Quel est votre parcours dans l’univers de la bande dessinée ?
En fait, au début, c’est très classique. Un abonnement à Pilote pendant des années : Les aventures potagères du concombre masqué, Gotlib, etc. C’était chez Pilote un des auteurs que je préférais. Gai Luron, par exemple. Ensuite, Brétécher, qui a été très importante pour moi. Et puis Reiser. J’ai tout Reiser chez moi.
Votre présence à Angoulême montre son importance. Dans d’autres pays comme le Japon, il y a un véritable engagement du gouvernement aux côtés des éditeurs. Par exemple, l’éditeur qui a développé l’univers des Pokémon a été conseiller auprès du Premier ministre japonais. Est-ce qu’il y a de la part de votre ministère un véritable effort qui va être fait pour la faire rayonner au-delà de la France ?
Oui, certainement. Aujourd’hui, par exemple, la subvention qui est donnée au Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême est la première subvention du Centre National du Livre. Cette année, on a décidé de doubler les crédits d’intervention pour le livre, ce qui vaut évidemment également pour la BD. Je crois qu’il faut trouver toujours un équilibre entre le public et le privé. Ce qui est important pour la BD, c’est son indépendance. On en a discuté avec des petits éditeurs. C’est le souci de ne pas être dans la main d’éditeurs trop importants qui tiendraient trop fortement les rênes. C’est pourquoi c’est important qu’il y ait une intervention publique forte et, bien entendu, aussi de la part des mécènes privés. Je crois qu’il y a un bon équilibre qui a été obtenu à Angoulême. Si on peut aller plus loin dans l’effort, je serais très intéressée. Rien qu’en venant, j’ai pu sentir à quel point c’était dynamique et à quel point cela en vaut la peine.
On attend aussi de l’état qu’il se penche sur le statut des auteurs de bande dessinée. Un exemple : inexplicablement, le fisc ne considère pas le dessinateur de bande dessinée de la même façon que son scénariste. Le dessinateur n’est pas considéré comme un auteur…
Oui, effectivement, j’ai l’impression qu’il y a des réformes à mener. Il y a plusieurs sujets qui doivent être également traités comme par exemple le droit de prêt. Les auteurs de bande dessinée contribuent puissamment à toutes les recettes du droit de prêt alors qu’en fait, ils ne sont pas considérés comme pouvant ensuite en profiter. Je pense qu’il y a eu un espèce d’ostracisme pendant longtemps vis-à-vis de la bande dessinée. Le minimum que l’on peut dire, c’est que cela n’a pas lieu d’être. Nous allons travailler avec le syndicat de l’édition et les autres partenaires. Il y a sûrement des décrets à prendre pour rétablir une équité.
Propos recueillis à Angoulême, le 24 janvier 2007
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon, Christine Albanel. Photo : D. Pasamonik
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