Au début du 20e siècle, dans une petite ville d’Oklahoma, on découvre un homme bourru et usé par la vie : Emmett Dalton. Il a abandonné les armes depuis longtemps. Après avoir passé une quinzaine d’années en prison, il s’est complètement retiré de la vie publique et ne souhaite en aucun cas ressasser le passé. Un jour, John Tackett, producteur de cinéma, le retrouve dans la ville de Tulsa où il a choisi de demeurer en exil. Celui-ci lui propose de porter l’histoire des frères Dalton au cinéma. Le refus est net et catégorique mais Emmett reconsidère finalement sa position, voyant dans cette proposition une opportunité de laver l’honneur de sa famille en démystifiant la légende autour de ces criminels. Démarre alors, la véritable histoire des frères Dalton.
Mauvaise Réputation est un récit intimiste qui détruit le mythe du western fantasmé tel que l’on peut le retrouver dans le cinéma de John Ford. Antoine Ozanam et Emmanuel Bazin s’affranchissent des clichés et des stéréotypes du genre pour proposer un récit sombre et introspectif dans lequel, un anti-héros mélancolique, Emmett Dalton, peine à se réconcilier avec sa conscience. Cependant, il est prêt à raconter cette histoire pour rétablir un semblant de vérité. Antoine Ozanam prend le temps, décrit le silence et construit ses personnages de façon complexe et nuancée. Rien à voir avec le manichéisme des canons du western. Ici, l’ambiguïté est présente et il nous sera difficile de déterminer avant le terme, la véritable nature du personnage en face de nous.
Comme le demande Emmett au producteur :
« - Pourquoi raconter la vie des Dalton ? Vous devriez prendre des héros. - Oui, mais le public préférera voir un film de bandits dont ils ont entendu le nom. - Putain de célébrité. »
L’album doit beaucoup au travail exceptionnel d’Emmanuel Bazin. Dans ce premier album complet, il s’est complètement surpassé en proposant des planches entièrement réalisées au lavis. On sent les influences d’Edward Hopper comme de Manuele Fior. Il s’inspire des peintres américains sans tomber dans une peinture opaque et dure. Ce côté vaporeux caractéristique de l’encre rendent ses planches uniques et irréprochables. On pourrait presque croire à de la couleur directe, mais ne vous y trompez pas : l’auteur peaufine chaque case une à une au lavis avant de passer par Photoshop pour rajouter la couleur. Le rendu est impressionnant et d’une rare finesse.
La première partie d’un diptyque biographique, énigmatique et intimiste qui broie les clichés pour décrire une époque, une certaine réalité, dans ce qu’elle avait de plus cru, de triste et de violent. De l’anti-western.
(par François RISSEL)
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Mauvaise Réputation "La Véritable histoire de Emmett Dalton" - Par Ozanam et Bazin - Ed. Glénat
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