes verts. Pour eux, il est la graine créée par leur dieu Vegetalus, créateur de toutes les plantes, qui devait engendrer leurs femmes et qui disparut, des siècles plus tôt.
L’objet ovale ne reste pas longtemps entre leurs mains. Volé par l’assistant d’un pittoresque trafiquant de l’espace, il lui est éjecté des mains et saute de personnage en personnage avant d’aboutir dans une décharge publique où un peintre déprimé cherche l’inspiration. La rencontre avec l’objet lui donne l’idée qu’il lui manquait, et il en fait le centre d’intérêt de sa nouvelle exposition... avant qu’il disparaisse à nouveau, volé par un géant atteint de flatulence excessive. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’objet revienne entre les mains de son voleur initial, bouclant ainsi un récit onirique sans logique apparente autre que celle de ses rebondissements successifs. A chaque nouveau personnage, une nouvelle signification pour l’objet.
(par Patrick Albray)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Si, scénaristiquement, on a du mal à accrocher à une trame narrative qui n’existe sans doute pas - on est plus proche du rêve éveillé - on est immédiatement séduit par les dessins de Laurent Siefer et par les personnages insolites qu’il dépeint. Quelques scènes de toute beauté (comme un nain soufflant dans un pissenlit en graines pour envoyer les étoiles dans le ciel nocturne) justifient à elles seules la lecture de ce livre, pas évident du tout à suivre si l’on tient à la logique cartésienne (faut-il vraiment tout expliquer ?), mais bourré d’idées et de créativité.