Nous retrouvons Hit-Girl dans la même situation que dans ses précédentes aventures : lancée dans une vaste croisade sanglante contre le crime à l’échelle internationale, notre héroïne noie sa mélancolie dans les litres de sang versés par ses nombreuses victimes.
Alors qu’elle était en train d’arrêter une tuerie de masse dans un lycée américain, Hit-Girl tombe sur la couverture d’un livre qui attire son attention (celui-ci reposant auparavant sur l’étagère qu’elle a fait tomber sur l’un des jeunes assaillants) : pendant son absence, une biographie non autorisée a été écrite sur sa vie et va très prochainement être portée sur grand écran ! Encore traumatisée par la perte de son père, Big Daddy, Mindy s’envole pour Los Angeles et espère bien arrêter les grands pontes d’Hollywood tant qu’il est encore temps...
Mindy apprend très vite sur place que son rôle sera tenu par l’actrice Juniper Florence, une allusion à peine dissimulée à une célèbre actrice américaine contemporaine qui souhaite obtenir un nouvel Oscar grâce à ce projet (que les fans se rassurent, ce personnage tient un beau rôle dans cette aventure). Se demandant si elle ne devrait pas s’occuper d’abord du producteur du film avant l’actrice principale, Mindy découvre qu’elle a été coiffée au poteau : le dit producteur, prédateur sexuel notoire dont les frasques font écho aux événements réels de ces dernières années, vient d’être la victime sous ses yeux de la super-héroïne qui se nomme « La Coupeuse de bites ». Amie ou ennemie pour Hit-Girl ?
Kevin Smith nous propose un album qui nous a davantage plu que le précédent, mais nous ne sommes pas encore rassasiés par cette série d’histoires courtes qui peine à aller au-delà de la mise en scène spectaculaire d’une violence graphique assumée. Certes, Kevin Smith nous intrigue avec ces dessous peu reluisants de l’industrie hollywoodienne et le mystère (éphémère) entourant l’identité de la nouvelle héroïne, mais nous n’avons toujours pas d’introspection de Hit-Girl vis-à-vis de sa période violente actuelle. Pire, dans cet album encore, Mindy continue de se montrer violente et agressive avec des personnages qui ne le méritent pas (par exemple, elle braque longuement un pédiatre qui se retrouve obligé de lui retirer une balle récemment reçue... alors que le médecin se porte volontairement à son secours). À nos yeux, il est toujours aussi dommageable de voir glisser le personnage vers un rôle d’anti-héros assumé alors qu’il semblait bien plus nuancé lors de ses premières sorties.
Nous relèverons particulièrement pour conclure que nous avons été impressionnés par la patte graphique de cet album, assurée par la dessinatrice Pernille Ørum : son style arrondi et chatoyant, faisant férocement penser aux traits des personnages des studios Disney des années 1990 jusqu’à nos jours. Il fait merveille quand il rencontre la violence graphique si spécifique à cet univers. Un choc visuel qui fait son petit effet !
Les aficionados de l’univers de Kick-Ass ou du personnage de Hit-Girl peuvent laisser sa chance à la proposition hollywoodienne de Kevin Smith, mais cet album ne nous apparaît pas comme un incontournable dans le suivi du personnage principal.
(par Romuald LEFEBVRE)
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Hit-Girl : À Hollywood. Par Kevin Smith (scénario) et Pernille Ørum (dessins). Traduction de Laurence Belingard. Panini Comics, collection Best of Fusion. Sortie le 2 octobre 2019. 112 pages. 17,00 euros.