June travaille dans un centre vétérinaire. Elle aime la nature et les animaux. Elle vit avec Brad dans un grand appartement d’une mégalopole nord-américaine. Mais quand ce dernier reçoit une belle opportunité professionnelle, ils déménagent dans une vaste maison avec jardin dans une banlieue pavillonnaire.
Pris par son travail, Brad est de plus en plus absent. June s’occupe entre les promenades et l’entretien de son potager. June est une femme des temps modernes, affirmée, avec ses failles et ses angoisses. Elle cherche son bonheur mais n’osera jamais contraindre celui de son mari.
Un jour, elle recueille une créature mal en point sous un pont, un corps amphibie qui ne ressemble à rien de connu, un être informe, entre le crapaud et le poulpe. June le nomme Lenny et retrouve, grâce à cet animal, réconfort et joie de vivre.
Dans ce scénario, entre absurde et fantastique, semblable aux films de Quentin Dupieux, l’idylle tourne vite en une relation toxique et destructrice pour June. Lenny la ronge de l’intérieur comme pourrait le faire une forte dépression dûe à son mal-être, tant dans son cadre de vie que dans son couple.
La relation ambigüe et malsaine que June entretien avec Lenny se traduit à merveille dans le beau dessin et la mise en scène émouvante d’Aurélien Maury. Enfermée dans la relation à son mari au début de l’album, June l’est aussi dans des cases très resserrées. Un gaufrier qui s’aère progressivement lorsque June rencontre Lenny.
Avec son dessin caractéristique, Aurélien Maury opte pour une ligne claire quelquefois figée et une colorisation aux aplats de couleurs numériques et des contre-choix graphiques qui déstabilisent la lecture et placent notre esprit dans un malaise semblable aux maîtres du genre comme Daniel Clowes ou Charles Burns. L’usage déjà vu des relations sexuelles avec des tentacules très présentes dans l’iconographie pornographique japonaise renforce ce sentiment.
Oh, Lenny est un roman graphique comparable à la créature envahissante à laquelle il donne vie : un album de plus de 300 pages à la réalisation soignée, comme souvent chez l’éditeur alternatif Tanibis. Un ouvrage peu commun qui se lit d’un traite tant il perturbe et questionne.
(par Kelian NGUYEN)
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Oh, Lenny - Par Aurélien Maury - Ed. Tanibis
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