Ce qui ne l’empêche pas de devoir faire face à un piratage de grand envergure. La recherche du criminel responsable de ce forfait tourne vite à la filature numérique, puis à la course-poursuite par piratage de cyber-cerveaux, où le monde physique et les réseaux informatiques mélangent leurs réalités respectives pour mieux embrouiller l’adversaire.
Graphiquement, l’interface graphique paume littéralement le lecteur. Brouillage du réseau ? À la différence de Ghost in the shell, Man Machine Interface est une histoire complète intégralement en couleurs réalisées entièrement par l’auteur, fait rare pour un mangaka qui travaille seul. Prenant son temps, Shirô a pu aussi profiter de largement plus de temps pour le produire. De même qu’il a su tirer parti des progrès techniques de la mise en couleurs. Cela donne une infographie 3D omniprésente, parfois insupportable, car souffrant d’une intégration bâclée. Les textures sont largement moins travaillées que dans les deux premiers tomes. De même, les incessants changements de morphologie de Mokoto demandent une attention de chaque instant pour ne pas perdre sa trace dans la traque. Bref, les deux tomes de Man Machine Interface sont encore plus sollicitants que les deux premiers tomes de la saga de Ghost In The Shell, qui pourtant étaient déjà considérés comme peu accessibles. A-t-il voulu mêler les thèmes d’Appleseed et d’Orion ?
Segfault, core dumped
Face à la trame nébuleuse et cryptique de cette histoire, j’en arriverais à la conclusion que les traducteurs, comme le lecteur, se sont trouvés largués par les explications ésotériques de Shirô... Mais à la réflexion, sans égard à mon ego, je soupçonne plutôt une traduction de Glénat faite à partir de l’édition américaine. Plusieurs indices signalent de possibles erreurs cumulatives de traduction (du japonais à l’anglais et de l’anglais au français) : par exemple, dans les deux premiers tomes, "physician" (chirurgien) est traduit par "physicien" . Dans certains cas, cela frise l’absurde : Certains ouvrages scientifiques donnés en appui par Shirô ont gardé comme référence leur éditeur japonais, alors que l’original était... français ! On laissera donc cette version aux fans inconditionnels, qui peuvent aussi se jeter sur le troisième artbook pour complèter la collec, en attendant la nouvelle série télé qui vient de sortir au Japon est qui est annoncée comme décevante.
(par Xavier Mouton-Dubosc)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion