Dans la vague d’articles résumant l’édition du Comic-Con de cette année, il est une analyse qui retient notre attention. Depuis 2000 et le premier X-Men, nous sommes en pleine vague de films de super-héros. Plus qu’une mode, c’est un genre qui s’est imposé au cinéma -un peu comme le western, sérieusement porté par la maîtrise de l’infographie qui permet de rendre crédibles pratiquement tous les super-pouvoirs. Or, Paul Schrodt, l’auteur d’un article dans Esquire, "Life after Super-Heroes évoque une quasi-déprime ("a strange lack of Joy"), lors de la dernière convention de San Diego, la plupart des studios étant sur le point d’épuiser les franchises les plus connues.
Ainsi, de la même façon que l’on pouvait constater cette année une présence de super-héros moins importante que précédemment dans la sélection des Eisner Awards, les studios Hollywoodiens ont été plus discrets que jamais lors de la dernière édition du Comic Con’ de San Diego : Aucun projet aux super-pouvoirs parfaitement calibrés n’a été révélé, rien que des développements déjà en cours : Le reboot de Spider-Man, celui de l’homme d’Acier par Zack Snyder, la fameuse trilogie Tintin (« Who’s that guy ? » devaient se demander les festivaliers) et enfin un casting en cours pour Akira à New-York (« I beg your pardon ? » ont dû éructer les lecteurs du manga).
Marvel a fini d’introduire ses personnages pour « The Avengers », mais après, il y a comme un trou d’air…
Christopher Nolan promet pourtant du lourd, du très très lourd, pour clore sa trilogie... Mais même l’annonce d’un indice dans l’affiche du prochain « Batman » tire des plaisanteries de la part des fans tandis que les experts commencent à voir un peu trop souvent les rapiècements de façade...
On sait déjà, depuis le relatif échec du Superman de Bryan Singer, que même les plus grands peuvent chuter, surtout que le public amateur de comics est un curieux mélange de geeks hard-core capable de citer la moindre bataille épique d’une légende à cape et du très grand public n’en connaissant que vaguement les grandes lignes.
Cette perspective donne du grain à moudre à l’analyste financier Vasily Karasyov qui n’hésite pas à envisager une "mort des super-héros" au cinéma pointant une surévaluation manifeste du rachat de Marvel par Disney qui a acquis la Maison des Idées en 2009 pour 4 milliards de dollars.
À cela, il faut ajouter une autre constatation : les films en 3D semblent lasser le public. Trop de bricolages pour créer du relief, une maîtrise technique complètement approximative après Avatar, un équipement très coûteux qui, en plus, pose des problèmes de DRM, doté d’une qualité très faible de projection en seraient la cause… La 3D se montre moins rentable que prévu depuis le début de l’année.
L’industrie du cinéma a beau afficher des résultats financiers exceptionnels ces dernières années (malgré la kryptonite du piratage, à se demander si…), la question se pose de savoir si elle n’a pas profité d’une double bulle qui, aujourd’hui, menace de donner quelques signes de faiblesse.
Mais chuuuut.
(par Xavier Mouton-Dubosc)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
En médaillon : Green Lantern (C) DC Comics — Photo D. Pasamonik (L’Agence BD). Le film sort en salle en France le 10 août prochain.
Participez à la discussion