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Législatives 2007 : Le créateur de bande dessinée Jean-Luc Coudray est candidat

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 12 mai 2007                      Lien  
A l’occasion des législatives qui auront lieu en France en juin 2007, l’écrivain et dessinateur de bande dessinée Jean-Luc Coudray se présente à Bordeaux sous la bannière du « Parti de la décroissance ». Est-ce un gag, dont cet humoriste est si coutumier ? Non pas. Il s’agit d’un programme très sérieux, parfaitement en cohérence avec son travail pour la bande dessinée.
Législatives 2007 : Le créateur de bande dessinée Jean-Luc Coudray est candidat
Béret et Casquette
Prix Lycéen 2007 de la BD d’humour

Jean-Luc Coudray, 47 ans, c’est 35 livres de récits, nouvelles, bandes dessinées, dont un bon nombre en collaboration avec son frère jumeau Philippe, publiés chez 20 éditeurs, dont certains en sept langues et sept titres publiés au Japon et en Chine populaire. Ce sont des travaux publiés dans Fluide Glacial, Psychopat, Sud-Ouest, La Vie, Capsule Cosmique, etc. ; un prix Alphart en 1990 pour Séjour en Afrique (avec Alain Garrigue, chez Rackham) et récemment, le Prix Lycéen 2007 de la BD d’humour pour Béret et Casquette. Son travail se caractérise par un humour abstrait, poétique et philosophique qui en fait un des meilleurs moralistes de notre temps.

Alors, cette candidature aux législatives, c’est un gag à la Coluche ? Jean-Luc Coudray, qui sait ce que faire de l’humour veut dire, répond gravement : « Les hommes politiques “sérieux” accélèrent un processus de croissance infinie dans un monde fini et programment ainsi notre faillite prochaine. La véritable attitude “sérieuse” consiste à anticiper une décroissance brutale provoquée par le manque de ressources en pétrole, en eau, en matières premières, en organisant une décroissance douce et soutenable. » Nous sommes donc dans un registre militant, voire grinçant, qui ne fait que prolonger le combat du Franquin des Idées noires, ou la verve écologiste d’un Reiser.

Dessin de Jean-Luc Coudray

Jean-Luc Coudray a néanmoins rejoint un groupement existant, le Parti de la décroissance : « Ce parti vient de personnes qui ont créé la revue “Casseurs de Pub” puis “Décroissance - Le journal de la joie de vivre” raconte notre candidat. Ils ont créé en avril 2006 le Parti pour la Décroissance. J’étais depuis longtemps abonné à Décroissance et Casseurs de Pub, adhérant aussi au RAP (Résistance à l’Agression Publicitaire). Quand j’ai appris la création du parti, j’ai trouvé enfin un programme qui sortait de la pensée unique du productivisme, et j’y ai adhéré. Je n’en suis pas un membre fondateur. »

Son programme est assez simple : retourner au mode de consommation la France des années 70, avant que la mondialisation n’impose « le déménagement planétaire », qui génère certes des économies et des profits pour les industriels, mais qui ne prend pas en compte le coût écologique de l’opération : «  Dans les années 70, théorise Jean-Luc Coudray, l’empreinte écologique de la France était inférieure à une planète. C’était donc tout-à-fait durable. Or, aujourd’hui, elle correspond à trois planètes (si tout le monde vivait comme nous). Cependant, nous ne nous chauffons pas trois fois plus et nous ne mangeons pas trois fois plus. Ce qui augmente la consommation, c’est la multiplication des transports, c’est le “déménagement planétaire”. Quand nous consommons une boîte de sardines, nous en consommons comme trois à cause des transports. Si on revenait vers une économie plus localisée, nous pourrions consommer presque comme maintenant… En réduisant quand même notre consommation de gadgets inutiles… »

Une affiche de campagne de J-L. Coudray

On comprend mieux pourquoi ce pourfendeur de l’absurdité et de la bêtise humaine a rejoint et milite pour ce mouvement. Mais que se passera-t-il s’il venait à être élu ? « Je serai pris à mon propre piège, répond Jean-Luc en souriant. Sans doute ferai-je une BD sur la décroissance… »

Jean-Luc Coudray n’est pas la première personnalité de la bande dessinée à se présenter aux élections. Récemment, les Belges Thierry Tinlot (rédacteur en chef de Fluide Glacial) et Bruno Gazzotti (dessinateur de la série Soda chez Dupuis) étaient également candidats sur des listes… écologistes. On peut aussi mentionner l’essayiste Yves Frémion, également élu des Verts. La bande dessinée est-elle soluble dans l’écologie ? Le verdict en juin prochain.

Une page de Béret et Casquette
(c) Editions La Boîte à Bulles

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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20 Messages :
  • Comme autre bédéiste homme politique on a aussi
    Serge de Beketch.
    Ce scénariste a participé aux grandes heures de Pilote avec de la BD actu.
    Il également fait 3 albums avec Loro chez dargaud et Le Cygne.. c’est aussi lui qui rédigera pour les éditions Publicness les versions françaises des revues américaines "Eerie”, "Creepie” et "Vampirella”

    C’est un militant frontiste, il a même été directeur de national hebdo, Loin idées de de Coudray ou Frémion donc (et des miennes par la même occasion) mais homme politique quand même.

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    • Répondu par Didier Pasamonik le 13 mai 2007 à  12:34 :

      Ce dont vous nous parlez, ce sont quand même de très vieilles choses qui n’ont d’ailleurs pas marqué l’histoire de la bande dessinée.

      Par ailleurs, que je sache, M. De Becketch n’a jamais sollicité de mandat électif, ce qui est le cas des personnes citées dans cet article.

      Et puis, peut-on vraiment qualifier ce journaliste qui a fait sa carrière dans l’entourage du Front National et de Jean-Marie Le Pen d’ " homme politique" ?

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      • Répondu par Jerome le 14 mai 2007 à  08:57 :

        En effet, sur Wikipedia, nulle trace d’une activité d’homme politique. S’il s’agit d’un journaliste politique, ce n’est pas un homme politique et il n’a visiblement pas sollicité de mandat électif.
        En revanche, et, je pense, pour un tout autre bord politique, il me semblait avoir lu ou entendu que Ted Benoit avait eu un temps des activités politiques, au sein de la petite ville normande. Il me semble que c’était pendant la réalisation de "L’Affaire Francis Blake".

        Voir en ligne : http://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_...

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  • Nous sommes beaucoup de gens qui ne voulons pas la mondialisation sauvage des USA, a coup de dollar et de guerres dans le Monde entier, (voir Iraq, etc.).
    C’est pour ça que je trouve pas mal votre idee de retourner aux temps d’une consomation plus rationelle, plus humaine, et si ça veut dir avoir une voiture moins puissante, porquoi pas ?.
    Je me souviens avec joie de ma premiere citroên Diane 6.
    Maintenant on vous vend toujours des histoires de consomation mais on n’arrive avec ça a etre aussi hereux que avant.
    Je sais pas si vous aurez succés avec votre programme mais je vous souhaite tout le meilleur, avec mes amitiés.
    Ramon (Un collectionneur de BD).
    Tarragona - Catalogne - Spagne

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  • Pfff ! Ces slogans sur la décroissance sont basiques, dépassés, mais heureusement bien isolés dans notre monde aujourd’hui. Même les Polonais ou même les Chinois ont compris où était leur avenir. Pauvre France !
    Tiens, éthymologiquement "réactionnaire" veut dire "conservateur, attaché au maintien de certaines règles, des habitudes, etc.". Bref, anti-révolutionnaire. Alors, un immobiliste (pardon : décliniste !) comme Coudray n’est-il pas le réac du XXIe siècle ? En France, le révolutionnaire du 21e siècle n’est-il pas justement celui qui veut aller de l’avant, favoriser l’innovation, le développement des compétences, bref le partisan de la croissance ???
    Mais heureusement nous sommes en démocratie et Mr Coudray a le droit de présenter ses idées, comme nous avons le droit de les trouver "has been".

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    • Répondu par Xime le 20 mai 2007 à  14:27 :

      "Même les polonais et même les chinois", dites-vous ? C’est vrai qu’on en attendait pas autant de ces sous-hommes !!

      Sérieusement, avant de prendre ainsi position sur un sujet, ayez l’honnêteté intellectuelle de vous demander si vous avez des raisons d’y être opposé. J’ai l’impression que votre réaction est instinctive, épidermique, irréfléchie : "La décroissance, mais c’est dépassé !"
      Ce n’est pas parce qu’une idée est passée de mode qu’elle est forcément mauvaise. D’ailleurs la mode, ça repart et ça revient...

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  • Bonjour, en ce qui me concerne, le thème de la décroissance est ce qui est arrivé de plus original à la politique depuis longtemps. Tellement de choses parfaitement inutiles sont produites. Arrêtons de les produire et voilà déjà le chemin de la décroissance emprunté. Evidemment, cela doit s’accompagner d’une réorganisation du travail, d’une répartition des richesses au minimum. Les conservateurs sont en fait ceux qui ne veulent aucun changement. Seuls les démagogues persévéreront dans le productivisme à tout crin. La décroissance n’est pas un retour au moyen-âge, n’en déplaise aux dépourvus d’imagination effrayés par l’éventualité de voir leur petit train train quelque peu transformé. Voir le site Casseurs de Pub pour en savoir plus.

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    • Répondu le 16 mai 2007 à  11:08 :

      Hé hé, Mr Gilbert, renseignez-vous un peu mieux : le thème de la croissance zéro date de 1970, et on sait ce qu’il est advenu de ceux qui y ont cru. Mais c’est hors sujet BD, Mr Coudray a tout à fait le droit d’y croire, heureusement pour tout le monde cette théorie fait partie des nano-particules politiques au XXIe siècle.

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  • Je remonte ce sujet car je suis tombé sur cet article http://www.ouest-france.fr/la-liste-menee-par-philippe-cesbron-est-deposee-1989793 montrant qu’Etienne Davodeau est candidat dans la ville de Rablay-sur-Layon.

    Il sera élu à coup sur vu qu’il n’y a qu’une liste.

    Du coup je me suis dit que ça serai intéressant de voir qui sont les auteurs de BD candidat aux municipales, difficile de les voir tous bien sûr mais outre Davodeau j’ai vu M. Frémion à Paris, Maël Rannou à Laval, etc. Y aurai un sujet marrant à creuser.

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