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Christine Albanel (Ministre de la culture) : « La bande dessinée a subi un ostracisme qui n’a pas lieu d’être »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 28 janvier 2008                      Lien  
Fait exceptionnel, la ministre de la culture, Madame Christine Albanel a passé toute la journée du 24 janvier 2008 à Angoulême, visitant les expositions de la Cité de la Bande Dessinée de l’Image, parcourant le salon, déjeunant avec les éditeurs de bande dessinée. Dans l’après-midi, à l’occasion de l’inauguration, elle éleva Francis Groux , le fondateur du Festival, à la dignité de Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres. ActuaBD l’a rencontrée pour vous.

Quel est votre parcours dans l’univers de la bande dessinée ?

En fait, au début, c’est très classique. Un abonnement à Pilote pendant des années : Les aventures potagères du concombre masqué, Gotlib, etc. C’était chez Pilote un des auteurs que je préférais. Gai Luron, par exemple. Ensuite, Brétécher, qui a été très importante pour moi. Et puis Reiser. J’ai tout Reiser chez moi.

Christine Albanel (Ministre de la culture) : « La bande dessinée a subi un ostracisme qui n'a pas lieu d'être »
Christine Albanel, ministre de la culture, à Angoulême
Photo : D. Pasamonik

Votre présence à Angoulême montre son importance. Dans d’autres pays comme le Japon, il y a un véritable engagement du gouvernement aux côtés des éditeurs. Par exemple, l’éditeur qui a développé l’univers des Pokémon a été conseiller auprès du Premier ministre japonais. Est-ce qu’il y a de la part de votre ministère un véritable effort qui va être fait pour la faire rayonner au-delà de la France ?

Oui, certainement. Aujourd’hui, par exemple, la subvention qui est donnée au Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême est la première subvention du Centre National du Livre. Cette année, on a décidé de doubler les crédits d’intervention pour le livre, ce qui vaut évidemment également pour la BD. Je crois qu’il faut trouver toujours un équilibre entre le public et le privé. Ce qui est important pour la BD, c’est son indépendance. On en a discuté avec des petits éditeurs. C’est le souci de ne pas être dans la main d’éditeurs trop importants qui tiendraient trop fortement les rênes. C’est pourquoi c’est important qu’il y ait une intervention publique forte et, bien entendu, aussi de la part des mécènes privés. Je crois qu’il y a un bon équilibre qui a été obtenu à Angoulême. Si on peut aller plus loin dans l’effort, je serais très intéressée. Rien qu’en venant, j’ai pu sentir à quel point c’était dynamique et à quel point cela en vaut la peine.

Christine Albanel, ministre de la culture et Francis Groux, l’un des trois fondateurs du Festival d’Angoulême
Photo : D. Pasamonik

On attend aussi de l’état qu’il se penche sur le statut des auteurs de bande dessinée. Un exemple : inexplicablement, le fisc ne considère pas le dessinateur de bande dessinée de la même façon que son scénariste. Le dessinateur n’est pas considéré comme un auteur…

Oui, effectivement, j’ai l’impression qu’il y a des réformes à mener. Il y a plusieurs sujets qui doivent être également traités comme par exemple le droit de prêt. Les auteurs de bande dessinée contribuent puissamment à toutes les recettes du droit de prêt alors qu’en fait, ils ne sont pas considérés comme pouvant ensuite en profiter. Je pense qu’il y a eu un espèce d’ostracisme pendant longtemps vis-à-vis de la bande dessinée. Le minimum que l’on peut dire, c’est que cela n’a pas lieu d’être. Nous allons travailler avec le syndicat de l’édition et les autres partenaires. Il y a sûrement des décrets à prendre pour rétablir une équité.

Propos recueillis à Angoulême, le 24 janvier 2007

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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En médaillon, Christine Albanel. Photo : D. Pasamonik

 
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3 Messages :
  • Questions au gouvernement.
    28 janvier 2008 08:58

    1/ « La bande dessinée a subi un ostracisme qui n’a pas lieu d’être »

    Maintenant que la BD est un secteur en plein croissance, l’ostracisme s’estompe. C’est évident.

    2/ "Je crois qu’il faut trouver toujours un équilibre entre le public et le privé. Ce qui est important pour la BD, c’est son indépendance. On en a discuté avec des petits éditeurs. C’est le souci de ne pas être dans la main d’éditeurs trop importants qui tiendraient trop fortement les rênes. C’est pourquoi c’est important qu’il y ait une intervention publique forte et, bien entendu, aussi de la part des mécènes privés. Je crois qu’il y a un bon équilibre qui a été obtenu à Angoulême."

    Je ne vois pas le rapport entre l’équilibre à obtenir pour financer la création, l’édition et l’équilibre à obtenir pour financer un festival. (?)

    3/ "Les auteurs de bande dessinée contribuent puissamment à toutes les recettes du droit de prêt alors qu’en fait, ils ne sont pas considérés comme pouvant ensuite en profiter. Je pense qu’il y a eu un espèce d’ostracisme pendant longtemps vis-à-vis de la bande dessinée."

    Notre ministre veut parler de la partie (50%) de l’argent récoltée par la Sofia qui est censée devoir financer les caisses de retraites ? Parce que pour les 50 autres %, les éditeurs ont touché des sommes en novembre et devaient en redistribuer la moitié aux auteurs. Pour ce qui est des auteurs étrangers (pas français parce qu’il y a certainement beaucoup de belges et de suisses francophones à lire Actua BD), comment cela se passe-t-il ?

    http://www.la-sofia.org/indexSite.html

    4/ "Nous allons travailler avec le syndicat de l’édition et les autres partenaires. Il y a sûrement des décrets à prendre pour rétablir une équité."

    Ils peuvent aussi travailler avec le syndicat des auteurs de BD nouvellement créé. Moi, je propose aux auteurs de BD d’inventer quelque chose de plus large. Une société civile regroupant les auteurs de BD, les auteurs de livres pour la jeunesse (textes et dessins), les auteurs de l’animation et les auteurs de contenus web genre blogs BD. Pourquoi regrouper tous ces gens ? Parce qu’il y a une perméabilité qui commence à exister entre ces activités et que le futur ira de plus en plus en ce sens. Le rôle de cette société civile serait de défendre et gérer leurs droits.

    Répondre à ce message

  • Erreur de madame le ministre.

    Si par "droit de prêt", Christine Albanel parle de la Sofia... les auteurs et les éditeurs de bande dessinée ne sont absolument pas exclus. Ils peuvent être membres de cette structure.
    Les premiers versements pour le droit de prêt de l’année 2004 ont été versé fin 2007.

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    • Répondu par jean-philippe peyraud le 28 janvier 2008 à  13:37 :

      Petite précision :
      Jusqu’à présent le droit de prêt distribué par la SOFIA à ses adhérents ne concerne QUE les scénaristes de bande dessinée ou les auteurs « complets » qui avaient eu la chance d’être dénommé « écrivain-scénariste » par l’agessa.
      Le dessinateur n’est effectivement pas bénéficiaire de ce droit de prêt.
      La reconnaissance du dessinateur comme co-auteur et bénéficiaire de ce droit est un des chevaux de bataille du Groupement des auteurs de bande dessinée.
      Félicitons-nous de voir que madame la ministre a bien enregistré les doléances du Syndicat national des auteurs compositeurs et le groupement des auteurs bd.
      Comme vous pouvez le lire dans le bilan de l’année 2007 du GABD (http://syndicatbd.org/dotclear2/ ), le SNE et le SNAC ont décidé de travailler ensemble sur ce dossier.

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