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Chaland honoré à Bruxelles

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 18 septembre 2008                      Lien  
On sait quel rôle la capitale belge a joué dans l’œuvre d’Yves Chaland. Une exposition autour de l’album de « Spirou : Cœurs d’acier » a lieu à la librairie Brüsel (jusqu’au 30 octobre 2008), en présence de quelques représentants marquants du Style atome et de la Ligne claire.
Chaland honoré à Bruxelles
Chaland - Portrait de l’artiste. Un émouvant recueil de témoignages
Ed. Champaka

En prélude aux Rencontres de Nérac qui auront lieu à la fin du mois, la très active Isabelle Beaumenay-Joannet, épouse d’Yves Chaland, organisait à la librairie Brüsel une exposition autour de deux ouvrages qui viennent de paraître aux éditions Champaka : Cœurs d’acier, une aventure de Spirou dessinée par Chaland en 1982 et rééditée complètement en couleurs à un prix « grand public ». Rappelons que la première édition était publiée en bichromie à tirage limité et que les éditions Dupuis en avaient interdit la mention de Spirou & Fantasio. Le climat ayant changé, cette autorisation a été donnée cette fois. On y retrouvera la patte d’un Chaland qui avait su donner à Spirou la touche nostalgique si profitable depuis que Émile Bravo en a repris l’usage dans son album Le journal d’un ingénu. Un travail éditorial remarquable qui ne doit manquer à aucun amateur du groom de l’Hôtel Moustic.

Yann, Isabelle Beaumenay-Joannet et Alain De Kuyssche qui publia le Spirou de Chaland dans l’hebdomadaire de Marcinelle
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

L’autre événement du jour est cet émouvant Portrait de l’artiste concocté par Isabelle Beaumenay-Joannet et Éric Verhoest. Il s’agit d’une compilation de documents et de souvenirs de contemporains de l’artiste : amis d’enfance, camarades de classe, compagnons de route artistique, éditeurs, voire même admirateurs célèbres comme Lorenzo Mattoti, François Schuiten, Jacques Ferrandez, Jean-Christophe Menu, Philippe Wurm, Bernard Yslaire ou Zep ! Un panel qui donne la mesure de l’impact d’un artiste sur sa génération qui était, si l’on en croit Jean-Pierre Dionnet, « la vraie Rock Star » de Métal Hurlant. Mais il ajoute : « Yves reste une énigme pour moi ». Le côté fascinant de ce projet éditorial, c’est qu’il ajoute un grand nombre d’indices qui nous aident à approcher cette « énigme » pour mieux la cerner, sans jamais la résoudre.

Spirou & Fantasio : Coeurs d’acier. L’édition définitive.
Ed. Champaka

Hier soir, autour d’ Isabelle Beaumenay-Joannet et d’Éric Verhoest, « missionnaire de la Nouvelle Ligne Claire », les connaisseurs pouvaient distinguer Ted Benoit, Ever Meulen, Yann, Alain De Kuyssche, Bernar Yslaire, Xavier Löwenthal, Thierry Van Hasselt, Dominique Goblet, Philippe Wurm, Bruno Marchand, André Moons, l’éditeur José-Louis Bocquet, l’écrivain Daniel Fano, Pierre Pourbaix, le spécialiste du cinéma d’animation Philippe Capart, le célèbre coloriste et dessinateur de Marcinelle Vittorio Leonardo, etc. Preuve encore s’il en est de l’effet rassembleur d’une œuvre d’exception.

Sur les cimaises de la Librairie-Galerie Brüsel, les originaux de Spirou par Chaland
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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23 Messages :
  • Chaland honoré à Bruxelles
    18 septembre 2008 13:01

    Les années 80 sont de retour. Dans la mode, le graphisme publicitaire, la musique (Post New Wave : Metronomy, Poni Hoax...). Dans la BD, après la Nouvelle BD et ses dessinateurs manchots, une vague de Post Ligne Claire inspirée par Chaland ou Clerc, ça ferait drôlement du bien !

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 18 septembre 2008 à  21:48 :

      Dans la BD, après la Nouvelle BD et ses dessinateurs manchots, une vague de Post Ligne Claire inspirée par Chaland ou Clerc, ça ferait drôlement du bien !

      Opposer la Ligne Claire à la "Nouvelle BD" est la preuve d’une inculture crasse.

      D’abord parce que JC Menu est un admirateur de Chaland de la première heure, qu’un auteur de Ligne Claire comme Stanislas, est un des fondateurs de L’Association, une maison dont on ne peut nier l’apport fondamental à la bande dessinée contemporaine. Ensuite parce qu’un bon nombre de rénovateurs de la bande dessinée actuelle (je pense à Dupuy & Berberian ou à Émile Bravo) se réclament à juste titre du travail de l’auteur du Jeune Albert.

      Il n’y a donc pas de "retour", juste des évolutions. Personnellement, je trouve la période actuelle bien plus passionnante et créative que celle des années 70-80.

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      • Répondu par Rosse le 19 septembre 2008 à  01:25 :

        J’espère que mon post ne sera pas censuré... pour cause de lêche-c... Mr Pasamonik a tout a fait raison, et je suis ravi de voir que décidemment il connait l’histoire de la bd sur le bout des doigts.

        Connaissant les membres de l’Assos. avant l’Assos. je peux confirmer que Chaland était une référence... pour tout le monde. J’ai personnellement rencontré Chaland. Nous partagions le même compartiment de train, de retour d"Angoulême. Il me décrivait avec passion comment il allait s’atteler à une suite de peintures sur la vie de De Gaulle (?!!!)

        Quand aux années 70-80 et la période créative actuelle, Mr Pasamonik. Vous allez vite en besogne, donc j’essaierais de faire court aussi, disons que 80 fut l’émergence de l’alternatif espagnol et italien, qu’en reste-t-il... pas grand chose et c’est bien dommage -car il y avait au moins 5 "Mattoti" et 5 "Marti" (puis-je rappeler à l’occasion que le "Itchy & Scratchy Show" dans les "Simpsons" est un emprunt généreux des bd de Mattioli)

        Vous n’avez certainement pas tort Mr Pasamonik., mais n’oublions pas que ces périodes turbulentes laissèrent un bon nombre d’éditeurs et de dessinateurs sur le carreau. Le mêtier fut redéfinit dans les années 80, la créativité en fut-elle encouragée ?J’y vois plus des facteurs économiques. C’est une part essentielle du mêtier... mais cela a-t-il qq chose à voir avec la qualité de la création ?

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        • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 19 septembre 2008 à  09:35 :

          Il me décrivait avec passion comment il allait s’atteler à une suite de peintures sur la vie de De Gaulle ( ?!!!)

          La passion était le principal talent d’Yves. Il a d’ailleurs dessiné une "Passion" de Jijé très convaincante.

          Quand aux années 70-80 et la période créative actuelle, Mr Pasamonik. Vous allez vite en besogne, donc j’essaierais de faire court aussi, disons que 80 fut l’émergence de l’alternatif espagnol et italien, qu’en reste-t-il... pas grand chose et c’est bien dommage -car il y avait au moins 5 "Mattoti" et 5 "Marti" (puis-je rappeler à l’occasion que le "Itchy & Scratchy Show" dans les "Simpsons" est un emprunt généreux des bd de Mattioli)

          Vous avez raison de souligner l’importance des alternatifs espagnols (El Vibora, quel grand moment, avec des "excès" inoubliables, je pense à Nazario, un style et un thème qu’on n’imagine pas publiés aujourd’hui dans l’avant-garde franchement petite bourgeoise d’aujourd’hui), italiens (Frigidaire) et n’oubliez pas la hollandaise (Tante Leny Presenteert), ni l’avant-garde française : Charlie Mensuel (Munoz,Barbier !), Métal Hurlant, Fluide Glacial (Goossens !), A Suivre, ce n’était pas rien. Un Francis Masse est sorti de là, ne l’oublions pas. Quand Goimard écrit : "Major Fatal est un poème", il précède le brillant "Manifeste pour une bande dessinée de poésie" d’Olivier Deprez de vingt ans.

          Vous n’avez certainement pas tort Mr Pasamonik., mais n’oublions pas que ces périodes turbulentes laissèrent un bon nombre d’éditeurs et de dessinateurs sur le carreau. Le mêtier fut redéfinit dans les années 80, la créativité en fut-elle encouragée ?J’y vois plus des facteurs économiques. C’est une part essentielle du mêtier... mais cela a-t-il qq chose à voir avec la qualité de la création ?

          Bien sûr. Même si les causes de la déconfiture de la BD des années 80 sont autant exogènes (disparition d’éditeurs comme Artefact, Futuropolis old style, faillite de Bédiffusion, etc ) qu’endogènes (incapacités manageuriales, disons que je parle pour moi...) , les auteurs n’ont pas disparu. Les Pratt, Munoz, Breccia, Mattotti ou encore Igort de Frigidaire (l’inventeur du passionnant concept d’ "avant garde soft" un peu trop vite balayée par Menu), Swarte, etc. ont simplement continué autrement. Dans Raw aux États-Unis par exemple. Dans Black, dans L’Eprouvette... Comme vous en Suède, M. Rosse !

          Franchement, l’édition alternative n’a jamais autant publié de choses passionnantes qu’aujourd’hui (et autant publié, tout court, avec un public d’acheteurs fidèles en face), et dans le monde entier : États-Unis, Japon, Italie, Norvège, Russie, Turquie... Le Net participe à cette révolution mondiale qui offre une vitrine à cette créativité (cf le projet L’Employé du Moi). La "surproduction" vient aussi de là.

          Vous aurez droit ces prochains jours sur ActuaBD à une interview de David Basler de Edition Moderne à Zurich (éditeur de Strapazin, une revue alternative des années 80 encore vivante, et de quelle façon !, aujourd’hui). Les deux triers de son catalogue sont le fait d’auteurs germanophones, chose impossible il y a dix ans encore.

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          • Répondu par Sergio Salma le 19 septembre 2008 à  14:08 :

            Drôles de commentaires.
            Curieux de voir ainsi une décennie réduite à un grand mouvement évident, indiscutable. Notre mémoire ultra-sélective, et elle l’est selon nos propres aspirations, nous joue bien des tours. Je pense pour ma part que tout cela est bien plus évolutif qu’envisagé dans les posts suivant l’hommage à Chaland. Il est d’ailleurs fort intéressant de voir que cet auteur suscite bien des réactions chez les amateurs puisqu’il fut réellement un point de convergences. Il digéra avec un talent formidable l’acquit d’une certaine école , fit un collage intuitif de ces auteurs historiques et grâce à l’assurance d’un trait énergique et élégant nous donna une oeuvre étrange et glacée.

            On ne peut décidément pas dire “les années 80 furent” …pourquoi ?! Tout simplement parce que relever une série d’événements et de faits qui ont eu lieu dans cette poignée d’années n’a aucune autre légitimité que temporelle. Effectivement cela s’est passé mais il faudrait alors qu’une génération soit apparue en janvier 1980 pour disparaître en décembre 1989. Ce sont les mêmes auteurs souvent qui ont traversé ces années, riches mais pas plus ni moins que ne le sont les années précédentes. Et les années suivantes .Facile et commode de réduire à une courte série de noms l’émergence de styles, d’auteurs.

            L’exemple des auteurs espagnols ou italiens est bien révélateur du raccourci qui aurait plus sa place dans un article écrit pour une revue généraliste , cela par exemple pour expliquer le succès de Satrapi au néophyte , que sur un site spécialisé en bandes dessinées.

            Un auteur comme Munoz serait un bon indicateur. Que fait-il en 1960, que se passe-t-il dans les années 70, où va-t-il dans les années 80 .
            Le domaine artistique est constitué de ponts , de liens qui s’entrecroisent . Il y a une foule d’éléments qui nourrissent (ou appauvrissent ) un art. La bande dessinée a dans ces années-là explosé au niveau de la reconnaissance médiatique mais les auteurs eux travaillaient depuis bien longtemps à cette maturation, cette évolution, ce développement.

            On caricature très souvent en ne voyant dans une époque circonscrite que certains éléments qui ont eu les faveurs médiatiques. Des revues comme (A suivre) ou ses pendants européens ont accueilli les travaux de bien des artistes métissés qui avouaient leur intérêt pour la peinture, l’illustration, le cinéma, le roman. Mais accorder ainsi une primauté à ces auteurs qui ont eu les faveurs de l’intelligentsia c’est de nouveau perpetuer un malentendu tout en acceptant obséquieusement que le plus intéressant est automatiquement le plus exposé. C’est archi-faux.
            Pratt a été publié dans Pif Gadget et dans Tintin mais n’avait suscité à ce moment-là qu’indifférence. Le projecteur était encore éteint. Question de générations ? Charlie mensuel a été le défricheur ultime à un moment où la bande dessinée était réellement dans un mouvement de contre-culture. A des milliers de kilomètres de l’acceptation actuelle. Il y a un travail à effectuer sur ces glissements.

            Je crois plus aux mouvements souterrains, aux ponts entre les écoles et aux échanges. Je vois un auteur immense comme Franquin quitter ses chemins balisés pour créer dans les pas de Crumb ou de Topor une oeuvre nouvelle. Les auteurs ne sont pas des prophètes, mais ils inspirent souvent d’autres auteurs en devenir. Un certain cinéma, une certaine culture, une certaine philosophie ont généré une multitude d’idées qui ont percolé dans l’esprit d’autres individus. Des personnalités ont émergé . Un autre bel exemple est Cosey. Dans l’espace d’un journal tous-publics il a pu introduire des éléments narratifs, inspirés d’ailleurs par son collègue Derib,qui aujourd’hui encore sont les mêmes, l’errance, l’introspection, dans ses travaux toujours surprenants et destinés aux adultes. Ces façons de conduire un récit sont partout dans les oeuvres que l’on dit “intelligentes”. Terme que je réfute violemment. Des collections sont nées pour accueillir ces auteurs , Aire libre, Long courrier et avant ça les Romans (A suivre). Sous des appellations un peu pompeuses, il faut l’avouer, on a pu cerner les personnalités nouvelles. Ce qui est alternatif est toujours très proche des nouvelles façons d’envisager la lecture. L’underground accomplit parfois un chemin très rapide et les années 80 , si on veut vraiment leur accorder une importance , n’ont été qu’un hasard de l’histoire. Une suite évidente. Des gens comme Pratt n’ont pas produit différemment parce que les années 80 étaient arrivées ; ce sont les années 80 qui ont été étonnantes parce que des auteurs comme Pratt effectuaient un parcours magnifique.

            L’idée d’une déconfiture est aussi une vue de l’esprit qu’il faut combattre. Des collections s’arrêtaient,oui mais d’autres démarraient ! Tout simplement. Avec les mêmes personnes à la barre parfois, preuve d’une excellente santé au contraire.
            Le retour des années 80, le revival, les emprunts culturels à certaines époques ont toujours existé (et ce dans tous les domaines) L’art se nourrit de tout, il est omnivore. Et quand il vient picorer dans les années précédentes ce n’est qu’UNE des options ; certains vont plonger en dénonçant un recul, un repli, une défaite. Une esthétique peut se retrouvée compilée dans une oeuvre hautement intéressante. Voyez dans le domaine musical le recyclage effectué perpétuellement ou encore le travail d’un Tarantino.

            L’homme n’étant pas amnésique, il se sert de ses émotions passées pour produire de l’esprit.

            Les différences entre les multiples écoles (j’utilise aussi un stéréotype commode, il y a autant d’écoles que d’auteurs)font naître bien des malentendus et des chapelles. Et donc des conflits . En gros on oppose une bande dessinée à une autre. Alors qu’à y regarder de plus près, aucun des mouvements ne peut se passer de l’autre ne serait-ce que pour faire naître des auteurs justement parce qu’ils sont en désaccord ! Combien d’auteurs dans les années 70 ou 80 en “lutte” contre l’hégémonie de la série, du personnage. Grâce à ce rejet, de nouvelles voies ont été tracées ; négliger cet aspect des choses est dommageable pour la compréhension .

            Sans aller jusqu’à la violence d’un Menu qui voit la récupération comme un fait déplorable, sans aller jusqu’à l’option outrancière de ceux qui considèrent que la bd de papa était castratrice ( Hergé et Tillieux, Franquin, Morris et Goscinny castrés ?), et sans verser dans cette plaie de la pensée qui a décidé que tout va à vau-l’eau, il me semble indubitable de croire plutôt à des croisements improbables.

            Les auteurs majeurs qui nous entourent aujourd’hui ne sont-ils pas encore la meilleure preuve. Zep ne vient-il pas d’un mélange culturel hétéroclyte ? Il y a chez lui du Franquin, du Crumb, du politique, de la satire , du pur comique et un blues véritable . J’utilise sciemment un terme musical pour insister sur le mélange des genres.

            Je ne suis absolument pas d’accord avec cette vision méprisante . “ les dessinateurs manchots…” C’est à peu près comme cela que les puristes considéraient les auteurs de ce genre qualifié de bâtard. Critiquer la bande dessinée par le biais graphique est une erreur ; la même erreur qui reviendrait à critiquer un chanteur parce que sa voix n’est pas exemplaire. Que deviennent Brassens et Gainsbourg dans cette configuration ?

            Les années 80 ont forcément été un carrefour. TOUTES les époques sont des époques-charnières . A tous les niveaux , on prend un plaisir innocent à empaqueter ça dans un colis clair d’où rien ne dépasse.

            Si je peux me permettre, ne sont pas d’une culture (ou d’une inculture) crasse les gens qui sont moins au fait ou qui simplement ne partagent pas les mêmes opinions. L’empilement d’informations ne produit pas forcément un jugement plus pertinent. Il n’est qu’autre. Il y a certainement un grand nombre d’inepties proférées à tort et à travers par des gens distraits mais ne faut-il pas leur accorder le bénéfice du doute ? C’est comme ça parfois que se définit la réelle richesse du savoir. On ne peut à la fois faire la fête à un médium qui puise ses racines dans la culture populaire et critiquer aussi ouvertement ceux qui le consomment et qui s’expriment maladroitement peut-être.

            L’attitude la plus dangereuse dans le domaine artistique est de baliser ce qui ne devrait jamais l’être. C’est pour ça que dans ce concert de louanges à propos de Chaland, je me permets un commentaire que d’aucuns vont taxer de blaphématoire. Chaland m’a toujours effrayé. Cette rigueur graphique m’a attiré autant que repoussé ; je la trouvais parfois artificielle, presque mécanique. La beauté d’une oeuvre ne me fait pas toujours oublier qu’elle ne touche que mon cerveau et moins mon coeur. Excusez le côté fleur-bleue ridicule mais devant le travail de Chaland j’avais un curieux sentiment ; mélange d’admiration et de rejet. Je ne pouvais pas nier la force graphique mais pour ma part je cherchais en vain l’attachement à un personnage.Il n’y avait que de la distance, de la froideur. Une distance mortelle . Les errements graphiques d’un Tillieux ( que d’incohérences et de maladresses à part les 4 ou 5 Gil Jourdan imparables ) avaient eux un immense mérite, ils étaient secondaires . Ce qui importait Tillieux c’était de faire vivre des personnages , de s’exprimer au travers d’eux. On se souvient de ses dialogues, de son humour . Idem pour Jijé qui , sous des dehors frivoles parfois, voire brouillon, n’avait qu’une ligne de conduite : mettre en scène des personnages. Chez ces deux auteurs dont Chaland s’est nourri jusqu’à un curieux mais séduisant digest, il y a une part d’humanisme(n’ayons pas peur des mots). Chez Chaland, la distance glacée d’un artiste plus pop que populaire.

            Pas étonnant qu’il aie laissé une trace aussi forte chez les amateurs et les amateurs d’images en particulier. Pour moi son oeuvre se rapproche plus de celle de Lichtenstein que de celle d’un Roba ou Goscinny ; le débat mériterait d’être approfondi. C’est peut-être pour cela aussi que cette dévotion dont il fait l’objet me met mal à l’aise. D’une part parce que tous les cultes me font peur et d’autre part parce que ça ravive mon trouble quant à la mauvaise lecture que l’on fait de la bande dessinée dès lors qu’on l’envisage sous l’angle graphique en priorité.

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            • Répondu par Rosse le 20 septembre 2008 à  01:45 :

              Si le temps me le permettait, Mr Salma, je répondrai point par point à votre intervention. J’apprécie toujours votre point de vue... mais suis entraint à vous contredire sur tout.

              Pour rester au coeur du sujet... Vos observations sur l’oeuvre de Chaland sont légitimes et je les partage... en partie. Vous faites à mon avis l’erreur typique de réduire son oeuvre à ses premiers essais parodiques et humoristiques. Je ne dis pas que vous avez entièrement tort, le côté "froid", la distenciation.

              Mais c’est oublier le Jeune Albert. Voilà un personnage qui existait ! Des collègues qui connaissait bien mieux Chaland que moi confirmaient que Chaland ETAIT bel et bien le Jeune Albert. Et il est symptomatique qu’après cette oeuvre Chaland eu l’ambition de se lancer dans un type d’oeuvre différent (cf "la Comète de Carthage") Relisez-le à nouveau et voyez comme les personnages principaux jouent "blanc". Et comme les personnages secondaires émergent de pleine force, hors de toute caricature.

              S’il y a un culte de Chaland ? Pas de ma part en tout cas. Simplement une grande frustration de voir l’oeuvre d’un artiste d’un tel talent et en pleine révolution interrompue si brutalement.

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            • Répondu par Rosse le 20 septembre 2008 à  02:16 :

              Petit à petit donc...

              On ne peut décidément pas dire “les années 80 furent”

              Vous isolez donc ainsi la bande dessinée et le processus de création des facteurs socio-économiques. La bd alternative espagnole est effectivement un très bon exemple. Inscrite dans un véritable processus social, après des décennies de dictature franquiste. Votre vision semble favoriser une lecture verticale de l’histoire. Vous ne dites rien des contraintes et des facteurs externes qui influent sur la création et réduisez la bande dessinée à un monde de vases communiquants, entre artistes, hors du temps.

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            • Répondu le 20 septembre 2008 à  09:47 :

              C’est justement le manque d’humanisme et le manque de pathos qui m’intéresse chez Chaland. Plus pop que populaire, plus proche de Lichtenstein que de Roba ou Goscinny ? Certainement. Mais ce n’est pas un jugement de valeur. Chaland place les choses d’abord au second degré. Donc, le premier degré serait derrière le masque ? Et si derrière le masque il n’y avait rien à voir ?... Voilà, Chaland peut sembler inquiétant parce qu’ il n’installe pas son lecteur dans un fauteuil confortble, il l’oblige à s’interroger. Il ne laisse pas indifférent et c’est fondamental. Avec lui, la BD n’est vraiment pas qu’une littérature de divertissement.

              Je ne juge pas un artiste sur ce que j’aurais voulu trouver dans son œuvre mais sur ce qu’il a voulu faire et s’il y est parvenu. J’ai autant de plaisir à lire un Hergé, un Goscinny, un Chaland, un Trondheim... mais je ne les lis pas de la même façon. Comme je ne lis pas de la même façon un Deleuze, un Duras, un Stevenson ou un Dumas... Certains s’adressent prioritairement à ma raison, d’autres prioritairement à mes émotions et d’autres, plus rares comme Wilde dans De Profundis, aux deux en même temps.
              Je crois que Chaland n’était pas qu’un auteur de BD, il était aussi un dandy. Le dandysme, cette forme d’expression de l’individu qui tend vers le sublime. Chez lui, l’œuvre et l’artiste forment un tout parfaitement cohérent. Le fond et la forme sont soudés. Un dandy fait de sa vie, de sa personne une œuvre. Un tel artiste est très singulier dans le monde de la BD. Je ne suis pas étonné de voir que presque 20 ans après sa mort, ce que nous a laissé Chaland puisse encore gagner en épaisseur.

              f*

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            • Répondu le 20 septembre 2008 à  20:04 :

              Ce qui est compliqué avec la bande dessinée, c’est qu’il y a une tendance à la juger soit d’abord sur l’angle graphique, soit dabord sur l’angle du récit, de l’écrit... mais comme ce n’est pas un art hybride (sinon ce ne serait pas le 9ème), il faut d’emblée l’envisager sous les deux angles. Le dessin n’est pas qu’un simple véhicule pour raconter une histoire et le récit n’est pas qu’un simple prétexte pour montrer de belles images. Eric Verhoest met le doigt sur l’essentiel lorsqu’il dit que "le trait raconte une histoire".
              Chez Chaland, justement, la symbiose opère. Le fond et la forme se fondent. On creuse, et derrière la surface des choses, il y a toute une époque et encore derrière, un auteur qui se livre... Sa ligne claire est tressée de plusieurs fils...

              f*

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              • Répondu par Rosse le 20 septembre 2008 à  22:52 :

                Tout à fait d’accord Mr F*. Mr Salma s’égare dans les grandes largeurs dans ce post. En quoi les errances et bâclages d’un Tillieux sont plus honorable que la distance froide d’un Chaland ? Il faut une bonne dose de romantisme pour soutenir ce point.

                Un autre point que je conteste vigoureusement de votre post Mr Salma : vous minimisez l’importance et l’impact du graphisme dams une bd (réf à Gainbourg). Vous croyez crédulement que la voix de Gainsbourg par exemple était "naturellle". Allons !...

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                • Répondu par Sergio Salma le 21 septembre 2008 à  02:20 :

                  Mauvais point pour moi : opposer les incomparables. D’accord, les modèles ou les inspirateurs n’ont pas à être ramenés comme exemples. Autre mauvais point : ne pas faire comprendre que Chaland était un narrateur parfait. Dernier mauvais point :ne pas indiquer que je fus un grand amateur de cet auteur.



                  Je ne veux pas entrer dans un débat contradictoire mais je soutiens que l’impulsion majeure était graphique. Comme si l’impact que la lecture avait eue sur lui décida à elle seule de son destin . On peut évidemment s’en contenter et évidemment considérer que sa façon de faire valait bien des observations et que sa force ne résidait pas seulement dans une espèce de redite ou de juxtaposition de références. La comète de Carthage m’avait époustouflé à l’époque par l’atmosphère absolument originale. Mais j’avais dans le même temps ressenti un peu le même malaise que celui que provoquait par exemple Alec Séverin. La délectation graphique était directement inspirée d’une autre époque ; ça m’était confirmé par le fait que Chaland, auteur des années 70 et 80, plaçait toujours ses personnages dans les années 40 ou 50. Les époques dont ses maîtres avaient magnifié les décors. Il redonnait à goûter ces plaisirs avec une forme parfaite et une méticulosité qui troublait tout le monde( on le croyait tous Bruxellois !). Il y avait un jeu avec l’identité, un jeu avec l’âme des personnages qui touchait des zones très sensibles. Pour moi c’est en ça qu’il était un grand auteur ; justement à cause de cette torsion.

                  Mais il me mettait mal à l’aise car je n’arrivais pas à saisir réellement ce qu’il pensait de son époque, la vraie , celle dans laquelle il respirait. Je peux bien sûr au travers de son oeuvre m’en faire une idée assez précise mais j’étais frustré, et je le serai à jamais , de ne pas avoir vu le monde de 1980 croqué, mis en scène par ses soins. 

Par le biais de ses propres idées et aussi grâce à des scénarios qui n’étaient pas les siens, il a insisté encore et encore sur la référence , parfois la révérence, l’hommage. Ses personnages étaient tout droit sortis de l’humeur d’après-guerre. Son humour, un peu flamand , un peu précieux (volontairement précieux) touchait par le rappel des grands anciens, de Vandersteen à Morris, Franquin ou Jijé. Mais aussi à tous les membres d’un genre qui créaient dans un esprit commun , une belgitude jusqu’au bout de la moindre mèche, une vision de la vie par le prisme d’une école. Un de ses personnages s’appelait Freddy Lombard, hommage appuyé, nourri d’une légère moquerie et surtout d’un hyper-connaissance du plus petit tic ,de la plus petite caractéristique, du plus infime stéréotype.
                  Il a tellement poussé loin ce travail de digestion qu’il a trouvé, inventé , presque construit un style baptisé ( je ne sais plus à quel moment de son parcours) “le style Atomium”, monsieur Pasamonik pourrait certainement m’éclairer.

                  Un style qui faisait la synthèse des 40 ou 50 années précédentes. Un style tellement précis qu’il a impressionné une génération d’auteurs qui ont pu puiser directement chez lui et comprendre sans devoir passer par les modèles. Comme si les éléments nutritifs étaient restés intacts après digestion, comme si tout cela avait été rendu plus lisible, plus clair.

                  L’hommage à cette belgitude, qui a eu son année de gloire ultime lors de l’expo universelle, Chaland l’a transmise avec amour. Et c’est cet amour que je trouvais étrange et glacé. (Bien sûr que mon déplaisir est anecdotique et dérisoire).

                  C’était le regard d’un jeune homme tourné vers ses passions enfantines ou vers des années qu’il n’avait pas vécues mais que des auteurs immenses avaient traversées et observées ; il en prit les éléments décoratifs pour retransmettre sa passion et c’est dans cette retranscription que d’autres auteurs sont venus s’abreuver. Ce trait qu’il avait trouvé , était le trait définitif. Il a poussé à l’extrême la façon de faire allant, non pas jusqu’à la caricature , mais à l’essence même. Le plein et délié que jamais Tillieux ne fit avec la même rigueur, lui , a pu lui donner une impulsion parfaitement calibrée.

                  Son style parfait, merci de noté que je n’ai pas décrit Chaland comme un simple dessinateur, résidait dans l’usage immodéré des conventions . Je ne veux pas faire autre chose qu’exprimer mon sentiment (sentiment de l’époque qui ne m’a pas complètement quitté). 
Je recherchais chez les auteurs une vision du monde qui pouvait m’éclairer. Et pas seulement en bande dessinée ; c’était ma façon d’envisager le modèle artistique. Il me fallait trouver chez eux des pistes. En découvrant des gens comme Munoz ou Pétillon, des auteurs comme Goossens, Wasterlain ou Cosey, tout à coup, le champ de la bande dessinée s’élargissait pour l’étudiant que j’étais. On pouvait enfin voir le monde de 1980 retranscrit dans des cases, des images, des histoires. Par l’absurde ou par le politique, par la dérision ou la poésie comique, ces années –là amenaient enfin ce que la littérature et le cinéma avait déjà pu imposer.

                  Chaland jouait une autre carte dans ces mêmes années ; une carte rétro qui me passionnait évidemment tellement la forme était élégante et millimétrée. Mais le fond n’arrivait pas à me faire oublier comment il ne parlait pas de son époque directement. Un lecteur n’a bien entendu pas à imposer quoi que ce soit à un auteur ; je notais ma frustration mais j’achetais ces livres, subjugué. Puis j’ai décroché car je n’adhérais plus à ce mixte ( du moins c’est le souvenir que j’en ai aujourd’hui) entre les connaissances, le savoir, l’encyclopédique retranscription d’une époque et la distance que cela amenait avec celle qui m’entourait. ça devenait savant, c’était froid, ça se détachait trop de la réalité. Un ton se dégageait de plus en plus oppressant . Et j’appliquais toujours aussi maladroitement le même commentaire que celui que j’avais pour Alec Séverin : mais pourquoi ne dessinent-t-il pas les flics d’aujourd’hui ? Les voitures d’aujourd’hui ? Avec des intrigues d’aujourd’hui. Enfin, hier.

                  Le trait peut parfois raconter une histoire . Ce serait vrai s’il n’était pas à tel point un trait empruntant à d’autres traits. A mon avis, quand il s’agit d’afficher et revendiquer une telle filiation, OK , il raconte une histoire. Mais une histoire qui n’est pas la sienne ! Le trait de Chaland raconte la passion que l’on peut avoir pour des plaisirs anciens. Des souvenirs d’émotions parfois plus puissants que les émotions elles-mêmes. Chaland a su retranscrire cette trace, ces moments. Il les a enregistré pour nous et quand on le lit, c’est vers ces souvenirs –là que notre mémoire nous porte.

                  Pour ce qui concerne la partie narration, on peut observer que ses emprunts magnifiques sont les mêmes. Ce qui arrive à tous ses personnages, faits tragiques ou faits amusants , sont des réminiscences, des hommages à d’autres faits, d’autres péripéties glanées dans l’histoire de la bande dessinée. Ici le spectre est nettement plus large. Il a joué avec les conventions en reproduisant une série de signes . C’est un hommage au genre que Chaland rendait dans la moindre de ses séquences. La bande dessinée européenne, avec ses héros hiératiques et indestructibles(Bob Fish), ses gamins truculents et les décors populaires( le jeune Albert) , le pouvoir, la sexualité, la violence (Freddy Lombard) etc…à chacun de ses albums on pouvait s’amuser à noter le clin d’oeil, l’amusement, parfois le pastiche. Mais jamais de destruction ou de satire. La satire , elle , était dirigée vers les personnages secondaires. Une acidité presque clinique.

                  Comme il “construisait” ses traits, il fabriquait ses intrigues. Ce qui était induit dans la moindre des séquences provenait d’un mélange très savamment dosé d’émotions de lecture. On pourrait en étudiant chacun de ses livres retrouver les inspirateurs. Quand il ne s’agit pas d’un auteur ( science-fiction, bande dessinée familiale…) il s’agit d’un genre tout entier qui est remixé. La tradition , la connaissance historique étaient le sujet. Page après page, on peut encore une fois prendre l’exemple des madeleines de Proust, il réinventait ces moments. Il faut noter combien cet auteur était jeune et pourtant portait en lui toute cette culture.

                  Comme ses cases isolées étaient des hommages parfois volontaires parfois involontaires, ses séquences l’étaient tout autant. Le thème même de chacun de ses albums faisait référence à d’autres oeuvres. Il n’y a jamais eu la moindre trace de plagiat tellement la transcription était originale et décalée mais en revanche, très peu souvent on trouvait une idée-force qui n’était pas née dans les pages d’un autre auteur, d’un autre esprit ou d’une école.

                  

Pardon d’avoir été maladroit puisque le commentaire est toujours dangereux. On y voit une perniciosité que l’on n’y a pas mis. Et surtout n’allez pas croire que le dessin ne m’intéresse pas dans sa nudité. Au plus haut point il me touche au contraire, croquis ou case de bande dessinée, gravure ou simple graf sur un mur. Une personnalité comme Moebius( un récent bout d’interview sur ce site fut immense et éclairant) est le meilleur exemple. Dès qu’il pose son feutre sur le papier, il raconte toute l’histoire de la bande dessinée. Il n’a pas besoin d’aligner deux cases, le trait d’un nez , une ligne d’horizon raconte déjà , c’est vrai, une histoire.

                  La grande force de Chaland est en même temps son immense faiblesse. Toujours selon moi, un auteur est le résultat évident d’un long cheminement d’autres auteurs. Il y a aussi une kyrielle d’auteurs qui naissent sans ressembler à personne mais que l’on peut toujours apparenter à l’un ou l’autre,raccrocher à une école.

                  Chaland est un enfant de la bande dessinée. Il est un collage , débarrassé du moindre accroc , du moindre défaut, des principaux maîtres . Il est à ce point dépendant de ses modèles que c’en devient effrayant. Mon bémol est uniquement là :
                  J’aime à retrouver chez un auteur sa vision du monde au travers de la bande dessinée mais je suis troublé quand cette vision du monde est nourrie à ce point de la bande dessinée elle –même. 



                  



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                  • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 21 septembre 2008 à  10:35 :

                    Cher Sergio,

                    Sans chercher à en rajouter à tes commentaires (pour la quiétude de nos lecteurs déjà très sollicités), sur les concepts de "Ligne claire" et de "Style atome", je te renvoie à trois articles que j’ai écrits récemment sur Mundo-BD.fr (eh oui, je n’écris pas que sur ActuaBD) :

                    Vers la Ligne claire
                    http://www.mundo-bd.fr/?p=1167

                    "Un style joueur avec le design"
                    http://www.mundo-bd.fr/?p=1189

                    Sur les rapports entre Chaland et Bravo
                    http://www.mundo-bd.fr/?p=603

                    Bonne lecture !

                    Didier

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                    • Répondu le 21 septembre 2008 à  15:00 :

                      "Le trait peut parfois raconter une histoire . Ce serait vrai s’il n’était pas à tel point un trait empruntant à d’autres traits. A mon avis, quand il s’agit d’afficher et revendiquer une telle filiation, OK , il raconte une histoire. Mais une histoire qui n’est pas la sienne ! Le trait de Chaland raconte la passion que l’on peut avoir pour des plaisirs anciens. Des souvenirs d’émotions parfois plus puissants que les émotions elles-mêmes. Chaland a su retranscrire cette trace, ces moments. Il les a enregistré pour nous et quand on le lit, c’est vers ces souvenirs –là que notre mémoire nous porte."

                      Cher Sergio,

                      1/ Pour Chaland, le monde parfait s’arrêtait en 1957... Ce n’est pas qu’une boutade....
                      2/ Le trait ne peut pas "parfois" raconter une histoire, il en raconte toujours une.
                      3/ tu devrais lire ou relire Système de la Mode de Roland Barthes. C’est un outil formidable pour mieux apprécier le travail d’un artiste comme Chaland.
                      4/ Tu cites Proust et ses madeleines. Il y a de cela aussi chez Chaland... donc, tu vois bien que derrière l’apparente froideur d’une centrale atomique (ou mium), le cœur est en fusion permanente...
                      5/ Je ne crois pas qu’il faille dessiner les derniers objets sortis de nos usines pour parler de notre époque et pour raconter nos histoires. Les articles de Didier nous renseignent amplement sur la question...
                      6/ Je ne sais pas où tu trouves le temsp pour rédiger des commentaires aussi longs...

                      Bien à toi,

                      f*

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                      • Répondu par Sergio Salma le 22 septembre 2008 à  00:54 :

                        Je vais finir par passer pour un témoin à charge voire un procureur qui veut inculper Yves Chaland d’un crime quelconque. Hé ! Ho ! Merci de ne pas m’envoyer lire des articles ou des sources qui m’apporteraient la vérité et merci de ne pas considérer que je me trompe ou fais fausse route. Donnez –moi plutôt des arguments éclairants, je ne désire pas un plaidoyer non plus puisque ,je le rappelle, le travail et l’oeuvre de Chaland m’ont intéressé, formé, enrichi.

                        Je relève des sentiments qui peuvent susciter une gêne mais qui sont sincères ; l’auteur dont on parle pourrait très bien passer au second plan dans le débat théorique qu’il a pourtant inspiré tellement mon credo est plus large que l’opposition critique face à l’aficionado ému.



                        Avant d’aller plus loin, j’ai encore quelques idées à exposer (puis je ne vous embête plus avec ça ), je conseille vivement la lecture de cet entretien d’Emile Bravo sur mundo-bd, le lien est dans le post de Didier Pasamonik. Il insiste lui aussi sur la différence fondamentale entre l’approche graphique et l’approche narrative. Et si vous ne m’accordez visiblement que peu de crédit à ce sujet, je pense que Bravo saura vous convaincre. Soit. Après tout, je ne veux pas faire changer d’avis, je veux juste faire bien entendre le mien.

                        Non, Fabrice, le trait ne raconte pas toujours une histoire. Il y a des milliers de graphomanes, de truqueurs, d’esthètes, de bricoleurs, de maladroits qui n’ont pas cette capacité. Je n’oppose pas les génies,les grands , les modèles aux médiocres, aux petites mains ou seconds couteaux ; je note simplement que l’art est une immense réunion d’individus et que la plupart oeuvrent sans réelle profondeur. Je ne leur jette pas la pierre( j’aurais trop peur de la recevoir sur la tête) , mais c’est un fait évident ; que de beaux traits qui ne racontent rien. Que de joliesse, que de décoratives images !Ou au contraire que d’horreurs , de répliques vides, que de copies idiotes, que de gestes inutiles. Ces traits –là ne racontent rien, ils sont juste fonctionnels comme sont fonctionnels un dessin publicitaire ou un panneau signalétique. Ils véhiculent une information, point.

                        Le trait qui raconte est celui qui est chargé d’une tout autre énergie. La vibration de celui-ci n’aura rien à faire du vécu du spectateur. Un des commentaires insiste sur l’oeuvre magnifique ; combien de fois ai-je entendu l’extase émue de personnes devant un film, un livre , oubliant du même coup que l’émotion dont ils parlent est le fait de leur propre ressenti, leur propre expérience. On a été heureux d’un voyage, le lieu s’entoure alors d’une aura magnifique. Mais on ne soutient ici aucun élément tangible, on expose ses émotions, son souvenir.




                        Chaland pour moi est au carrefour de toutes ces émotions. En ajoutant encore la distance qui nous sépare de sa disparition, le temps a enrichi les sédiments émotionnels. Cette fameuse madeleine de Proust a une double-couche ! L’auteur déjà ré-inventait une forme de culture bande dessinée et est entré lui-même dans cette culture. Je garde une distance face à ce”malentendu”. Il y a des peintures que j’ai vues il y a plusieurs dizaines d’années (notamment au musée du jeu de Paume ou bien encore au musée d’Orsay) que je porte en moi comme des bijoux . Pourtant ces quelques tableaux que je revois sans cesse( du connu et du moins connu) , je ne vais pas les porter au pinacle en interdisant à quiconque de remettre en question leur valeur. Je pense même objectivement que certains ont peu de valeur mais qu’importe.
                        C’est mon histoire personnelle.



                        Je crois qu’une des raisons fondamentales de la force d’Yves Chaland réside dans un élément a priori anecdotique : il avait une relation fusionnelle avec l’enfance. Ce sont ses émotions d’enfance qu’il a sans cesse remis en scène. Que ce soit au travers des péripéties de ses personnages ou bien encore par l’établissement soigné de ses références, il a toujours créé à partir de son affect le plus profond. Une intime conviction (je m’avance peut-être) que je défends quand je perçois ce coeur , ce cerveau français faire à ce point corps avec une humeur étrangère. Je ressentais un trouble en lisant son travail qui allait jusqu’à me faire douter de la qualité de la traduction. Comme il jouait de plus avec les deux aspects de la bande dessinée belgo-belge( la flamande et la francophone) il y avait souvent une distance étrange qui donnait l’illusion que certaines pages avaient été traduites, et parfois approximativement. Subtil , vrai et faux à la fois. Le Bob Fish en bruxellois appuya encore sur cet aspect étonnant ; il s’appropriait une nationalité, il jouait avec les codes avec une maestria de prestidigitateur. La force d’un interprète.

                        Il n’est pas étonnant que la publicité aie jeté son dévolu sur ses talents ; puisque sa facilité à reproduire des schémas (jamais je ne parle de plagiat ou de simple mimétisme, ces artistes-là sont d’une autre catégorie) l’a naturellement amené sur ces territoires où le signe est roi. Le rappel, la mémoire doivent fonctionner à la seconde ; il était le maître toutes catégories.

                        Le rapport à son époque. Pour répondre encore à Fabrice qui signe d’un petit f* , il est bien entendu que je n’ai jamais pensé une seule seconde qu’il faille absolument parler de son époque pour avoir un discours intéressant sur cette même époque. Je ressentais ça pour lui, me demandant comment il aurait interprété une Renault 16 plutôt qu’une Juva 4 ou comment il aurait dessiné un embouteillage bruxellois ou parisien de 1980 plutôt que les Marolles de 1930. 
Tardi quand il dessine Adèle Blanc-Sec ou la guerre des tranchées me parle d’aujourd’hui. Enfin, il me parle de ce qu’il veut puisque ce qui m’intéresse c’est son langage et non son sujet . Son sujet est intéressant de surcroît. Pratt et Corto, Hermann et Red Dust, les exemples sont nombreux, l’époque n’est qu’un élément superficiel la plupart du temps, un western peut être plus actuel qu’une chronique journalistique , etc…

                        Chaland m’a toujours fait penser à ces émotions ressenties devant certains musiciens. Je pense à un jeune chanteur qui aurait une voix d’où surgit toute la détresse du monde. Un voix de blues qui me touche par l’universalité de cette douleur, ce passé. Pourtant l’artiste a 20 ans, il est blanc et n’a jamais souffert mais il a en lui cette dimension. Je pense à peu de choses près la même chose de Chaland ; il avait cette capacité presque métaphysique de pointer du doigt une multitude de signes. Ces signes qui nous en rappellent d’autres. Il envisageait chaque objet , chaque élément de décor comme surgi d’un musée imaginaire, celui qui aurait collecté des formes toujours signifiantes. Toujours dans ce fameux rapport à la nation belge . Les histoires africaines rappelaient le Congo, la modernité était celle , tout à fait spécifique, de la Belgique . Le design , réinsistons là-dessus, était mis en scène d’une manière obsessionnelle. Toute cette démarche suscitait en moi autant d’admiration que d’inquiétude. J’avais l’impression d’un dédoublement de personnalité, d’un jeu avec sa propre identité.
                        Floch était dans cette mouvance, il faudrait compulser une encyclopédie pour savoir les éléments chronologiques mais ces années-là ont généré un grand nombre de dessinateurs directement issus de ce métissage. Je ne crois pas que Chaland soit le déclencheur, il est celui qui a exprimé de la manière la plus parfaite cet hommage à une école. Celle abusivement baptisée ligne claire.

                        Ce que nous voyons aujourd’hui comme une richesse du patrimoine, je crois me souvenir qu’il faisait débat à l’époque. Notre mémoire (encore elle ) est sélective mais il y avait plusieurs options narratives ; il y avait les parfaits descendants de l’école classique et puis une génération de nouvelles têtes qui voulaient faire table rase de ce patrimoine. Aujourd’hui la lutte est oubliée mais je peux affirmer que les grandes discussions des auteurs à la fin des années 70 , début des années 80 tournaient autour de la place de l’auteur justement. On voulait abolir la puissance de la série, du héros. En définitive de l’éditeur qui se servait de l’auteur pour faire tourner son commerce. 

Des gens comme Chaland étaient à contre-courant. Ils ne dédaignaient pas cette école classique, ne se rangeant toutefois pas ni dans les modernes ni dans les classiques. Le jeu suprême était dans la distorsion des codes, la remise en question. Il était à la fois publié aux Humanoïdes et chez Magic-Strip. Sous cet aspect lisse, on signifiait autre chose. Aujourd’hui, on classe schématiquement les auteurs en oubliant à quel point ces années –là étaient très peu balisées ; tout était en train d’être inventé. Les grandes revues historiques avaient quelques années seulement et ces auteurs qui avaient cette démarche de dandy ne faisaient pas l’unanimité. Surtout qu’ils versèrent très vite, horreur suprême ! dans l’image et la publicité.

                        Alors que Franquin sortait de ses séries pour plonger dans le noir(je prends sciemment cet exemple) des gens comme Chaland revenait sur les pas des grands anciens. Il y avait là une matière à disputes. On est aujourd’hui ébahi par la force graphique, puisque le temps a aboli les oppositions mais c’est cela même qui était réfuté par une grande partie des lecteurs de bande dessinée. On n’aurait pas affiché avec autant d’aplomb son admiration pour l’auteur que l’on fête aujourd’hui. Cette dévotion à Hergé , Jacobs et aux (presque) gros nez, je peux vous dire qu’elle n’était pas dans le coup à une certaine époque. On lui reprochait tout ce qu’on le félicite aujourd’hui d’avoir apporté.

                        Ces années-là se devaient d’être plus politiques, plus fondamentalement subversives. 
Brétecher ou Gotlib, ceux qui déshabillait les filles, qui parlaient crûment des corps , les crapules formidables comme Vuillemin apparaissaient petit à petit. C’était encore la contre-culture, une certaine idée de gauche qui accompagnait l’émergence d’une foule d’auteurs, ceux dont on parlait dans un autre post et qui nous arrivaient d’Espagne ( d’après Franco) ou d’Italie avec les mêmes implications politiques et sociologiques.


 Chaland plânait au-dessus de tout ça, dans le fond et dans la forme. Il se posait en continuateur d’un genre. Il osait affirmer cette appartenance à la bd de papa. Et même de papy.

                        Le personnage de Spirou est un élément extrêmement intéressant puisqu’il traverse les époques tel un Timour en costume. Il suffit de se souvenir de cette recherche effrenée de Dupuis pour trouver LE successeur. Chaland n’a pas à l’époque convaincu . Pourquoi ?! Aujourd’hui, alors qu’un cycle de 25 ans a remis les choses sens dessus-dessous et cette sensation de recommencer au début ( l’influence du manga ?!), il nous apparaît absurde qu’il n’aie pas repris la série ; pourtant, je me souviens qu’à l’époque le pari sur Tome et Janry était clair. Fallait-il situer Spirou dans les années Franquin ou au contraire placer le personnage emblématique dans son époque ? Emile Bravo a mis tout le monde d’accord mais il a eu l’intelligence de placer historiquement son personnage dans une époque antérieure dans la perspective d’éclairer le lecteur, de l’informer, bref d’enrichir le personnage. Et non pas de le placer artificiellement dans une époque définie. Sans donner de sens péjoratif au terme “artificiellement”.

                        C’est en Belgique qu’est née l’idée du collectionneuur de bande dessinée. C’est de Bruxelles qu’est venue l’idée de rééditer le fonds patrimonial. C’est en Belgique que sont nés les 3 éditeurs historiques les plus anciens (Casterman , Lombard, Dupuis…). Peut-être à cause de ce lourd passé, la Belgique n’a pas anticipé la mouvance des années 60. C’est en france qu’est née toute la nouvelle vague , en commençant par Dargaud en passant par l’écho des savanes, (à suivre ) , Métal , Fluide…pour finir à L’Association.
                        Les micro-éditeurs belges n’ont à la même époque que désirer insister sur l’école classique, amenant d’ailleurs de nouveaux ténors(dont le point de départ de notre discussion) …Colman, Saive, Borrini…et beaucoup d’autres qui dès leur arrivée ont revendiqué cette filiation et qui ont chacun eu un parcours très personnel.

                        Chaland se trouvait à la confluence de cette histoire. Les grands anciens étaient encore de ce monde mais comme par un fait curieux du hasard c’est à proprement parler quand cette génération nouvelle s’épanouissait qu’ont disparu beaucoup de géants (Jijé , Tillieux, Hergé…) Je m’arrête là car je risque de prendre des chemins de mauvais goût .

                        Chacun de nous a un vécu , une expérience qui motive et explique parfois nos goûts. Je pense que la mise en lumière du travail de Chaland aujourd’hui a une pertinence évidente( il suffit de voir l’impact qu’il a eu sur les 20 dernières années de Dupuy et Berbérian à Emile Bravo, tous les 3 sous les feux du succès) ; mais je range aussi cet intérêt du public et des médias dans cet autre compartiment qui est le manque de repères. Terme bateau s’il en est mais qui reflète bien ce qui se passe aujourd’hui en bande dessinée. Il faut voir le succès des intégrales des grands classiques ; celles de Will , je ne crois pas me tromper , ont plus de succès aujourd’hui qu’ils n’en ont jamais eu sous la forme d’albums classiques. Les Blake & Mortimer vendent beaucoup plus aujourd’hui que du vivant de Jacobs .

                        Dans ce foisonnement culturel que je trouve pour ma part émoustillant et qui m’enchante (jusque dans la publication de blogs en papier que certains se désespèrent de voir pulluler, des figures comme Chaland sont des phares.
                        Chaque décennie qui passe voit la publication des oeuvres de cet artiste dans des éditions de plus en plus luxueuses, de plus en plus fastueuses. Il finira chez Drouot ou Sothebys. Ou au musée.
                        Comme Hergé ou Warhol. Pop quoi.

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                        • Répondu le 22 septembre 2008 à  11:20 :

                          Sergio, tu triches, ton commentaire est trop long !
                          Alors, pour synthétiser, je retiens l’importance pour toit du mot "émotion".

                          f*

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                        • Répondu par Rosse le 23 septembre 2008 à  01:33 :

                          Ah Mr Salma, quand on vous pousse -bien inintentionellement- dans vos retranchements, vous venez avec un texte (article ?) de cet accabit. J’en fais un copier-coller et le garde en archive !

                          Je suis toujours en désaccord sur certains de vos points de vue. Mais à ce stade, il serait peut-être plus intelligent -et plaisant- que nous en discutions autour d’une bière.

                          Cependant, avant, quelques rectifications de ma part : quand vous dites que "Chaland planait au dessus de tout-ça dans le fond et la forme"... Je ne suis pas vraiment d’accord, car Chaland fit ses débuts professionnels dans "Métal"... où oeuvrait déjà depuis 2-3 ans un certain Margerin. Qui avait déjà bien balisé le terrain dans le genre bd a la papy... belle formule soit- dit-en-passant.

                          C’était en 78, l’époque punk de Métal. Symptomatiquement ce fut Cornillon qui fut publié en premier -et si je ne m’abuse Chaland n’apparut que 2-3 numéros plus tard avec une fausse pub d’albums imaginaires à la Jijé/Tillieux.

                          Je veux dire par là qu’il s’inscrivait totalement dans l’esprit Métal-Hurlant de l’époque. "We are pretty, we are pretty... vacant" Ce survol, cette maturité, il l’a acquise bien après.

                          Pour moi les dessinateurs sont irrémédiablement marqués par leur époque. Comme vous le citez à juste-titre : Moebius est un dessinateur qui dans son trait a incorporé toute l’histoire de la bd. A sa manière, la manière d’un dessinateur des années 60-70. Je regarde le trait, je peux situer l’époque de création et les références artistiques. Vous êtes dessinateur vous-même, je suis certain que vous êtes familier de ce genre d’exercicie

                          Chaland opérait de la même façon dans sa synthèse, basiquement c’était un dessinateur "punk" -comme il y avait des groupes punk Et des dessinateurs punk, comme les Bazooka. Le "punk" venait d’une réelle nostalgie..

                          Alors, une fois qu’on est debout sur les ruines que reste-t-il à faire ? Le "Jeune Albert" par exemple, qui cherche vraiment parmi les ruines ! Ou "La Comête de Carthage", un album presque réussi -ou totalement râté (depuis 20 ans je ne sais toujours pas quoi en penser)

                          Un point important aussi, rappelé par Mr Pasamonik dans les articles fournis par les liens. Chaland, ce n’était pas seulement des "belgeries". C’était aussi un formidable travail de références aux comics américains.

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                          • Répondu par Sergio Salma le 23 septembre 2008 à  09:29 :

                            Merci d’insister sur ce point que j’ai négligé il est vrai. Chaland n’est pas inconscient. Lui et quelques autres, sous cet aspect faussement lisse dynamitent les conventions. La référence au punk est judicieuse, Bazooka n’est pas loin et la coexistence de ce monde de trublions dans Métal n’est pas fortuite ; on remixe littéralement les classiques pour leur faire dire autre chose.
                            Toute la beauté du travail de Chaland est là aussi, dans ce mélange d’hommage et de remise en question. Le jeu avec les couleurs, la bichromie, les trames, ont confirmé la maîtrise graphique et les scénarios de son éminent collègue ont fini de pervertir avec délectation les références.

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                            • Répondu le 23 septembre 2008 à  10:36 :

                              Dans le Punk, Bazooka, la New Wave, il y avait de la dérision, du détournement, beaucoup de second degré, de la distance, du ludique et une grosse dose d’énergie. Dans Metal Hurlant, à cette époque, il y avait tout cela. Dans Chaland, il y donc avait aussi tout cela.
                              Je trouve difficile d’isoler Chaland de tout ce qui a fait son époque. Certainement parce que sa carrière a été trop courte. Il arrive au même moment que le Punk et Bazooka et nous quitte juste avant l’avènement de la Nouvelle BD...

                              f*

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      • Répondu le 19 septembre 2008 à  08:38 :

        Didier, c’était une provocation. Merci d’être tombé dans le piège ! Votre explication donnera un autre éclairage à la Nouvelle BD qui est trop souvent esquintée sur ce site par des commentaires stupides qui, pour le coup, proviennent vraiment d’individus d’une culture crasse.

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  • Chaland honoré à Bruxelles
    18 septembre 2008 20:59, par Gert

    ne serait ce pas Nicolas Anspach de dos ? sur la dernière photographie ?

    Belle soirée à brüsel effectivement ...

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    • Répondu par Nicolas Anspach le 18 septembre 2008 à  23:01 :

      ... euh ! Non, ce n’est pas moi. Mais j’y étais.

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  • Chaland honoré à Bruxelles
    18 septembre 2008 21:47

    Chaland nous a laissé une oeuvre magnifique, de haute tenue, avec un pouvoir évocateur immense. On ne peut que regretter sa prématurée disparition, quelle direction aurait-il pris ? F52 était magnifique et laissait augurer du meilleur pour la suite...

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PAR Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
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