Il n’y a pas plus central à Bruxelles : sous la Gare Centrale précisément, l’un des derniers chefs d’œuvre architecturaux de Horta. C’est dans cet endroit que la Fondation Leblanc installera ses locaux dans les prochaines semaines.
Initiée en 2006 par le fondateur des éditions du Lombard, Raymond Leblanc qui souhaitait pérenniser le souvenir de son entreprise, du Journal Tintin et de la société de dessins animés Belvision, ce petit espace muséal était situé dans un étage du Building Tintin, pas vraiment adapté pour attirer les foules, en dépit de sa proximité avec la Gare du Midi.
Mais c’est bientôt près d’une autre gare que l’on devrait pouvoir visiter les prochaines expositions de la Fondation, à la Gare Centrale, en plein cœur de Bruxelles, à deux pas de la Maison de la Bande Dessinée et à près de 200 mètres du Centre Belge de la Bande dessinée, dans un nouvel espace bruxellois consacré au 9e Art, le MooF (Museum Of Original Figurines).
Trois personnes avaient porté la fondation à bras le corps toutes ces années : Natacha Leblanc (l’une des filles de Raymond Leblanc), la très entreprenante Paulette Smets, directrice de Belvision et ancien bras droit de Raymond Leblanc ainsi qu’un représentant des éditions du Lombard, Yves Sente.
L’espace occupait 300m2 et donnait à voir la salle de projection privée de Belvision, où ont été projetés les premiers dessins animés de Tintin, d’Astérix, des Schtroumpfs et de Lucky Luke, mais aussi l’imposante caméra avec laquelle les cellos d’animation étaient clichés suivant la méthode de Walt Disney.
Le reste de l’espace était occupé par des panneaux didactiques retraçant l’histoire de la célèbre maison d’édition bruxelloise. Ces locaux avait été inaugurés en grande pompe le 26 septembre 2006, le jour du 60e anniversaire des éditions du Lombard. Cuvelier, Les Héroïnes dans la BD, Tibet, René Goscinny, L’Orientalisme dans la BD,... ont été les sujets accrochés à leurs cimaises.
Le décès de Raymond Leblanc en mars 2008 a changé la donne. Ses héritiers et les éditions du Lombard ne voulaient plus assumer seuls la charge financière de cette initiative, attendant des autorités une aide publique suffisante qui n’est jamais venue.
À la fois pour donner une nouvelle impulsion à cette entreprise et pour grouper ses efforts avec d’autres initiatives s’adressant à des publics semblables ou proches, la Fondation Leblanc installe ses pénates au MooF, le « Museum of 0riginal Figurines » [1], lui-même situé dans la « Galerie Horta », un espace souterrain placé sous la Gare Centrale de Bruxelles et la Place d’Espagne, rénové à grands frais en 2008.
Associée au MooF
Le MooF, un projet ambitieux, est financé par des capitaux privés. Il occuperait d’après nos sources pas moins de 1000m2. Il comprendra un musée consacré aux figurines, une librairie spécialisée, un lieu de restauration et différentes salles de réception.
« Par ce partenariat, la Fondation Raymond Leblanc entre dans une autre dynamique et s’ouvre à un public plus large, apprend-on sur le site de la Fondation. Ce nouveau cadre, par sa situation centrale, offrira une accessibilité et une visibilité beaucoup plus importante aux différentes activités de la Fondation".
Le prochain Prix Raymond Leblanc devrait y être décerné fin septembre. Les jeunes auteurs primés y verront leurs œuvres exposées.
Bientôt rejoint par les Schtroumpfs
Le MooF et La Fondation Leblanc seront rejoints par un troisième partenaire : I.M.P.S, la société gestionnaire des Schtroumpfs dont le dernier film a été un véritable succès qui a complètement relancé les personnages en Belgique comme en France.
Les concepteurs de ce projet misent sur la visibilité de ce lieu de passage où transitent journellement des dizaines de milliers de navetteurs. Situé face à la Grand Place, ce passage s’ouvre vers le centre-ville et est très fréquenté par les touristes.
Est-ce qu’un musée de l’objet 3D, associé aux Schtroumpfs et à un acteur historique de la BD belge seront suffisants pour fidéliser un public nombreux ? Peut-être.
Après tout, le Centre Belge de la BD qui cumule de deux points forts de la culture belge, l’Art Nouveau et la Bande Dessinée, est aujourd’hui en équilibre, en dépit d’un apport limité de fonds publics. Cependant, il jouit d’un avantage considérable : la Régie des bâtiments, propriétaire des murs, le dispense du versement d’un loyer en échange d’un entretien de l’immeuble, suite à une décision du Ministre Didier Reynders. De plus, tout comme le CBBD, le MooF devrait tirer une partie de ses revenus de la location de ses salles pour des événements privés, ce qui mettra les deux institutions en concurrence.
En revanche, si ces différentes entités collaborent, ces initiatives augmenteront l’attractivité de Bruxelles comme l’une des capitales de la bande dessinée européenne.
(par Nicolas Anspach)
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Lien vers les sites du Moof et de la Fondation Raymond Leblanc
Le MooF ouvrira ses portes le 28 septembre 2011.
[1] Nouvelle appellation de « Nine City » anciennement situé Boulevard Reyers, à Bruxelles
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