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Angoulême : L’université d’été et le sceptre de la crise

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 1er juillet 2008                      Lien  
Sous un soleil de plomb, l’université d’été d’Angoulême a commencé hier. Une première journée où des acteurs de l’édition ont interrogé la BD au spectre (ou au sceptre) d’une crise qui n’est pas dans le marché, mais plutôt dans l’esprit des auteurs.

Le lapsus du jour vient du journaliste Fabrice Piault de Livres Hebdo. Dans une analyse d’un état du marché qui ne semble laisser ressortir aucune « crise » apparente, mais qui montre néanmoins quelques indices inquiétants que notre spécialiste s’est empressé de remettre dans son contexte, celui d’un marché du livre bien moins portant que la BD, il a pendant plusieurs secondes évoqué le « sceptre » de la crise…

Benoit Peeters, « grand témoin littéraire » de ces journées, a immédiatement pensé à Hergé et à l’attribut du monarque de la Syldavie. Eh non, c’était bien du redoutable « spectre » de la crise dont il s’agissait, et non du « sceptre » royal qui fit pleurer Tintin de joie. « Décalage horaire  » se justifiait l’intéressé. Notre goût du persiflage apprécia tout de suite ce que cette notion d’éloignement signifiait par rapport à l’interrogation choisie par l’Université cette année, effectivement bien peu en phase avec les réalités de la bande dessinée et de son marché. [1]

Angoulême : L'université d'été et le sceptre de la crise
Benoit Peeters, "Grand témoin littéraire"

« Chair à canon »

Charles Berberian mit néanmoins les points sur les « i » : si le marché a l’air d’être au mieux, les auteurs, en revanche, souffrent réellement. Ils ont l’impression d’être envoyés au front de la surproduction comme des poilus sur le Chemin des Dames. En un mot comme en cent, ils sont devenus de la chair à canon dans une bataille pour les parts de marchés dont les enjeux les dépassent. Cette impression a été renforcée par une expression de Grégoire Seguin, éditeur chez Delcourt, grand pourvoyeur de la surproduction actuelle, qui parla des auteurs comme d’une « matière première ». En l’occurrence, excusez encore notre mauvais esprit, la seule à ne pas augmenter ces temps-ci…

Louis Delas, président directeur général de Casterman, ne manqua pas de questionner le questionnement qui lui était proposé : On veut faire quoi ? Introduire des quotas qui interdiraient aux éditeurs de produire ? Sur quelle base et avec quels critères ? Il n’empêche, remarqua Jean-Louis Gauthey, l’éditeur de Cornélius, que la surproduction réduit la visibilité des nouveautés, plombe la rotation du fonds, et que les petits labels se retrouvent les plus défavorisés dans cette bataille, pas tant le sien ni de ses petits camarades de L’Association ou des Requins Marteaux, insista-t-il, que les nouveaux arrivants qui n’ont quasi aucune chance d’émerger dans la situation actuelle.

Jean-Louis Gauthey (Cornélius), étonnament courtois pour ses collègues éditeurs et Jean-Philippe Martin, conseiller scientifique du CIBDI.

En parfait accord avec cette analyse, Louis Delas mit le doigt sur la dictature du « référent » qui consiste pour un libraire à utiliser la référence des ventes précédentes d’un auteur ou d’une série pour fixer la mise en place d’une nouveauté. En clair, si un tome 1 n’a pas vendu, l’auteur ou la série n’aura plus l’occasion de jouir d’une seconde chance. Ce scoring interdit toute expérimentation au profit d’une prétendue meilleure gestion du point de vente de la librairie.

Université d’été à Angoulême : une atmosphère studieuse

Une manifestation débutante

On l’aura compris, cette première journée de la Troisième Université d’été d’Angoulême introduite par le directeur du Centre International de la Bande dessinée et de l’Image, M. Gilles Ciment, était studieuse [2]. Le public, composé d’étudiants (ça crayonnait dans tous les sens), de bibliothécaires, de libraires et de professionnels de l’édition, était d’une cinquantaine de personnes ce lundi. Il est clair que cette manifestation n’en est qu’à ses débuts. Elle a pour elle de favoriser une proximité et une convivialité en dehors de la furie du Festival d’Angoulême permettant à tout un chacun de rencontrer les nombreuses personnalités présentes : Dupuy & Berberian, Lewis Trondheim, Serge Honorez, directeur éditorial de Dupuis, Émile Bravo, les Angoumoisins Fabrice Neaud, Thierry Groensteen, Thierry Smolderen, Gérald Gorridge, Jean Mardikian, le chercheur italien Matteo Stefanelli, etc. À noter jeudi matin un module sur les mangas pourvu d’une visioconférence avec le Japon où seront présents l’auteure japonaise Nami Akimoto, le directeur du département recherche du Musée International du Manga de Kyôtô, Kan Shimamoto ou encore le chercheur de l’université Seika de Kyoto, Yu Ito.

Mathieu Sapin, "Grand témoin graphique"

Mathieu Sapin et Benoit Peeters sont respectivement les « Grand témoin graphique » et « Grand témoin littéraire » de ces journées. On souhaite qu’à l’avenir, les sujets seront un peu moins généralistes et plus orientés vers des réflexions susceptibles de faire avancer le métier plutôt que d’en alimenter stérilement les inquiétudes.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Photos : Didier Pasamonik (L’Agence BD)

[1Cf. Notre article annonçant cette université d’été : « Discours de crise ».

[2Le directeur du CBDI rendit à cette occasion un hommage à Annie Baron-Carvais, l’auteure du Que Sais-je ? sur la bande dessinée récemment disparue et qui avait marqué la précédente édition de sa présence.

 
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20 Messages :
  • Le sceptre de la crise, c’est un peu comme le spectre d’Ottokar.

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    • Répondu le 1er juillet 2008 à  17:57 :

      Ben oui, c’est ce qui est dit dans l’article.

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      • Répondu par Xavier Löwenthal le 14 juillet 2008 à  17:44 :

        j’arrive bien tard dans ce débat, qui fait étrangement écho avec celui d’il y a un an, exactement.

        non, cher didier, ce n’est pas "business to business", ces rencontres professionnelles. il vaudrait mieux les comparer aux fameux colloques de Cerisy. Quelque chose "d’académique", pris dans son sens le moins péjoratif : une rencontre de spécialistes de la question, d’intellectuels et d’artistes.

        la bande dessinée y est considérée d’abord comme média, puis comme art, comme pratique contemporaine. enfin seulement, comme une industrie puisque ces pratiques s’inscrivent dans une économie de marché.

        Pour en revenir au fameux sceptre / spectre : l’industrie, on le sait, ne se porte pas si mal qu’on le dit (et sans doute peut-on en dire autant de toute l’économie, puisque toute inflation fait aussi des heureux.), mais les "petits métiers" des artisans en bande dessinée, les coloristes, les encreurs, les lettreurs et même les auteurs, ces petits métiers dont on pouvait escompter jusqu’il y a peu un revenu modeste, mais correct, à condition de ne pas lésiner sur le travail, ces petits métiers disparaissent. C’est strictement et implacablement logique, puisqu’on ne gagne de l’argent que pour autant qu’on en rapporte. Toute l’économie évolue dans ce sens, et personne n’en apprécie vraiment toutes les conséquences.

        Si le gâteau grossi, il est autrement réparti...

        Ce dont les acteurs de l’édition indépendante se contrefichent, heureusement, puisqu’ils n’avaient même pas songé gagner de l’argent avec un truc aussi inutile que l’art.

        N’empêche, Jean-Louis Gauthey a raison : la situation ne laisse que peu de chance aux livres et aux auteurs. On sait ce que "rotation rapide" veut dire.

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        • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 juillet 2008 à  18:06 :

          non, cher didier, ce n’est pas "business to business", ces rencontres professionnelles. il vaudrait mieux les comparer aux fameux colloques de Cerisy. Quelque chose "d’académique", pris dans son sens le moins péjoratif : une rencontre de spécialistes de la question, d’intellectuels et d’artistes. la bande dessinée y est considérée d’abord comme média, puis comme art, comme pratique contemporaine. enfin seulement, comme une industrie puisque ces pratiques s’inscrivent dans une économie de marché.

          J’entends bien. Mais s’agissant de gens "du métier" (j’y ai vu des libraires, des bibliothécaires, des journalistes, des chercheurs, des étudiants et des artistes), ils se penchent quand même sur leur business. Ce sont donc des gens du métier qui parlent à d’autres gens du métier. C’est en cela que je considère que c’est une manifestation B to B.

          Pour en revenir au fameux sceptre / spectre : l’industrie, on le sait, ne se porte pas si mal qu’on le dit (et sans doute peut-on en dire autant de toute l’économie, puisque toute inflation fait aussi des heureux.), mais les "petits métiers" des artisans en bande dessinée, les coloristes, les encreurs, les lettreurs et même les auteurs, ces petits métiers dont on pouvait escompter jusqu’il y a peu un revenu modeste, mais correct, à condition de ne pas lésiner sur le travail, ces petits métiers disparaissent.

          Il faudrait commencer par sérieusement savoir de quoi on parle. Je ne crois pas qu’ils disparaissent. Il y a de profondes mutations (le passage à l’informatique pour le lettrage et la couleur, par exemple) mais ces "petits métiers" profitent plutôt de la surproduction, il me semble. Les lettreurs (dans les traductions Panini par exemple) comme les coloristes commencent à être reconnus, à avoir leur nom sur les albums, même si la reconnaissance du statut est loin d’être acquise (mais les dessinateurs aussi ont des revendications à proposer sur ce point). J’ai peur que ton affirmation à ce sujet manque un peu d’appui.

          N’empêche, Jean-Louis Gauthey a raison : la situation ne laisse que peu de chance aux livres et aux auteurs. On sait ce que "rotation rapide" veut dire.

          Bien sûr. Mais la surproduction n’affecte pas que les BD dites indépendantes : toute BD qui ne jouit pas d’un marketing puissant est dans la même situation, y compris ce que d’aucuns appellent les "bouzes"...

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          • Répondu par Xavier Löwenthal le 14 juillet 2008 à  18:25 :

            J’entends bien. Mais s’agissant de gens "du métier" (j’y ai vu des libraires, des bibliothécaires, des journalistes, des chercheurs, des étudiants et des artistes), ils se penchent quand même sur leur business. Ce sont donc des gens du métier qui parlent à d’autres gens du métier. C’est en cela que je considère que c’est une manifestation B to B.

            Dans ce sens, oui. Mais "business" signifie "affaires d’argent", non ? Il ne s’agit pas essentiellement de cela. C’est ce que je voulais souligner.

            Il faudrait commencer par sérieusement savoir de quoi on parle. Je ne crois pas qu’ils disparaissent. Il y a de profondes mutations (le passage à l’informatique pour le lettrage et la couleur, par exemple) mais ces "petits métiers" profitent plutôt de la surproduction, il me semble. Les lettreurs (dans les traductions Panini par exemple) comme les coloristes commencent à être reconnus, à avoir leur nom sur les albums, même si la reconnaissance du statut est loin d’être acquise (...). J’ai peur que ton affirmation à ce sujet manque un peu d’appui.

            Je ne sais pas pour les lettreurs. Mais les ventes sont ventilées sur beaucoup plus de titres qu’avant. C’est mathématique : la demande ne peut pas croitre aussi vite que l’offre. Par titre, on ne vend plus du tout autant qu’avant.

            Peut-être y a-t-il autant de série à 30.000 exemplaires qu’il y a vingt ans ? J’ai quelques doutes sur ce point. Les écarts se creusent entre les quelques meilleurs vendeurs et le peloton. On ne peut plus tirer un revenu suffisant des à-valoir, ni des droits d’auteurs (qui sont aussi liés à la pérennité des titres). La situation d’un auteur en bande dessinée est devenue semblable à celle d’un écrivain. Tout le monde ne s’appelle pas E.A. Schmitt ou Amélie Nothomb (et je m’abstiens de tout jugement de valeur ! quel effort !) Peut-être est-ce sain ?

            la surproduction n’affecte pas que les BD dites indépendantes : toute BD qui ne jouit pas d’un marketing puissant est dans la même situation, y compris ce que d’aucuns appellent les "bouzes"...

            mais la surproduction affecte surtout, et au premier chef, les "bouzes"... Qui croit encore que les indépendants peuvent être responsables d’une surproduction, avec leurs si petits tirages ? Ils y jouent un rôle, sans doute, mais qui ne peut être équivalent à celui des "majors".

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            • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 juillet 2008 à  20:05 :

              Je ne sais pas pour les lettreurs. Mais les ventes sont ventilées sur beaucoup plus de titres qu’avant. C’est mathématique : la demande ne peut pas croitre aussi vite que l’offre. Par titre, on ne vend plus du tout autant qu’avant.

              Peut-être y a-t-il autant de série à 30.000 exemplaires qu’il y a vingt ans ? J’ai quelques doutes sur ce point. Les écarts se creusent entre les quelques meilleurs vendeurs et le peloton. On ne peut plus tirer un revenu suffisant des à-valoir, ni des droits d’auteurs (qui sont aussi liés à la pérennité des titres). La situation d’un auteur en bande dessinée est devenue semblable à celle d’un écrivain. Tout le monde ne s’appelle pas E.A. Schmitt ou Amélie Nothomb (et je m’abstiens de tout jugement de valeur ! quel effort !) Peut-être est-ce sain ?

              Ton équation manque de paramètres. Ce qui est mathématique, c’est qu’il y a aussi plus d’auteurs qu’avant et plus de "petites mains" qui vivent de ce métier, ou qui en vivent partiellement.

              Parlons chiffres. Le CA de la BD était de env. 250 MF (30 M€) en 1982, env. 300 MF (50 M€) en 1992 (chiffres du Syndicat National de l’Edition, publiés dans mon étude de Janvier 1994 sur le marché de la BD) et de 40 M€ en 2007 (chiffres GFK). Pour autant que ces chiffres soient fiables, le marché en chiffre d’affaire a donc décru, mais en nombre de titres, il est en croissance (cf. Rapport Ratier ; c’est probablement le bas prix des mangas qui explique cela). Il y a plus de livres qu’avant et plus d’auteurs qu’avant, là est la double difficulté de la situation actuelle.

              mais la surproduction affecte surtout, et au premier chef, les "bouzes"... Qui croit encore que les indépendants peuvent être responsables d’une surproduction, avec leurs si petits tirages ? Ils y jouent un rôle, sans doute, mais qui ne peut être équivalent à celui des "majors".

              Là aussi, erreur, Xavier. Il y a plus d’ "indépendants" qu’avant, alors que les majors ont tendance à se regrouper (cf. Dupuis, Dargaud, Lombard, Kana, Fluide, Casterman, Albin Michel...). Oui, les indépendants surproduisent car ils sont plus nombreux. Moi je dis que c’est tant mieux : plus de diversité et plus d’opportunités de croissance. Les Graphic Novels et les mangas sont des sources de marge confortables, grâce à un prix de revient plus bas.

              L’économie de basse intensité de l’édition alternative sert de Recherche & Développement aux Majors (cf. Trondheim, Sfar, Blutch, etc.), voilà la réalité. Mais là aussi, rien de nouveau sous le soleil.

              Dans un marché à maturité, la seule solution pour la croissance est la conquête des marchés étrangers. Les gros trouveront des solutions à leur taille. Mais la Small Press peut avoir la sienne en créant des réseaux d’éditeurs. Frédéric Boilet a montré la voie.

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              • Répondu par Xavier Löwenthal le 16 juillet 2008 à  09:35 :

                Qui croit encore que les indépendants peuvent être responsables d’une surproduction, avec leurs si petits tirages ? Ils y jouent un rôle, sans doute, mais qui ne peut être équivalent à celui des "majors".

                Là aussi, erreur, Xavier. Il y a plus d’ "indépendants" qu’avant, alors que les majors ont tendance à se regrouper (cf. Dupuis, Dargaud, Lombard, Kana, Fluide, Casterman, Albin Michel...). Oui, les indépendants surproduisent car ils sont plus nombreux. Moi je dis que c’est tant mieux : plus de diversité et plus d’opportunités de croissance.

                Soit, les "majors" se regroupent. Mais il n’éditent pas moins de titres pour autant. Peu importe qu’ils soient ventilés par "marques". Qu’est-ce que ça change, en effet ? Kana, Dupuis, Dargaud, Lombard, Aire Libre... sont "un seul" éditeur ? Pour le lecteur, cela ne fait aucune différence. Ils font davantage de livres que lorsqu’ils étaient "indépendants", non ? On peut considérer que Delcourt, Glénat et Soleil font partie des majors. En tout cas du "mainstream". Les "majors" surproduisent encore. C’est évident. Ils produisent à tour de bras. Quant au phénomène dit "de la longue traine", il existe aussi, c’est certain.

                Soit. Tout le monde surproduit. Mais que surproduit-on ? La diversité dont tu parles me semble relever du vœu pieux. On a digéré certaines formes nouvelles, et on les reproduit. C’est une apparence de diversité. On renouvelle le consommable en puisant un peu chez ceux qui créent.

                L’art est toujours "en plus", puisqu’il n’est pas conçu pour répondre à une demande.

                Ce qui ne laisse pas de m’intriguer, c’est la surproduction de "produits" ciblés, conçus pour une demande qui n’existe pas (parce que, même boulimique, on l’a trop gavée). Il y a un nombre impressionnant, en effet, de "petits éditeurs indépendants" qui font du mainstream, ou qui tentent de le faire. Ceux-là ne sont pas "en plus", ils sont "en trop".

                L’économie de basse intensité de l’édition alternative sert de Recherche & Développement aux Majors (cf. Trondheim, Sfar, Blutch, etc.), voilà la réalité. Mais là aussi, rien de nouveau sous le soleil.

                C’est un peu vrai. Un peu. Jadis, Dupuis ou Dargaud finançaient eux-même leur département R&D. Mais nous ne faisons pas de la R&D ! Nous considérer comme le département R&D de l’industrie, c’est un peu insultant. C’est une instrumentalisation de notre travail, opportuniste et ingrate. Je ne dis pas qu’on n’a pas le droit. Mais au moins reconnaissons-le.
                Ceci dit : nous produisons de plus en plus de choses fièrement irrécupérables ! en tout cas pour ce marché-là, pour la bédéphilie.

                Et ceci dit encore, le mainstream a ses propres capacités de regénération. Il n’a pas vraiment besoin des indépendants pour se renouveler. Il y puise à sa guise, et c’est de bonne guerre. Mais l’apport du manga, du manwha, du jeu vidéo, des séries télé... est bien plus important que celui des indés.

                Dans un marché à maturité, la seule solution pour la croissance est la conquête des marchés étrangers. Les gros trouveront des solutions à leur taille. Mais la Small Press peut avoir la sienne en créant des réseaux d’éditeurs. Frédéric Boilet a montré la voie.

                Et s’il y avait carrément un monde autour de la bd ? A la 5c, comme à Frmk, à l’Association et ailleurs, on ne cherche pas forcément à évoluer dans le microcosme en l’élargissant quand il devient étroit. Il y a d’autres minimondes autour, qui ont tous leurs défauts, mais qui offrent aussi des perspectives et des lignes de fuite. Aller voir ailleurs, d’autres mondes et d’autres publics, ce n’est pas qu’une question géographique.

                Bien à toi,

                xavier

                Répondre à ce message

                • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 16 juillet 2008 à  12:43 :

                  Soit, les "majors" se regroupent. Mais il n’éditent pas moins de titres pour autant. Peu importe qu’ils soient ventilés par "marques". Qu’est-ce que ça change, en effet ? Kana, Dupuis, Dargaud, Lombard, Aire Libre... sont "un seul" éditeur ? Pour le lecteur, cela ne fait aucune différence. Ils font davantage de livres que lorsqu’ils étaient "indépendants", non ? On peut considérer que Delcourt, Glénat et Soleil font partie des majors. En tout cas du "mainstream". Les "majors" surproduisent encore. C’est évident. Ils produisent à tour de bras. Quant au phénomène dit "de la longue traine", il existe aussi, c’est certain.

                  Tout le monde surproduit en ce moment car il faut se battre pour la visibilité sur les tables. Aucun raison que les gros se fassent bouffer par les petits, c’est pas leur genre. Ceux qui produisent le plus en ce moment, ce sont Delcourt et Casterman qui font là leur boulot d’outsider. Soleil a réduit sa production, Glénat aussi à paramètre constant, Humanoides Associés par la force des choses...

                  La part des indépendants dans la production est plus grande car ils sont plus nombreux. Le succès de Marjane Satrapi a aussi ouvert de nouvelles voies pour eux.

                  Soit. Tout le monde surproduit. Mais que surproduit-on ? La diversité dont tu parles me semble relever du vœu pieux. On a digéré certaines formes nouvelles, et on les reproduit. C’est une apparence de diversité. On renouvelle le consommable en puisant un peu chez ceux qui créent.

                  Rien à dire là dessus. Le commerce a toujours été un grand récupérateur. Il m’étonnerait que L’Association se plaigne de ses (son ?) succès qui leur assure une manne financière.

                  L’art est toujours "en plus", puisqu’il n’est pas conçu pour répondre à une demande.

                  L’art (tout est dans la définition) n’est pas forcément en marge Cf. La peinture religieuse des maîtres flamands, par exemple. Confondre commerce et art, c’est ne rien comprendre, ni à l’un, ni à l’autre.

                  Ce qui ne laisse pas de m’intriguer, c’est la surproduction de "produits" ciblés, conçus pour une demande qui n’existe pas (parce que, même boulimique, on l’a trop gavée). Il y a un nombre impressionnant, en effet, de "petits éditeurs indépendants" qui font du mainstream, ou qui tentent de le faire. Ceux-là ne sont pas "en plus", ils sont "en trop".

                  Non, ils ne sont pas "en trop". Ils renouvellent parfois des marchés mal traités, voire ignorés par les "Majors". Cf les BD "de métier" de Bamboo qui reprennent en l’améliorant une recette inventée par Dupuis.

                  On n’est pas là dans l’art, c’est entendu. Et tu connais ma position là-dessus : je rejette les discours excluants qui dévalorisent un genre de BD au profit d’un autre.

                  C’est un peu vrai. Un peu.

                  Dans le genre concession un brin méprisante, ça le fait.

                  Jadis, Dupuis ou Dargaud finançaient eux-même leur département R&D.

                  Au début, car ils avaient tout à inventer. Après, ce sont les auteurs eux-mêmes qui le font, soit en ruant dans les brancards, soit en créant leurs propres organes éditoriaux.

                  Mais nous ne faisons pas de la R&D ! Nous considérer comme le département R&D de l’industrie, c’est un peu insultant. C’est une instrumentalisation de notre travail, opportuniste et ingrate. Je ne dis pas qu’on n’a pas le droit. Mais au moins reconnaissons-le. Ceci dit : nous produisons de plus en plus de choses fièrement irrécupérables ! en tout cas pour ce marché-là, pour la bédéphilie.

                  Bah, mais que tu le veuilles ou non, tu es toujours récupéré. Si ça te fait plaisir de faire le "rebelle", je veux bien.

                  Et ceci dit encore, le mainstream a ses propres capacités de regénération. Il n’a pas vraiment besoin des indépendants pour se renouveler. Il y puise à sa guise, et c’est de bonne guerre. Mais l’apport du manga, du manwha, du jeu vidéo, des séries télé... est bien plus important que celui des indés.

                  En terme de ventes, probablement. Mais je pense qu’en terme d’influence, les indés se posent quand même là. Pilote, Métal Hurlant, Fluide Glacial sont des revues indépendantes qui ont pesé sur l’industrie. Persepolis aussi, en quelque sorte.

                  Et s’il y avait carrément un monde autour de la bd ? A la 5c, comme à Frmk, à l’Association et ailleurs, on ne cherche pas forcément à évoluer dans le microcosme en l’élargissant quand il devient étroit. Il y a d’autres minimondes autour, qui ont tous leurs défauts, mais qui offrent aussi des perspectives et des lignes de fuite. Aller voir ailleurs, d’autres mondes et d’autres publics, ce n’est pas qu’une question géographique.

                  On suppose que toi aussi, tu vas à la piscine et tu fais tes courses chez l’épicier du coin. Depuis que la BD existe, les auteurs font feu de tout bois pour gagner leur vie. Je ne vois pas ce que ce genre de truisme apporte au débat.

                  Bien à toi,
                  Didier

                  Répondre à ce message

                  • Répondu le 17 juillet 2008 à  13:21 :

                    L’art est toujours "en plus", puisqu’il n’est pas conçu pour répondre à une demande.

                    L’art (tout est dans la définition) n’est pas forcément en marge Cf. La peinture religieuse des maîtres flamands, par exemple. Confondre commerce et art, c’est ne rien comprendre, ni à l’un, ni à l’autre.

                    J’ai écrit "en plus", pas "en marge". bien entendu, je ne confonds pas. l’art de commande a toujours existé. et le mécénat. l’art dépend du prince parce que, essentiellement, il n’a rien à voir avec le commerce.

                    Non, ils ne sont pas "en trop". Ils renouvellent parfois des marchés mal traités, voire ignorés par les "Majors". Cf les BD "de métier" de Bamboo qui reprennent en l’améliorant une recette inventée par Dupuis.

                    On n’est pas là dans l’art, c’est entendu. Et tu connais ma position là-dessus : je rejette les discours excluants qui dévalorisent un genre de BD au profit d’un autre.

                    soit. ils ont le droit de vouloir exister. et comme tu dis, on n’est pas dans l’art. depuis toujours, on se rend compte que sous le même vocable, on rassemble des champs très différents, voire opposés, des gens qui ne font pas vraiment le même travail. après tout, besson et godard sont tous deux "cinéastes" ; et schmitt et céline tous deux "écrivains".

                    C’est un peu vrai. Un peu.

                    Dans le genre concession un brin méprisante, ça le fait.

                    oh non, c’est toi qui voit du mépris. concéder qu’une chose est parfois vraie, ou un peu vraie, ce n’est pas méprisant.

                    Ceci dit : nous produisons de plus en plus de choses fièrement irrécupérables ! en tout cas pour ce marché-là, pour la bédéphilie.

                    Bah, mais que tu le veuilles ou non, tu es toujours récupéré. Si ça te fait plaisir de faire le "rebelle", je veux bien.

                    Je ne veux pas faire le rebelle. Certaines de nos production sont très récupérables, mais pas forcément par la bande dessinée (ou alors, pas de si tôt !) C’est que nous prenons des voies de traverses. Nous nous éloignons résolument des standards en vigueur dans le microcosme, qui n’aurait donc aucun intérêt à nous y suivre : il s’aliènerait son lectorat traditionnel.

                    Et s’il y avait carrément un monde autour de la bd ? A la 5c, comme à Frmk, à l’Association et ailleurs, on ne cherche pas forcément à évoluer dans le microcosme en l’élargissant quand il devient étroit. Il y a d’autres minimondes autour, qui ont tous leurs défauts, mais qui offrent aussi des perspectives et des lignes de fuite. Aller voir ailleurs, d’autres mondes et d’autres publics, ce n’est pas qu’une question géographique.

                    On suppose que toi aussi, tu vas à la piscine et tu fais tes courses chez l’épicier du coin. Depuis que la BD existe, les auteurs font feu de tout bois pour gagner leur vie. Je ne vois pas ce que ce genre de truisme apporte au débat.

                    tu ne m’as pas compris, ou je me suis mal exprimé : je parlais d’autres champs artistiques, de perspectives de développement ou de simple pérennité ailleurs que dans le champs de la bande dessinée. pas de l’influence du monde sur l’œuvre. on peut créer, éditer, sans se soucier du microcosme. nous œuvrons dans le champ artistique, littéraire, plastique, contemporain... il se fait que nous persistons à appeler notre travail "bande dessinée", et c’en est, même si elle n’a plus grand rapport avec les productions du mainstream. Nos lecteurs sont aussi des bédéphiles, parfois. Mais pas toujours. Le marché est forcément segmenté, et cette segmentation nous coupe d’un lectorat potentiel, qui ne lit pas de bande dessinée car il ignore qu’il s’agit aussi d’un champ artistique contemporain. Aucun salon de la bande dessinée (sauf peut-être Luzern et Bastia) ne le leur montreront, je le crains. On ne peut pas se borner à lui reprocher son manque de curiosité. cependant, le monde de l’art contemporain s’intéresse de plus en plus au dessin.

                    Bien à toi,

                    xavier

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                    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 17 juillet 2008 à  13:45 :

                      tu ne m’as pas compris, ou je me suis mal exprimé : je parlais d’autres champs artistiques, de perspectives de développement ou de simple pérennité ailleurs que dans le champs de la bande dessinée. pas de l’influence du monde sur l’œuvre. on peut créer, éditer, sans se soucier du microcosme. nous œuvrons dans le champ artistique, littéraire, plastique, contemporain... il se fait que nous persistons à appeler notre travail "bande dessinée", et c’en est, même si elle n’a plus grand rapport avec les productions du mainstream. Nos lecteurs sont aussi des bédéphiles, parfois. Mais pas toujours. Le marché est forcément segmenté, et cette segmentation nous coupe d’un lectorat potentiel, qui ne lit pas de bande dessinée car il ignore qu’il s’agit aussi d’un champ artistique contemporain. Aucun salon de la bande dessinée (sauf peut-être Luzern et Bastia) ne le leur montreront, je le crains. On ne peut pas se borner à lui reprocher son manque de curiosité. cependant, le monde de l’art contemporain s’intéresse de plus en plus au dessin.

                      Je suis d’accord avec cette vision des choses. Il est vrai que la première raison pour laquelle ActuaBD ne donne pas davantage d’exposition à vos productions vient de son positionnement "mainstream".

                      A cela s’ajoute cette réalité : pour aborder vos travaux, il faut une relative technicité que nos collaborateurs bénévoles n’ont pas forcément.

                      Nous avons fait le choix du mainstream, Du9.org, celui de la small press. C’est un choix. Je crois que nous ne trompons pas nos lecteurs sur la marchandise à ce sujet. L’An 2 cotoie Soleil, Munoz, Arleston. Nous proposons de la BD une vision générale. Mais nous serons ravis de parler de tous ceux qui solliciteraient notre curiosité, dans la limite de notre temps disponible, évidemment.

                      Je propose que nous arrêtions là le débat pour le reprendre à une autre occasion.

                      Répondre à ce message

  • il serait bon de rappeler qu’il s’agit là d’une manifestation de luxe pour personnes riches, les tarifs pratiqués étant particulièrement prohibitifs et inaccessibles à l’auteur lambda.

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  • Angoulême : L’université d’été et le sceptre de la crise
    2 juillet 2008 19:59, par angélique césano

    Alors rêvons des lendemains qui chantent !
    De la joie de gambader dans l’herbe verte...
    (on se demande où habite les éditeurs et les intervenant d’actua bd certainement pas sur la même planete que moi....)

    jusqu’ici tout va bien....

    jusqu’ici tout va bien....

    étrange que les cris des auteurs n’alertent personne, voir que l’on dénie le problème ...
    çà me rappele des politiques avec un non irlandais à un certain traité...
    allez y gausser les auteurs, moquer vous !
    dites que ce sont des doux rêveurs, des personnes irréalistes, irresponsables, des artiste trainent savate...
    et ben au vingt et unième siècle toujours autant de clichés désuets et idiots çà fait chaud au coeur !
    je préfère mon ami Gilles Ratier... lui au moins il prend les chiffres et si les auteurs sont en majorité entre le rmi et le smic on comprend mieux qu’ils aillent mal....
    Mais c’est vrai on fait un si joli métier, que l’on a eu l’impudence de choisir alors de quoi se plaint on ?
    allez les auteurs tous au snac !!!!!
    http://www.snac.fr/accueilsnac.htm
    à la sofia !
    http://www.la-sofia.org/sofia/Adherents/site/Sofia/index.jsp
    à l’adagp
    défendez vous !!!!!
    defendez votre art !

    Répondre à ce message

  • Angoulême : Une Université WASP Sans Schtroumpf
    4 juillet 2008 16:34, par Salif Bernard

    Une université de 50 personnes... C’est quand même une bien petite université, une université schtroumpf peut-être... Ou tout simplement une université réservée à une élite de bons penseurs ?

    C’est quand même une bien curieuse manifestation dont l’objet est semble-t-il de débattre de la BD, mais comment se fait-il que les auteurs doivent payer pour pouvoir assister à un débat qui concerne leur propre travail, leur réalité ?

    Le CNBDI semble être une institution publique, donc financée par des fonds publiques, et l’université doit certainement bénéficier d’une façon ou d’une autre de ces financements... Les auteurs étant des contribuables comme tout un chacun, payeraient-ils donc deux fois pour être présents ???

    Ne serait-ce pas là un stigmate de crise, pour le coup bien réel et proprement institutionnel ?

    D’ailleurs, comment peut-on analyser, débattre, dresser un panorama large et précis de la BD avec aussi peu d’auteurs présents, voir avec toujours les même intervenants ?

    Y aurait-il un phénomène WASP dans le monde la BD ?

    Comment interprêter tout ceci ?
    Maladresse, naïveté ? ou tout simplement l’éternel élitisme des autorisés à penser ?

    Comme c’est curieux !

    Répondre à ce message

    • Répondu par Michel Dartoche le 5 juillet 2008 à  00:14 :

      Le problème est le même pour les libraires et les éditeurs non invités. Eux-aussi paient des impôts, du moins dans certains cas. Si je comprend que l’hotel et le restaurant soient facturés à part, la présence aux seuls débats reste prohibitive et réservée aux passionnés fortunés. Une consolation : la surpondération d’auteurs et éditeurs branchés bobos et cie (style les Inrocks ou Telerama), en général proche de l’Association et du Comptoir des indés. Et donc peut représentatifs de l’ensemble de la BD.

      Répondre à ce message

      • Répondu par Manu temj le 6 juillet 2008 à  12:27 :

        Mmmmfff...
        Ce ne sont plus les Schtroumpfs là, on croirait lire les Bisounours !

        Ces université d’été ne sont rien d’autre qu’un congrès professionnel et comme la plupart des congrès professionnels elles sont payantes. Parce que c’est cher à organiser, qu’au delà des frais de repas et d’hébergement ça mobilise aussi du temps de personnes qui aspirent à être payées pour leur travail... (Je sais de quoi je parle par ailleurs)
        Bref, ou l’association organisatrice est très riche et il peut se permettre de financer, ou on y fait entrer massivement des sponsors (l’un et l’autre n’étant pas incompatibles), mais je ne comprends pas ce qu’il y a de fondamentalement choquant à ce qu’une telle manifestation soit payante !
        Demandons nous plutôt pourquoi la plupart des acteurs de la bande dessinée n’ont pas les moyens d’y participer ! J’y vois là tout de même un indice inquiétant concernant la rémunération des "ressources humaines " dans ce marché si florissant !

        Répondre à ce message

        • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 6 juillet 2008 à  12:45 :

          Cher Manu,

          On peut néanmoins s’intéresser à la logique tarifaire de ce type de manifestation.

          Si le prix est cohérent avec d’autres colloques (après tout, Davos est bien plus cher, n’est-ce pas), il est légitime d’essayer de comprendre à qui ce colloque s’adresse. Aux amateurs de BD ? Apparemment, non. S’il s’agit donc d’une manifestation Business to Business.

          Il serait bon de mieux cibler l’offre de manière à ce que les participants qui paient un prix conséquent pour s’y rendre (sans compter le temps qu’ils y passent et qui est pris sur leurs heures de boulot) retrouvent en face une offre qualifiée qui mérite cet investissement.

          C’est moins la cherté qui est en cause que sa justification. Jusqu’à présent, c’est encore un peu flou. Mais, avec de la volonté, tout est susceptible de s’améliorer, n’est-ce pas ?

          Répondre à ce message

          • Répondu par Manu temj le 7 juillet 2008 à  15:20 :

            Cher Didier,

            Sur ce point, je suis de votre avis - et mes critiques s’adressaient plus aux intervenants qui réclamaient la gratuité qu’au fond de votre article.

            Cette manifestation est un colloque pour les professionnels. Qu’il soit payant est naturel. Sans doute gagnerait-il à devenir le lieu de véritables confrontations argumentées entre les leaders des discours qui s’affrontent ces derniers temps sur la bande dessinée. Il n’est pas certain que des accords s’en dégageraient - c’est même improbable - mais le débat pourrait vivre dans un cadre plus respectueux.

            Mais je crains qu’il s’agisse d’un voeux pieux.

            Pourtant - vu de loin - le monde professionnel de la bande dessinée ne semble pas si cloisonné sur le plan factuel (impression, distribution, présence d’auteurs dans différentes maisons, "clientèle" finale, etc.), ni si riche en effectifs, qu’il ne soit pas possible de convenir d’un programme de discussions commun...

            Répondre à ce message

            • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 7 juillet 2008 à  16:04 :

              Sans doute gagnerait-il à devenir le lieu de véritables confrontations argumentées entre les leaders des discours qui s’affrontent ces derniers temps sur la bande dessinée.

              Il semble que cela a été le cas. Il y a même eu des échanges entre Lewis Trondheim, Jean-Louis Gauthey de Cornélius, Thierry Groensteen, Xavier Guibert du 9 et moi sans que l’on se soit étripés, c’est dire. Il faut dire que je ne suis resté qu’un jour et que j’attends, comme tout le monde, les actes du colloque.

              Il n’est pas certain que des accords s’en dégageraient - c’est même improbable - mais le débat pourrait vivre dans un cadre plus respectueux.
              Mais je crains qu’il s’agisse d’un voeu pieux.

              Le fait est que, jusqu’il y a peu, c’était toujours les mêmes qui prenaient la parole sans vraiment d’opposition. Or, la confrontation est utile. je vous fais remarquer que je respecte profondément les personnes avec lesquelles j’ai polémiqué ces dernières années (cf mon ouvrage "Critique de la bande dessinée pure") mais il y a un certain nombre d’idées qui traînent qui continuent de me faire bouillir, surtout quand elles sont dites avec des arguments d’autorité. De même, la tentative systématique au dénigrement dont certains se sont fait une spécialité rencontre mon opposition automatique. C’est un réflexe.

              Il faut en effet porter le débat sur le bon terrain. Mon ami Charles Berberian ne comprend pas comment je peux défendre Filippini, tout en n’hésitant pas parfois à le traiter (gentiment, hein) de "crétin". Il est vrai qu’Henri a souvent écrit des énormités qui n’ont pas été relevées. Il est vrai aussi que la saillie de nos présidents d’Angoulême répondait à une attaque bêtasse de Filippini dans dBD au moment de leur élection. Mais on ne répond pas à des conneries pas d’autres conneries. Je n’avais pas lu l’article de Filippini dans dBD (cela peut surprendre, mais je ne lis pas tout). Si je l’avais lu, je lui serais rentré dedans.

              J’espère que Charles et Philippe vont employer leur temps à défendre les auteurs qu’ils aiment et ça, ils savent le faire avec talent. Pour l’anecdote, c’est Charles qui m’a conseillé de lire le Journal de Fabrice Neaud (éditions Ego comme X) quand il est sorti. Comme quoi, les échanges peuvent être productifs.

              Pourtant - vu de loin - le monde professionnel de la bande dessinée ne semble pas si cloisonné sur le plan factuel (impression, distribution, présence d’auteurs dans différentes maisons, "clientèle" finale, etc.), ni si riche en effectifs, qu’il ne soit pas possible de convenir d’un programme de discussions commun...

              Tout à fait d’accord avec vous. Mais chacun des acteurs est tellement investi dans son travail que le recul n’est pas toujours possible, et le temps pour la discussion aussi. Rien que pour cela, l’université d’été pourrait être utile. Mais il faudrait pour cela se donner un projet plus clair.

              Je ne recommanderai jamais assez aux responsables de l’Université d’interroger leur public cible sur les thèmes qui pourraient les intéresser, et de segmenter leurs journées en fonction des différents publics cibles (bibliothécaire, libraire, auteur, étudiant, etc.) de façon, peut-être, à faire des modules moins chers.

              Répondre à ce message

              • Répondu par Xavier Guilbert le 8 juillet 2008 à  17:23 :

                Au passage, c’est Xavier Guilbert, avec un « l » pour le nom de famille, à ne pas confondre avec Emmanuel Guibert chez qui le « l » est dans le prénom. C’est pas grand’chose, mais j’y tiens...

                Répondre à ce message

                • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 8 juillet 2008 à  17:29 :

                  Absolument. Aucune raison de vous couper les "l"...

                  Répondre à ce message

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