Imaginez la bête : un bronze de dix mètres de long, sept mètres de haut, le Nauti-poulpe, hybride entre le fameux Nautilus de Jules Verne et un calamar géant. La statue sera inaugurée devant la Halle Freyssinet à Amiens début 2025 pour les 120 ans de la mort de Jules Verne.
Le cousinage entre Les Cités obscures et l’oeuvre de Jules Verne n’est pas nouveau. Pour le lancement du nouvel album, Le Retour du Capitaine Nemo, nous avons visité avec les auteurs la maison du grand écrivain à Amiens. À côté des grandes pièces bourgeoiserment décorées, il y a ce petit cabinet de travail où Jules Verne, qui travaillait tout le temps, a imaginé les quelque 80 romans qu’il a conçus.
La fascination des auteurs est visible, de même que leur proximité avec l’œuvre dont les cartonnages flamboyants édités par Pierre-Jules Hetzel, un éditeur avisé qui a construit sa collection sur l’usage des "livres de prix" donné aux écoliers méritants, trônent en bonne place.
Hetzel aurait bien voulu que le personnage du capitaine Nemo continuât ses aventures. Des discussions très vives eurent lieu entre Jules Verne et Hetzel à ce propos : « À l’origine, raconte Peeters qui a lu leur correspondance, Nemo était un aristocrate polonais qui vouait une haine aux Russes » . Mais les romans de Verne étaient traduits dans la Sainte Russie et l’entreprenant éditeur craignait de perdre son marché. Il demanda donc à Verne de faire de son personnage un prince indien haïssant... les Anglais.
Dans un roman qui succéda à 20 000 Lieues sous les mers, il s’agit de L’Île mystérieuse, on retrouve le capitaine Nemo qui disparaît cette fois définitivement à la fin de cette aventure. Hetzel le regrettait, jugeant que ce héros avait encore du potentiel. Schuiten et Peeters le font revivre…
Ils le montrent rescapé, retrouvant Jules Verne… pour mieux en faire un personnage des Cités obscures, incarné comme Madame Bovary, on ne vous en dit pas plus… En 1994, François Schuiten avait illustré un titre inédit de l’écrivain amiénois, proche d’un roman d’Albert Robida : Paris au XXe siècle. Ces dessins sont repris en codicille de ce nouvel album.
Cela donne une suite de tableaux somptueux, dignes des plus grands graveurs de l’Histoire, du grand Schuiten lequel nous dispense dans cette vidéo, avec son complice Benoît Peeters, une explication de texte et une leçon de dessin aussi claires que leurs cités sont obscures !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
(par Kelian NGUYEN)
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Reportage photo : Didier Pasamonik et Kelian Nguyen
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