Yakari : enfin, le film !

Le 12 décembre 1969, dans ’hebdomadaire suisse Le Crapaud à lunettes paraissait Yakari, un petit indien dégourdi créé par Job et Derib et doté d’une aptitude particulière : celle de parler aux animaux. Quatre ans plus tard, en 1973, sortait le premier album cartonné de la série, savant cocktail d’aventures, d’Ouest américain, de mythologie amérindienne et d’écologie avant l’heure.

Depuis lors, Yakari n’a cessé de faire rêver les jeunes lecteurs, dans des aventures aussi simples que trépidantes. Car, dès les premiers épisodes, ce sont les relations particulières avec les autres (animaux et humains) qui constituent le cœur de la série. Les coutumes indiennes sont également un vecteur important de la série, les totems des enfants constituant souvent le thème de départ de ces aventures.

Traduit dans plus d’une vingtaine de langues, adapté en comédie musicale et en jeu vidéo, Yakari est devenu une figure incontournable de la bande dessinée jeunesse transgénérationnelle. La preuve par le public : Yakari reste la série la plus recherchée par les familles sur les brocantes, telle une recette simple du bonheur qu’on se transmet avec l’assurance de ne pas s’y tromper.

Après une premières adaptation de 52 épisodes animés réalisés dès 1983, Yakari a également eu droit à cinq autres saisons (156 épisodes réalisés entre 2005 à 2017). Des aventures au petit écran régulièrement rediffusées sur les chaînes francophones, mais aussi et surtout en Allemagne, où le petit indien bénéficie d’un très grand succès populaire.

Le passage au grand écran semblait donc couler de source, et c’est avec joie que nous avons appris qu’il est réalisé par Xavier Giacometti et surtout Toby Genkel, un grand habitué des (bons) films d’animation..

Notre avis

Aux yeux des lecteurs, le plus grand avantage de Yakari, La Grande Aventure demeurera le grand respect du film envers l’univers créé par Derib et Job. L’intrigue du long-métrage reprend principalement les premiers tomes de la série : la rencontre avec Petit Tonnerre, le fier mustang qui devient le meilleur ami du petit indien ; sans oublier Tilleul et sa famille de castors, Grand Aigle, les grizzlis, les bisons, Arc-en-ciel, Graine de Bison, Élan lent, et le reste de la tribu.

Il n’est pas nécessaire de connaître notre héros pour voir le film. Au contraire, les réalisateurs visent un large public familial, où les parents qui connaissent les aventures de Yakari pourront le faire découvrir à leurs enfants.

L’un des grands atouts du long métrage réside dans ses superbes décors où l’Ouest sauvage déploie toutes ses splendeurs, ainsi que dans les très belles scènes dans les éléments naturels : l’eau, la rivière de glace ou les cieux. Le spectateur est réellement transporté auprès de Yakari, notamment dans la superbe séquence d’envol des papillons : une grande réussite.

D’un rythme volontairement lent pour profiter de ces paysages, le film fait l’impasse sur le second degré, en respectant une fois de plus l’esprit des bandes dessinées. Yakari, La Grande Aventure fera dès lors la joie des enfants, mais risque de lasser les ados à la recherche d’humour ou de rebondissements inattendus.

En droite ligne de la série, ce film prône l’aventure simple, l’amitié, le respect de la nature, l’ouverture et le respect des autres. Un beau moment à partager avec les plus jeunes, pour s’évader loin de la pandémie en prolongeant la scéance par quelques heures de lecture.