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« La Mort de Superman » paraît en intégrale en France

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 4 octobre 2008                      Lien  
L’évènement avait été exploité en boucle par la presse mondiale en 1992 : « Superman est mort » ! Coup de pub pour relancer le personnage ? Certes. Mais aussi un moyen de rendre plus cohérent l’univers de la BD avec ceux développés pour le cinéma et la télévision.
« La Mort de Superman » paraît en intégrale en France
Le mythique #75 de Superman annonçant sa mort
(c) DC Comics

Nous sommes en 1992, les ventes de Superman se traînent en kiosque. Les commerciaux ne savent plus quoi faire pour le sortir de cette situation préoccupante. D’ordinaire, quand un titre ne marche plus, on l’arrête et le héros-titre s’en va rejoindre le cimetière des super-héros dont tout le monde a oublié le nom. Au mieux, ce super-héros devient un personnage secondaire d’une série à succès qui lui sert de purgatoire en attendant qu’un scénariste inspiré ait une idée qui permette de le relancer. Chez DC Comics, on a même créé en 1985 une série d’épisodes, Crisis of Infinite Earth, où des centaines de personnages secondaires restèrent sur le carreau. Un génocide de super-héros, en quelque sorte.

Mais pour un personnage comme Superman à qui DC Comics doit sa fortune, la chose est inenvisageable, d’autant que l’on vient de re-signer avec Hollywood pour de nouveaux films et pour de nouvelles séries télé. Que faire ? Déjà, en 1985, Superman avait fait partie du plan Crisis. L’idée était de reconquérir le public féminin en romançant la relation entre l’Homme d’acier et sa couverture Clark Kent et la pulpeuse Loïs Lane, l’affaire se terminant par un mariage aux effets les plus médiatiques. Les producteurs de la série télé « Loïs & Clark » ayant une idée similaire, se rapprochèrent des scénaristes de la BD pour accorder les sanglots longs de leurs violons. Mais après le départ de John Byrne, le dessinateur responsable de cette renaissance dans le monde de la BD, le soufflé retomba d’autant plus vite que la série télé venait à sa fin. « Plus dure sera la chute ?… »

Superman meurt dans les bras de Loïs Lane
(C) DC Comics

L’état-major de DC Comics ne pouvait s’accommoder d’un déclin aussi voyant ; il fallait une idée forte pour relancer Superman. Au cours des débats, devant le flux de suggestions plus attendues les unes que les autres, Jerry Ordway lança, sur le ton de la plaisanterie, « Ben, il ne nous reste plus qu’à le tuer, maintenant ». Ne plaisantez jamais devant un financier, il se met aussitôt à calculer les probabilités de succès et les risques d’échec de votre idée. Plaisantez d’autant moins que cette réunion de crise était télévisée et que cette suggestion fut médiatisée au journal de 20 heures. L’éditeur Mike Carlin poussa jusqu’au bout la logique de la mort du super-héros et se demanda ce que deviendrait Métropolis sans lui. Il s’aperçut qu’il tenait là l’idée que tout le monde attendait, d’autant que sa collègue Louise Simonson surenchérit en disant « Mais ouais, et il faut mettre le paquet !  ».

Reste à organiser la mise à mort. Ce sera le 18 novembre 1992, Pour cela, un robot fera l’affaire, car rien de tel qu’une machine pour annihiler le dernier des Kryptoniens. La machine aura une telle puissance de destruction qu’elle sera surnommée Doomsday (« apocalypse » en anglais) et Superman prend la mesure de sa puissance quand elle bat en un tour de main la Justice League of America. Le combat de titans se termine par la mort des deux protagonistes.

L’enterrement de Superman. Même Bill Clinton est présent.
(C) DC Comics

Superman se sacrifiant –vraiment- pour l’humanité, comme un simple flic en service commandé, il peut être célébré comme un héros. Son enterrement est un événement international. On lui construit un mausolée. Même Bill & Hillary Clinton sont présents aux obsèques. Leur discours est de circonstance : «  La leçon à en tirer, c’est que le plus grand des pouvoirs est notre faculté de nous aider les uns les autres  ».

L’affaire ne pouvait évidemment pas s’arrêter là. Comme dans la meilleure tradition christique, le corps du défunt disparaît, ce qui ouvre la voie à quelques faux messies, tandis que le vrai Superman finit par revenir, évidemment.

Tout ce récit qui s’étend sur quelque 800 pages vient d’être intégralement traduit et édité par Panini Comics. Signé Dan Jurgens, Karl Kesel, Jerry Ordway, Louise Simonson, Roger Stern et Gerard Jones au scénario, il est dessiné par Jon Bogdanove, Tom Grummett, Jackson Guice et Dan Jurgens, encré par Brett Breeding, Rick Burchett, Doug Hazlewood, Dennis Janke, Denis Rodier et Romeo Tanghall. Il s’agit là d’un des comic books incontournables des années 1990.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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8 Messages :
  • Il s’agit en effet d’un moment mémorable de l’histoire du comics. Il était anormal qu’il ne soit pas accessible aux lecteurs français. Plutôt que de ses concentrer sur la traduction des comics récents, panini devrait se consacrer un peu plus à la mise en valeur en France du patrimoine DC, où il reste de nombreuses histoires inédites passionnantes à découvrir (pour ceux qui ne lisent pas les comics en VO, bien sûr !).

    Je suggère un autre moment fort à découvrir : la saga Knightfall où Batman affronte le puissant Bane qui lui casse la colonne vertébrale. Bruce Wayne se retrouvera de longs mois en chaise roulante pendant qu’un nouveau venu, Azrael, enfilera la cape du Batman. Le problème, c’est que ce nouveau Batman est radical et violent, il est à la limite de la psychopathie et semble prendre modèle sur l’Inspecteur Harry. Là encore, un grand moment de comics.

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    • Répondu par Murno le 6 octobre 2008 à  23:21 :

      "Le problème, c’est que ce nouveau Batman est radical et violent, il est à la limite de la psychopathie"...
      Il me semble que Bruce Wayne est déjà radical, violent, et psychopate. Tout est une question de degré mais le personnage de Batman est loin de l’image que l’on peut se faire d’un enfant de choeur !! Et c’est pour ça qu’il est l’un des personnages de bd des plus intéressants (tout comme "Dirty Harry" : la justice oui, mais à quel prix ?)

      Voir en ligne : Batman est-il vraiment sain ??

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      • Répondu par Michel Dartay le 7 octobre 2008 à  13:55 :

        et les vilains costumés à Arkham Asylum (d’où ils s’echappent trois mois plus tard).

        Azrael est bien plus radical. Quand il attrapper le Joker, celui-ci le nargue : "bravo, tu vas me ramener à Arkham comme d’habitude". Azrael lui répond : "Non les regles ont changé" ; il lui casse un membre, un autre et le Joker ne doit son salut qu’à l’arrivée du Commissaire Gordon.

        Le vrai Batman n’est pas celui de Dark Knight, il effraie mais ne tue pas (et torture encore moins).

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        • Répondu par murno le 8 octobre 2008 à  10:17 :

          c’est juste. Je parlais de radicalité au sens où la soif de justice (et de veangeance, n’oublions le traumatisme de la mort de ses parents) fait de bruce wayne un justicier qui part combattre le crime.
          Mais je concois que le vrai batman n’est pas le DK de frank miller, récit bien trop adulte !

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  • Cette saga n’a d’incontournable que le statut "culte" qu’on s’acharne à lui donner. C’est de la mauvaise bd, scénario comme graphisme, et lui attacher une couverture médiatique c’est faire le jeu des publicitaires qui se sont imaginés qu’un concept suffisait à faire une histoire.
    Je suis assez peiné de voir qu’un site comme actuabd consacre un article plutôt laudatif sur une oeuvre médiocre qui n’aura pas vraiment de problème de lisibilité en librairie (même si cela reste du comics, donc un marché de niche en France, la couverture et le titre sont assez racoleurs comme ça).

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  • Hé n’exagérons rien,c’est un coup ultraclassique pour ne pas dire une mode de faire pèrir le héros pour le ressuciter quelques albums plus tard.
    Ceux qui lisent les X Men avec la fameuse Jean Gray alias phénix en savent quelque chose.
    Du reste, dans les années soixantes/septantes Superman se faisait tuer presque aussi souvent que Kenny de South Park mais on trouvait toujours quelqu’un qui s’était fait tuer à sa place, généralement un robot ou un double diabolique.

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  • Je me souviens à l’époque la vente de l’épisode sous plastique noir pour cacher la fumisterie du contenu. La prouesse d’avoir réussi à caviarder par la suite plusieurs centaines de pages est en effet un élément remarquable.

    Mais avec de la merde, on ne peut faire que de la merde.

    Enfin, les accros sont passés et passeront au tiroir caisse, le reste pour les, heu, créatifs de DC n’est qu’histoire.

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    • Répondu par Michel Dartay le 6 octobre 2008 à  19:57 :

      Je cite texto une réaction de Fred Boot pour donner mon point de vue.

      Superman est le premier super-héros en age, il est l’un des personnages les plus connus au monde. Si bien évidemment des équipes plus ou moins talentueuses se sont succédés pour narrer ses aventures, cette Mort de Superman reste quand même un des grands moments du personnage. Je me souviens l’avoir lu avec intèret à l’époque, alors que je ne suis pas vraiment amateur du personnage. Le lecteur assiste à l’apparition d’un nouvel adversaire très puissant, c’est une machine à détruire Superman (et les autres super-héros de l’univers DC par la même occasion) ; à l’issue du dernier combat, le dernier défenseur de notre planète reste gisant.

      Tout cela reste bien sûr du comics mainstream, vendu aux alentours d’un dollar l’unité. De la BD populaire et sans prétention, et qui aura bénéficié d’une forte couverture médiatique aux Etats-Unis. Un divertissement agréable comme pas mal de bonnes séries télé. Personnellement je préfère la magnifique histoire d’Alan Moore sur le même thème, pleine de subtilité et d’émotion, mais cette mort de Superman mérite bien à mon avis une version intégrale en français, elle intéressera au moins ceux qui ne lisent pas les comics en anglais. Si vous l’avez déjà lu en VO, je comprends que cet album n’ait guère d’intèret à vos yeux.

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