Cette BD scénarisée par les auteurs des Cités Obscures Benoît Peeters et François Schuiten nous conte la descente aux enfers d’un peintre excentrique et talentueux à qui tout sourit dans un premier temps. Son art enchante les critiques et les jolies dames se pressent au portillon. Les toiles de Chris Van Meer lui valent effectivement des contrats juteux et une belle notoriété. Tout va bien pour ce dernier dans le meilleur des mondes jusqu’au moment où il constate qu’il est plagié.
L’univers artistique du Bruxelles de l’époque nous est décrit avec les artistes cherchant l’inspiration, hésitant, anxieux du lendemain même lorsque les affaires sont florissantes et le public versatile qui part aussi vite qu’il est venu.
Cette œuvre issue du courant de la ligne claire « nouvelle vague » est superbement dessinée par un Alain Goffin très inspiré. Les auteurs connaissent bien le milieu et s’inspirent d’une personne excentrique et pourtant bien réelle pour le scénario. La villa Paquebot, lieu principal de l’intrigue a, elle aussi, bien existé. Ces éléments cumulés rendent l’histoire plausible bien qu’extravagante. L’amitié qui unit les trois auteurs ainsi que leur source d’inspiration commune (la ligne claire propre à Hergé et à Jacobs) jouent un rôle primordial.
Soulignons que cette nouvelle édition dont le cadrage, le lettrage ainsi que les couleurs ont été entièrement retravaillés donnant un sérieux coup de frais nécessaire à cette parution de 1989. La lecture n’en est que plus agréable.
Enfin, le dossier inédit en fin d’album et signé par Charles-Louis Detournay (rédacteur en chef d’ActuaBD) permet une relecture éclairée par une remise en contexte. Les informations révélées ainsi au lecteur sont aussi étonnantes qu’instructives.
Nous conseillons d’accéder à ce dossier qu’après une première lecture. Vous vous ferez de la sorte votre propre idée de l’œuvre et remarquerez aussi que vous serez passés à côté de beaucoup de détails laissés ci et là par les auteurs. Une lecture recommandée aux amateurs de cette mouvance qui fut inspirée par le souffle hergéen et dont cet album est représentatif.
(par David SPORCQ)
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