Placée en épigraphe de l’ouvrage, la théorie du chaos d’Edward Lorenz (« le battement des ailes d’un papillon au Brésil pourrait, amplifié par les courants atmosphériques, provoquer une tornade au Texas deux semaines plus tard ») semble parfaitement le résumer : Versus est le nom d’une société qui se donne pour but de rendre des services à des personnes en difficulté qu’elle sollicite pour les sortir de leur détresse, à condition que ces personnes se rendent inconditionnellement disponibles pour Versus. Mais, bien entendu, les petits services que demande Versus ont par ailleurs de grandes conséquences qui se paient au prix fort. Aussi, accepter de collaborer avec cette société marque le début d’un enchaînement d’actions et de faits sanglants.
En dépit de quelques approximations, le travail des deux auteurs espagnols (Josep Maria Polls au scénario et José Maria Beroy au dessin) se lit agréablement. On devine au sein des quatre histoires présentées, glauques, crapuleuses, immorales, l’action des trois agents de l’ombre de Versus. Entre poursuite obsessionnelle d’un shérif, règlements de comptes, ruine financière et tromperie sentimentale, l’action est haletante, et parfois plus légère, proche de l’ironie. Elle manque cependant de cohérence générale, tant la succession événements se fait parfois de manière éclectique et décousue : à trop vouloir en faire, les auteurs nous perdent dans un enchevêtrement d’intrigues dont on oublie le but final. De la même manière, le style graphique est inégal, entre scènes sombres particulièrement réussies et d’autres plus anecdotiques.
(par Damien Boone)
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