« J’entame aujourd’hui l’adaptation en bandes dessinées du Petit Prince, d’Antoine De Saint Exupéry, écrivait Joann Sfar le 13 mai dernier sur son site. Je pense que chacun a son histoire avec le Petit Prince. Pour ma part, c’est l’ouvrage qui m’a permis d’apprendre ce qu’était la mort, ce que c’était de s’apprivoiser, c’est aussi le livre des aquarelles. On m’ouvre les portes du musée du Bourget, je vais dessiner des Caudron Simoun. Le mécanicien me démonte le moteur, ça donne envie. Si je travaille bien, le livre pourrait paraître pour Noël, mais même mon éditeur semble ne pas y croire. C’est Brigitte Findakly qui fera les couleurs car je ne souhaite pas jouer le mimétisme avec le dessin de Saint Ex, je ne veux pas mettre mes aquarelles derrière les siennes. Ca va être son histoire mais mon dessin. » C’est en tout cas un évènement énorme qui aura un retentissement international.
Mais d’autres auteurs emboîtent (ou précèdent) le pas. Et notamment Pascal Rabaté qui adapte Harry est fou d’après Dick King-Smith (septembre 2007), Bruno Heitz qui adapte Le roman de Renart (septembre), Agnès Maupré qui adapte Les Contes du Chat perché d’après Marcel Aymé (octobre), Mathieu Sapin qui adapte Jules Verne : Une Fantaisie du docteur Ox (octobre), David B qui adapte Le Roi Rose d’après Pierre Mac Orlan, Clément Oubrerie qui se charge de Zazie dans le Métro de Raymond Queneau.
Ce seront des albums classiques de 48 ou 64 pages couleurs (voire plus) au format 23x33 cm. Cette initiative s’inscrit dans une tendance de fond de l’édition de bande dessinée puisque l’adaptation d’œuvres littéraires fait l’objet de collections aussi bien chez Delcourt que Glénat, Soleil ou Emmanuel Proust. « L’adaptation des classiques de la littérature est un art difficile, écrivait Laurent Boileau dans un article consacré à ce sujet dans nos pages (La BD à l’assaut de la Littérature). Le cinéma en sait quelque chose. En fait, il ne s’agit pas de transposer simplement un roman d’un média à un autre mais d’apporter une nouveauté à l’oeuvre adaptée, d’être fidèle à l’esprit plus qu’à la lettre. A chaque média ses codes et son langage, il n’est donc pas anormal de retrouver un même récit sous différentes formes : roman, film, dessin animé, bande dessinée… »
Ce n’est pas moins de cinquante nouveautés par an qui sont ainsi adaptées d’un roman. Rien d’anormal après tout : près de 10% des films qui sortent en salle sont une adaptation de livres, et notamment de bande dessinée…
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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