Par une nuit éclairée d’une pleine lune, Forest Inmann et Orson, son fils de 13 ans, sont dans un endroit reculé du désert californien, à bord d’une voiture. L’endroit est lugubre : dans l’obscurité, on devine des animaux sauvages qui semblent les observer, ainsi que des tombes abandonnées.
Après une longue route, Forest trouve enfin la maison de retraite qu’il cherchait. Se faisant passer pour le représentant d’une mutuelle de santé chargée de constater les soins apportés aux résidents, il parvient à pénétrer dans l’établissement pour rencontrer celui qu’il cherche depuis des années : T.F. Merrit, connu dans la résidence sous le nom de Charles Patrick. Il est l’auteur de La Nuit de la goule, un film d’horreur dont un incendie en 1956 a emporté tous les souvenirs. Selon Forest, ce film est un chef d’oeuvre, et il parle en connaissance de cause : il en a retrouvé la bobine originale.
Un temps rétif, l’ancien réalisateur, à l’allure grabataire, le corps brûlé et placé sous oxygène, s’ouvre peu à peu et semble signifier qu’il serait retenu ici contre son gré par une équipe médicale qui aurait mis la main sur le terrible secret que son film a fait naître.
À l’aide de son fils, Forest se lance alors dans un combat pour rendre justice à ce grand réalisateur incompris, qu’on fait passer pour fou. Mais, dans ce théâtre d’horreur, qui manipule qui ?
Scott Snyder reprend ici le mythe de la goule, créature monstrueuse originaire de la littérature arabe qui, dit-on, aime se nourrir des cadavres qu’elle déterre dans les cimetières. L’ensemble comporte quelques clins d’oeil aux fils d’horreur des années 1950, où encore aux récits de Lovecraft chez qui apparaissait parfois de tels êtres.
Le scénario, bien ficelé, jongle entre la rencontre Forest/Merrit et quelques flash-backs (en noir et blanc) évoquant la genèse du film. Les teintes de Francesco Francavilla oscillent entre lumières pâles au sein de la maison de retraite et franchement vices quand l’action devient horrifique. En dépit d’un épilogue assez prévisible, donc décevant, l’ensemble est haletant et se lit de façon très fluide.
(par Damien Boone)
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