On pourrait se croire revenu au temps de Il était une fois... la Vie, la culte série d’animation d’Albert Barillé, vieille de plus de trente ans à présent. Mais il n’en est rien, puisque Akane Shimizu, la mangaka des Brigades immunitaires, confesse, lorsqu’on lui demande si elle s’est inspirée pour son manga du dessin animé franco-japonais, découvrir la série maintenant qu’on lui en parle.
Et pour cause : derrière des similitudes dans le projet global, l’approche s’avère très différente d’une œuvre à l’autre. En effet, le corps humain tel que représenté dans Les Brigades immunitaires n’a au fond pas grand chose d’organique ou de charnel. Tout y épouse la forme d’un paysage urbain et le cadre s’apparente à un univers industriel, avec ses bâtiments, ses usines, ses couloirs, ses machines et ses gadgets.
Les protagonistes y apparaissent tels des personnages classiques de manga, parfaitement anthropomorphes pour ce qui est de cellules du corps humains. Et davantage comme des monstres humanoïdes lorsqu’il s’agit d’agents infectieux, de virus ou de bactéries. Le pneumocoque et le staphylocoque doré prennent des allures arachnéennes ou insectoïdes quand la grippe adopte la forme d’une invasion de zombies.
On retrouve ainsi, en fil rouge des différentes aventures, un globule blanc et un globule rouge, homme pour l’un, femme pour l’autre, flirtant légèrement entre deux crises à gérer. Et ponctuellement divers lymphocytes, thrombocytes, macrophages ou encore cellules-mémoires. Leur représentation s’appuie sur des codes manga assez balisés en termes de caractérisation physique et morale, de façon à simplifier et fluidifier une lecture, par ailleurs parfois complexe.
Car Les Brigades immunitaires est une série qui se veut réellement didactique. Et s’il s’agit d’une œuvre de divertissement, la vulgarisation entreprise ne fait pas l’impasse sur la dimension scientifique du sujet. On a ainsi droit, parfois, à des explications méticuleuses du fonctionnement de certaines cellules. À ce niveau-là, c’est donc assez remarquable.
Akane Shimizu explique s’être lancée dans ce projet sur une demande de sa petite sœur qui avait une leçon sur le système immunitaire. Et prise au jeu, elle s’est totalement appropriée le sujet avec un souci du détail qui confère une réelle densité à son travail. Comme par exemple dans l’épisode du virus de la grippe qui voit un lymphocyte dit "naïf" devenir effecteur.
Si l’on ajoute à tout cela une touche d’humour qui accompagne continuellement l’action et un graphisme soigné qui témoigne d’un souci constant de lisibilité, on tient-là un manga pédagogique et ludique qu’on ne saurait trop recommander, notamment à un public de collégiens ou de lycéens intéressé par les sciences et la biologie.
(par Aurélien Pigeat)
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