L’agence de détectives privés Okawabata propose ses services divers et résout les énigmes, même les plus coriaces. Ils forment un trio brillant et leur agence est réputée dans toute la capitale. C’est ainsi que Takeshi Muraki, trentenaire à la clairvoyance impressionnante, Megumi, la secrétaire joviale et impulsive ainsi que le doyen qui gère l’agence en toute décontraction forment une équipe de choc solidaire et unie. Rien ne leur résiste... grâce à leur talent hors-pair et à leur flair. Ils sont en permanence au cœur d’enquêtes très subtiles dont ils se font un plaisir de résoudre car leur travail passe inéluctablement avant tout le reste.
À chaque profil de la clientèle, son détective de prédilection : Takeshi, s’adapte aisément en fonction de son interlocuteur, homme de terrain et empathique, il incarne un détective à l’approche commerciale. La standardiste, Megumi, quelque peu naïve, joue son rôle de jeune femme au caractère bien trempé malgré le fait qu’elle reste plutôt dans l’ombre, et bien sûr, le boss de l’agence qui, par son réseau d’informateurs plus puissant qu’Internet, contrôle l’opération. Bref, un trio qui fonctionne en adéquation, qui s’illustre brillamment et qui fait ses preuves à chaque enquête.
Malgré une approche plutôt réussie (les minis enquêtes s’enchaînent et affichent un choix éclectique de personnages secondaires), il faut cependant se rendre à l’évidence : on reste quelque peu dubitatif face à la trame qi nous est proposée. Les différentes énigmes démarrent au quart de tour, enjolivent le spectacle mais sont ternies par leur rapidité d’exécution. Et que dire de leur mode de fonctionnement, systématiquement répétitif (un client se présente à l’agence, on envoie Takeshi au casse-pipe, et en deux temps, trois mouvements, l’énigme est résolue...) On savait les Japonais adeptes des cadences effrénées, mais quand même... Ceci dit, l’ennui n’est pas à l’affiche non plus, mais de la part de l’auteur de Coq de combat, on s’attendait évidemment à un autre niveau de prestance.
Graphiquement, Akio Tanaka démontre une fois encore la force qui se dégage de son trait. Subtil et fin, son dessin unique caresse la perfection. Que ce soit pour créer une ambiance malsaine, en jouant des ombres, ou encore dans la minutie des détails d’arrière-plan, il permet au lecteur de s’attarder longuement, chaque parcelle de la case apportant son plaisir.
Tokyo River’s Edge déçoit pour l’instant, surtout par son rythme. Espérons que l’auteur s’appliquera à moins d’enquêtes et qu’elles soient plus longues et plus attachantes.
(par Marc Vandermeer)
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