Laisser une trace, non pas dans la liste des primés d’Angoulême, mais dans l’époque, telle est aujourd’hui son ambition. Il y a chez Midam un appétit de réussite teinté, par pragmatisme, d’humilité. Il sait ce qu’est la bande dessinée, un art bâtard qui est loin d’avoir acquis sa légitimité. Il a beau avoir vendu des tombereaux d’albums (dix millions, dit-on), avoir vu son personnage décliné en une spin-off, Game Over, et en 104 épisodes de dessins animés diffusés dans plus d’une vingtaine de pays dont découlent des dizaines de produits dérivés dans les domaines du textile, de la bagagerie, de la papeterie, des jeux… Il sera toujours un auteur populaire mais pas pour autant un artiste reconnu comme tel. Il pense, il a raison, avoir atteint son objectif : faire de sa bande dessinée une icône populaire qui marque l’époque et qui se transmet de génération en génération.
Créé le 11 août 1993 dans le N°2887 du magazine Spirou pour les besoins d’une rubrique de Jeux vidéo écrite par Patrick Pinchart [1], par ailleurs rédacteur en chef du journal, Kid Paddle s’est très vite détaché de la contrainte illustrative pour vivre ses propres aventures et pas seulement vidéoludiques. Nous sommes dans la tradition du Journal de Spirou, de ces gags d’orfèvres réalisés par les Franquin, Roba, Cauvin ou Tome & Janry, pour un public populaire. Midam, qui a regardé de près les Peanuts et Calvin & Hobbes, vient y apporter une touche un peu plus moderne, plus pop, pressentant la place qu’allait prendre le jeu vidéo auprès des jeunes lecteurs. C’était il y a 28 ans.
Mais il faut passer les générations et, en pragmatique encore, Midam qui a fait le tour de l’exercice, gère désormais l’affaire en businessman, s’entourant d’assistants, notamment sur les deux derniers albums, qu’il contrôle bien évidemment, mais dont la réalisation est désormais assurée par le Calvadosien Ian Dairin. Son créateur ne revendique que 30% de ces planches, se félicitant de se décharger sur son assistant pour explorer le monde de l’art, réaliser des aquarelles, des toiles de grand format, des sculptures… Une activité qu’il trouve salutaire, lui qui a consacré presque trente ans à rester vissé sur sa chaise à dessiner et ne sortir de chez lui que pour aller en festival et boire des coups avec les copains, ce qui, à la longue, n’est pas une activité pas très saine…
Un changement de vie qui s’accompagne par un tassement des ventes sur son cœur de cible, conscient qu’il est que ses jeunes lecteurs sont de plus en plus accrocs aux mangas. Mais en revenant au bercail de Dupuis, après une escapade dans l’autoédition puis chez Glénat, il compte sur un sursaut des ventes en s’appuyant sur un groupe qui a les moyens de déployer son icône pop sur tous les supports consommés par la jeunesse. Midam spécule peu : il a appris de ses erreurs, et découvre avec joie et curiosité à la Galerie Huberty-Breyne un public nouveau d’amateurs d’art, qu’il tente, en pragmatique, à son tour de séduire.
Voir en ligne : Midam chez Huberty-Breyne Matignon Paris
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Kid Paddle N°17 : Tattoo compris – Par Midam – Ed. Dupuis
Exposition : Midam, un parcours d’artiste
5 novembre > 4 décembre 2021
Galerie Huberty-Breyne Matignon Paris
36 avenue Matignon
75008 Paris
+33 (0)1 40 28 04 71
contact@hubertybreyne.com
Lundi > Samedi 11h-19h
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[1] Le fondateur d’ActuaBD.com.
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