Trois questions seront principalement débattues lors de ces deux assemblées. Tout d’abord, l’obtention d’un quitus sur la gestion de l’année 2006. Une année qui avait été marquée par le brutal licenciement de Jean-Marc Thévenet mais qui se solde positivement par rapport à l’édition 2007 du festival, tant financièrement, que du point de vue de l’organisation. La procédure en cours de M. Thévenet contre le Festival ne devrait pas aller très loin. Sa plainte au pénal contre une des employées du FIBD aurait été déboutée, ce qui conforterait l’association face aux Prudhommes dont l’audience aura lieu dans quelques mois. Le « triumvirat » mis en place pour l’édition 2007, malgré les handicaps qui lui étaient infligés, a réussi à sauver la mise tout en pérennisant le partenariat avec la Mairie, principale ressource du Festival, pour une période de trois ans. Cette assemblée ne remettrait pas en cause le mandat du président Francis Groux qui court pour un an encore.
Retour du Festival dans le centre-ville ?
La question du positionnement géographique et de l’orientation du Festival est le deuxième sujet crucial. Il semblerait, selon nos renseignements, que l’équipe du Festival est revenue sur une conception plus basique. Les « bulles » reviendraient dans le centre-ville avec, pour les éditeurs, l’attribution d’un espace plus restreint. C’était, selon nos sources, une revendication de Média-Participations. Il semble qu’elle ait été suivie. Un espace plus restreint signifie une plus grande tension entre les petits et les gros éditeurs dont l’issue en faveur des plus puissants ne ferait aucun doute. Les organisateurs auront à veiller à ce personne ne soit lésé, encore une gageure ! Du point de vue de la programmation, il semblerait que le CNBDI jouerait un rôle accru pour la partie culturelle. L’exposition en hommage au président 2008, José Muňoz, qui a veillé à s’adjoindre les auteurs de son pays qui ont nourri son art, Alberto Breccia en tête, mais aussi la nouvelle génération des créateurs argentins avec Carlos Nine en chef de file, se situera en tout cas dans les locaux de cette institution. On attend cependant du Festival une clarification de ses choix artistiques et une véritable politique d’engagement pour la représentation de tous les courants de la bande dessinée franco-belge contemporaine à l’heure de la mondialisation de la culture.
Une réforme fondamentale des structures
Ainsi que nous l’avions précédemment annoncé, le principal point d’intérêt de cette année sera cette Assemblée Générale Extraordinaire dont l’objet est de modifier le point 2 des nouveaux statuts proposés au vote de l’association : « Pour permettre d’assurer au festival le meilleur statut possible sur un plan national et international, l’association pourra déléguer à titre exclusif l’organisation et le développement de cet évènement à une équipe professionnelle autonome, intégrée au sein d’une structure dédiée… » Cette structure, une SARL, serait dirigée par Franck Bondoux et son équipe et reprendrait tous les salariés du FIBD. Cette réforme se justifierait par l’inadaptation de la nature bénévole et associative actuelle par rapport aux enjeux actuels du marché de la BD : arrivée des mangas, explosion du nombre d’éditeurs, augmentation exponentielle de la production. Selon Francis Groux, le président du FIBD, un expert a été nommé en septembre dernier pour élaborer une solution qui réponde à cette réforme souhaitée aussi bien par les éditeurs, que par les institutionnels ou encore les sponsors. La solution retenue s’inspirerait des statuts du Printemps de Bourges. L’association confiera donc pour trois ans un mandat à cette SARL et limitera son action à la prise en charge des opérations « caritatives et pédagogiques », et à la gestion du recrutement et de la participation des bénévoles. Une autonomie pleine et entière est laissée donc à la SARL en charge de l’organisation et du financement du Festival.
L’association a cependant pour mission de vérifier que l’exécution du contrat soit parfaitement conforme au mandat qui a été donné. Il faut espérer que celui-ci sera rédigé sans naïveté et avec suffisamment de sens tactique pour qu’aucun coup de force ne soit possible, pour autant que le mandataire choisi en ait l’intention. Car, comme toujours dans ces matières, ce n’est que face aux difficultés que les processus mis en place se révèlent. L’indépendance de la gestion du Festival est sans doute une bonne chose, tant qu’elle imprime du volontarisme et de l’énergie par rapport à des objectifs clairs. Mais il ne faut pas se voiler la face : le centre de décision du Festival sera désormais parisien et l’architecture mise en place lui donnera les pleins pouvoirs jusqu’à ce que son mandat soit remis en question.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Francis Groux. Photo : D. Pasamonik
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