Cette fois, Al Jaffee n’est pas mort de rire

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Il vient de décéder à l’âge de 102 ans, il était le cartoonist américain le plus âgé, grande figure de Mad Magazine, resté pétillant et frondeur jusqu’au dernier moment. Il a posé son crayon terrestre le 10 avril 2023. C’était un ami intime des fondateurs de Mad Magazine, Bill Elder en tête, vous savez, le mensuel satirique de EC Comics, le fameux « le gang des crétins », pour lequel il travailla 62 ans durant, inscrit dans le Guiness Book des records comme le dessinateur de BD ayant eu la plus longue carrière dans le métier. « Tous les mecs plus sérieux de moi sont morts » avait-il commenté quand il passait le cap de son centenaire. Comme disait Alphonse Allais : « Partir c'est mourir un peu... mais mourir, c'est partir beaucoup…»

Nous avions raconté sa carrière dans ActuaBD à l’occasion de son centenaire : naissance le 13 mars 1921 à Savannah en Géorgie aux USA d’une famille de juifs émigrés de Lituanie. Au lycée, Abraham Jaffee rencontre un camarade au visage émacié et aux oreilles décollées du nom de Wolf William Eisenberg alias Will Elder. Ils vont faire leurs études d’art ensemble à la High School of Music & Art de New York.


Jaffee et Wolf Eisenberg (Will Elder), dans le réfectoire de la High School of Music & Art in New York vers 1936.: © Archives Al Jaffee. Columbia University.

Ses premiers dessins publiés, en 1942, attirent l’œil de Will Eisner avec qui il collabore tout en contribuant pour Atlas Comics -la future Marvel- avec un certain… Stan Lee, pour lequel il crée la BD animalière Ziggy Pig & Silly Seal. Il entame aussi une production de dessinateur d’humour au New York Herald Tribune.

Mais le grand moment de sa carrière, ce sont ses retrouvailles avec Will Elder, mais aussi sa rencontre avec Harvey Kurtzman, John Severin et Al Feldstein dans MAD Magazine (créé en 1952) dont il deviendra un des piliers à partir de 1955, à la fois comme chroniqueur et comme dessinateur.

: © Marvel Comics

On lui doit principalement une multitude de BD, d’illustrations et de couvertures, les fameux dépliants des (MAD Fold-ins), parodies des posters centraux de Playboy, qu’il réalisa quasiment sans discontinuer entre 1964 et 2020. Ses positions contre la Guerre du Vietnam et en faveur du combat pour les Droits civiques, contribuèrent à faire de lui un auteur-culte.