Afin de gagner un peu d’argent, Aldo Rémy, jeune d’un quartier défavorisé, décide de devenir un « homme à louer » : qu’importe le travail, tant que cela reste dans les limites de la légalité, et que ça lui permette de manger à sa faim. Après quelques petits boulots peu lucratifs et qui se soldèrent par un développement tragique, l’homme à louer s’est remis au coin de la rue en attente d’un nouvel employeur. Un client manifestement plein aux as vient aussitôt lui proposer une étrange mission : le débarrasser du monstre qui fait peser sur son existence une véritable chape de terreur... Pas de dragon, il ne s’agit que de son beau-fils qu’il faut convoyer pour ses vacances. Un boulot en or pour le docteur ès psychologie qu’est Aldo, mais les choses se compliquent quand, au détour d’une route, il plonge dans le précipice dans des circonstances pour le moins douteuses. Échappant de peu à la mort, le choc l’a rendu amnésique, mais pourtant sa convalescence ne risque pas d’être de tout repos, car le voilà logé, sans qu’il s’en doute, chez l’homme qui veut sa perte !
Au départ, cette série débute telle une gageure : 76 ans passés, et Tibet lancerait un nouvel héros, assurant le scénario et les personnages, tout en continuant Ric Hochet et Chick Bill ! La surprise passée, on découvre un monde contemporain qui emprunte beaucoup à celui du célèbre détective. Portrait du héros : un physique de costaud, une personnalité bien trempée, une âme d’aventurier, bref un débrouillard, mais ne supportant pas l’injustice autour de lui !
Même si le thème de l’amnésique qui mène son enquête n’est pas vraiment original, les différents protagonistes s’ébattent passionnément dans ce vaudeville tragi-comique. Légèrement stéréotypées, les situations ne manquent pourtant pas de charme, surtout quand le drame subvient à nouveau dans les dernières pages. Telle une catastrophe annoncée dont on aurait juré qu’elle aurait pu être évitée, ce dénouement funeste rajoute une part d’authenticité à un récit plutôt bien mené.
Armé de son trait semi-réaliste, Tibet nous propose des aventures à mi-chemin entre l’humour (le franc-parler d’Aldo Rémy produit des répliques savoureuses) et la tragédie de faits divers. Oscillant entre ces deux genres, on suit avec joie et étonnement les développements de ce héros attachant, tout en se demandant souvent où l’auteur veut nous mener. En réalité, Tibet se fait tout simplement plaisir en se lançant dans ses aventures de jeunes, où le parler de la rue flirte avec des milieux plus rupins. Le choc des contrastes fait une nouvelle fois ses preuves, et quand l’auteur s’amuse, le lecteur en profite.
(par Charles-Louis Detournay)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Commander le premier tome sur Internet
Commander le second tome sur Internet
Les illustrations sont © Tibet/Glénat