Même Philippe Val ne l’avait pas vu passer. C’est dire sa motivation à lire la rubrique de Siné, « Siné sème sa zone » où l’éditorialiste graphique égrenait depuis quelques années ses colères un peu anarchisantes, parfois même limite réactionnaires. Elle faisait partie des meubles et ses positions, loin d’être partagées par tous les membres de la rédaction, étaient tolérées par souci de voir s’exprimer côte à côte toutes les formes d’humour et par fidélité à celui qui fut une des grandes figures graphiques de la gauche de 1968.
Mais il y avait une limite à ne pas dépasser. Dans sa chronique (2 juillet 2008), Siné ironisait sur une prétendue conversion du fils du président de la république, Jean Sarkozy, avant son mariage avec « une fiancée juive, et héritière », la fille du fondateur des magasins Darty. Une saillie qui provoqua émotion et indignation.
Philippe Val, directeur de la publication et à ce titre pénalement responsable de son contenu, alerté par ces propos pouvant constituer une atteinte à la vie privée et susceptibles d’être interprétés « comme faisant le lien entre la conversion au judaïsme et la réussite sociale » considère dans Charlie Hebdo cette semaine qu’ils étaient « ni acceptable[s], ni défendable[s] devant un tribunal. ». Il demanda par conséquent à Siné de « dissiper clairement cette ambiguïté, ou de ne plus écrire dans « Charlie ». Siné s’y refusa. En conséquence de quoi, Bernard Maris, directeur-adjoint de la rédaction, Gérard Biard, le rédacteur en chef et Charb, rédacteur en chef adjoint entérinèrent le départ de Siné dont ils regrettent la décision de quitter le journal.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Siné par D. Pasamonik (L’Agence BD)
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