Abbaye de Vauluisant. 1519. Le roi François 1er confie à la discrétion des moines un mystérieux tableau, à ce point ignoble et dérangeant que personne ne devra plus jamais y poser le regard. Cette toile, un portrait, a pourtant été peinte par un génie, un homme célébré comme l’une des lumières de son siècle : Léonard de Vinci.
Comment cet artiste total, à la sensibilité esthétique parfaite, a-t-il pu accoucher d’une œuvre aussi torturée ? Et quel sombre secret François 1er veut-il éviter de voir répandu sur la place publique pour ainsi cacher la dernière toile de cet homme qu’il admirait par dessus tout ? Peut-être faut-il pour le savoir remonter quelques années en arrière, en 1494, à Milan, à l’époque où démarra une étonnante série de meurtres impossibles, commis par un insaisissable tueur, le "voleur de visages". Artiste délicat et cultivé, au faîte de sa gloire, Léonard n’avait théoriquement aucune raison de s’intéresser à cette étrange affaire. Pourtant, au plus profond de la nuit, on le surprend dans d’étranges agissements ...
Brièvement associés dans le premier tome du Triangle Secret, les deux auteurs de cette nouvelle série ont donné leurs lettres de noblesse au récit historique et ésotérique. C’est donc avec bonheur et un peu d’anxiété qu’on ouvre cet album, car on a tellement raconté de légendes, et de demi-vérités sur ce génie qu’on encense depuis cinq siècles, pour des qualités aussi diverses que les époques traversées.
Didier Convard installe résolument son récit dans le thème du mystère, en présentant un long flash-back débutant avec une série de meurtres étranges et se terminant par ce tableau ignoble, peint par Léonard. La renommée internationale qu’il a acquise dans le thème ésotérique ne doit pas faire oublier les mécanismes du polar qu’il chérit, et c’est bien dans ce thème que s’inscrit ce premier tome de Vinci.
Fidèle à son talent, Gilles Chaillet s’emploie à restituer avec beaucoup d’exactitude le milieu milanais de la fin du XVème siècle. L’auteur de la Rome des Césars nous livre de superbes plans de ville et des perspectives du Dôme à couper le souffle. Si sa mise en page paraît toujours un peu figée par rapport aux jeunes auteurs (un héritage martinien), on en fait rapidement abstraction tant on est porté par ses cadrages audacieux et le foisonnement de détails. Chaillet fait d’ailleurs preuve d’innovation en présentant trois doubles pages (voir ci-dessus et ci-dessous) se lisant sur l’ensemble de leur longueur et présentant un cadrage cher au papa de Vasco. Il est malheureusement fort dommageable que Glénat ait cassé cette mise en page en la présentant en alternance dans leur preview informatique.
Fort de ses 52 pages, de ses atouts graphiques et scénaristiques, Vinci est d’emblée une excellente série à conseiller aux férus d’Histoire, même s’ils ne retrouveront pas le Léonard qu’ils connaissent. Mais n’est-ce là que réside l’intérêt du récit ?
(par Charles-Louis Detournay)
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Les illustrations sont © Chaillet/Convard/Glénat.
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