C’est un destin particulier que celui de ce dessinateur iranien qui a dû fuir le régime des mollahs pour pouvoir exercer librement son art. Voici comment Frédéric Hojlo en parlait dans nos pages à l’occasion de la parution de son dernier album : « [Mana Neyestani] est né et a vécu à Téhéran, en Iran. Mais cela fait de nombreuses années qu’il n’a pu y retourner. Illustrateur pour diverses publications, il a d’abord dû se cantonner à des publications jeunesse, ses dessins frôlant trop souvent les limites de l’acceptable pour le pouvoir des mollahs. Puis, à la suite d’un dessin mal compris et instrumentalisé par certains, il s’est retrouvé en accusation. Sous la pression des interrogatoires et de la prison, il décide de fuir l’Iran avec son épouse. Un exil qui, après bien des péripéties, l’a conduit en France. »
De son enfance en Iran à son arrivée en France en passant par ses premiers pas en tant que dessinateur professionnel, Neyestani livre ici un témoignage important sur la liberté d’expression et le sens de l’engagement. Il raconte comment la bande dessinée est aujourd’hui perçue en Iran.
Il réalise la chance d’avoir accès aux réseaux sociaux, ce que n’ont pas connu ses prédécesseurs réduits à la solitude en plus de l’exil, car ils permettent de rester en contact avec la communauté iranienne et son pays qu’il aime. En 2016, Frédéric Hojlo concluait ainsi sa chronique : « Comme Mana Neyestani, les héros sont rares et les exilés jamais volontaires. Au départ contraint, répond une arrivée hasardeuse. Chaque réfugié porte en lui une histoire et des espoirs, et son voyage n’a pas pour but de nuire à son prochain, fût-il étranger : avec vigueur mais sans emphase, c’est ce que Mana Neyestani nous rappelle, ce qui n’est pas un mal par les temps qui courent… ». Un constat qui, cinq après, reste d’actualité.
(par François RISSEL)
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
(par Cédric Munsch)
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