Aujourd’hui tombe l’anniversaire de la Libération. La date est hautement symbolique pour Madeleine Riffaud, qui se souvient : arrivée à Paris encore mineure en 1942, elle se rend vite compte de la cruauté de l’ennemi - sa famille, sur les routes de l’Exode -des civils sans défense- a été attaquée par un raid aérien sur les routes du Sud.
C’est le déclic pour Madeleine qui s’engage dans un réseau de résistance étudiant. Elle y prend le nom de code « Rainer » [1], et se voit confier plusieurs opérations périlleuses. Notamment lors du soulèvement parisien à l’été 1944, qui voit la Résistance intensifier ses actions. Le but du CND (Conseil national de la Résistance créé par Jean Moulin), pour soutenir un soulèvement orchestré par la Résistance, est de montrer que la peur a enfin changé de camp, et que des attaques peuvent être orchestrées au vu et au su de tous.
Madeleine reçoit ainsi l’ordre d’assassiner en pleine journée un soldat allemand sur le Pont de Solférino. Cet acte est perpétré en représailles pour les atrocités commises par les Nazis, notamment à Oradour-sur-Glane où au moins 643 personnes sont assassinées par la division SS Das Reich. À vélo, et munie d’un simple revolver, Madeleine abat le soldat en uniforme. Reconnue peu après par deux soldats qui avaient assisté à la scène, elle est arrêtée, torturée, interrogée, sans jamais dénoncer ses camarades. Libérée dans la nuit du 18 au 19 août, par un heureux concours de circonstances, lors d’un échange de prisonniers, Madeleine rejoint son poste de commandement.
Seulement, le plus extraordinaire reste à venir. Le 23 août, elle reçoit un appel de l’état-major de la Résistance : « - Compagnie Saint-Just. Partez en nombre au pont Belleville-Villette, c’est le ventre mou du quartier, il n’y a pas de barricades. Un train vient de Belleville. Ils ont fait des morts à Ménilmontant, ils ont tué des copains. Ils sont dans le tunnel, ils vont venir vous attaquer, et là, ça va être Oradour-sur-Glane. Dépêchez-vous, stoppez-les. » Aussitôt, Madeleine Riffaud, accompagnée de seulement quatre hommes, attaque le train bondé de soldats, depuis un pont, à coups de grenades et de dynamite ! L’opération est un franc-succès, le train déraille. 80 soldats sont faits prisonniers et leur armement récupéré.
Madeleine a alors 20 ans, et les combats continueront pendant encore deux jours, sur les toits, dans les rues, à l’intérieur des immeubles. Le 25, les Nazis sont coincés à République par les FFI et les résistants, ils n’ont d’autre choix que de se rendre : le général von Choltitz, dernier gouverneur militaire du Paris occupé, signe la capitulation. Par la suite, Madeleine veut s’engager dans l’armée régulière, ce qu’on lui refuse car elle une femme, mineure, et malade de la tuberculose. Tant pis pour eux. Elle deviendra la grande reporter de guerre et la poétesse que l’on admire.
L’album qu’en ont tiré Jean-David Morvan et Dominique Bertail avec l’aide de Madeleine, et sa mémoire précise, est tout simplement sublime.
(par Auxence DELION)
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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[1] Du nom de l’écrivain autrichien Rainer Maria Rilke (1875-1926) : elle a beaucoup apprécié ses poèmes durant son séjour en sanatorium à Saint-Hilaire-du-Touvet où elle se soignait de la tuberculose.