Saigon (Cochinchine) : Officier déchu, Alan Thomas tente d’oublier sa déprime dans les fumées voluptueuses de l’opium. L’agression de son voisin de "fumerie", un certain Jonquière, le fait sortir de sa léthargie lorsque le nom de "Duranton" est prononcé. Les deux hommes se trouvent alors un point commun ou plutôt un ennemi commun : Alfred Duranton, un homme d’affaire véreux, aventurier et trafiquant de haut vol, qui s’en est pris à la carrière de l’un et en veut aujourd’hui à la fortune de l’autre. Alan s’embarque alors dans une grande aventure où se mêlent pirates, vente d’armes, cité mystérieuse, et secrets de filiations...
"Je suis amusé à rendre hommage à Jean-Michel Charlier en créant une œuvre originale qui lui aurait sans doute plu. Dargaud trouve avec ce projet une série classique conforme à son catalogue historique mais avec une réelle modernité dans la couleur et le rythme de l’action." nous confiait Jean-Claude Bartoll. L’auteur de la série à succès Insiders s’est donc inspiré du créateur de Barbe-Rouge, Buck Danny et autres pour établir dans Mékong un cadre exotique et historique propice à la grande aventure, une foule de rebondissements et une présentation détaillée des nombreux personnages. Le résultat est efficace, solide et distrayant, mais reste somme toute assez conventionnel. Est-ce un mal pour autant ? L’originalité n’est pas systématiquement synonyme de qualité... Bartoll signe ici un scénario bondissant qui appâte le lecteur par ses développements à venir.
Pour un premier album, le travail de Xavier Coyère est soigné et élégant. Son trait réaliste campe bien les personnages. Il est juste dommage que ses arrières plans se simplifient en cours d’album jusqu’à manquer de détails. Par exemple, la scène de l’attaque des pirates semble un peu vide, impression renforcée par les aplats de couleurs de Claire Champion. Les premières planches démontrent le potentiel du graphisme de Coyère. L’auteur devrait donc s’affirmer et gagner en maîtrise au fur et à mesure des épisodes.
Pour un album de mise en place, Or rouge est plutôt prometteur. Si le dessin de Coyère explore pleinement les décors de l’Indochine du XIXème siècle, le scénario de Bartoll devrait faire le reste.
(par Laurent Boileau)
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