Gotham Central, comme son nom l’indique se focalise sur le département de police de la ville de Batman et pose LA question qui nous obsède tous : Comment un commissariat peut il gérer sa routine avec des clients tels que le Joker où Double Face ?
Deux enquêtes ici sont proposées comme éléments de réponse :
La première tente d’élucider la mort de deux comptables d’une même boite, retrouvées à deux endroits différents.
La deuxième, plus complète, revient sur l’affaire irrésolue du massacre d’une équipe universitaire de baseball. Après que le dernier survivant se sente obliger d’écouter une charmante petite voix lui demandant de se donner la mort, les nouveaux inspecteurs chargés de l’affaire orientent leurs efforts sur l’un des célèbres pensionnaires de l’asile d’Arkham.
La réelle force de la première enquête est d’impliquer un bon nombre des policiers du GCPD et de leur accorder à chacun un attrait sérieux : le sergent Jackson fan de moustaches et qui voulait bigrement passer lieutenant à la place du lieutenant, l’inspecteur Tommy Burke, joueur de poker devant l’éternel, sa partenaire Dagmar Procjnow violoniste à ses heures, en froid avec son fils, sans oublier le sergent Vincent Del Arrazio issu d’une famille mafieuse.
La deuxième enquête en revanche se concentre avec brio sur l’énigme, les avancées des deux inspecteurs et les différentes pistes plus ou moins suivies.
Là où Greg Rucka et Ed Brubaker sont forts, c’est qu’ils arrivent à nous plonger dans la vie ordinaire de ces inspecteurs, avec leurs problèmes de famille, d’augmentation, de jeu, de relations entre collègues, à suivre leurs enquêtes ordinaires, à s’interroger sur la véracité de certaines pistes … ordinaires et à accepter le plus naturellement possible l’arrivée d’un personnage comme le Pingouin en décalage total avec ce monde cohérent et familier.
Le tout forme un bel équilibre réunissant tous les aspects d’un bon polar, des personnages complets et nombreux, une ambiance sombre et jazzy, une affaire palpitante, des rebondissements et surtout le petit truc en plus nécessaire à chaque polar, ici les personnages du monde de Batman, le célèbre justicier en collant.
(par Mathieu Drouot)
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