Taïwan, ex-Formose, durant les quatre cents ans de son histoire récente, a connu diverses phases d’incursions ou de dominations étrangères, d’où le thème de l’exposition principale proposée cette année. Contrairement au Japon, longtemps resté fermé vis-à-vis de l’extérieur, l’île au large de la Chine continentale se situe donc de longue date au carrefour d’influences plurielles.
Outre l’ethnie chinoise majoritaire Han qui l’a peuplée, ou d’autres groupes arrivés en renfort comme les Hakka, apparentés, elle a vu venir à elle - plus ou moins pacifiques - des Néerlandais, Espagnols, Français, Britanniques ou Japonais, entre autres.
Ces derniers ont colonisé l’île de 1895 à 1945 et cette période sous domination nippone explique que la bande dessinée taïwanaise continue depuis à entretenir de forts liens avec le manga.
L’inauguration de Les Étrangers à Formose a débuté par un numéro de marionnettes taïwanaise de rien moins que l’ambassadeur de Taïwan, Michel Ching-long Lu, un grand amateur de bandes dessinées.
Depuis cinq ans de présence des Taïwanais, ceci est presque devenu un rituel pour les festivaliers qui s’intéressent aux manifestations autour de l’Asie.
Un second consiste en une séance collective de dessins pour célébrer le prochain Nouvel An chinois, qui mettra à l’honneur, disons, les caprins. Puisque chèvre et mouton se disent de la même façon en mandarin, langue officielle à Taïwan.
Sur son stand, on croisait encore Dominique Véret, des Éditions Akata. Car celui-ci, après avoir publié Row-long Chiu ( Seediq Bale , 2013), va faire de même avec un titre de l’un de ses compatriotes : Sean Chuang, l’un des six auteurs confirmés venus de Taïwan invités lors de ce festival.
L’’autre exposition proposée, nous avions pu en voir l’été dernier une version plus développée, montrée dans le building de la mairie de New Taipei City, la communauté urbaine qui entoure la capitale taïwanaise.
Celle-ci est recentrée ici sur la représentation dans la bande dessinée de quelques-unes des seize minorités austronésiennes de l’île, descendantes de ses premiers habitants, qui ne représentent plus aujourd’hui qu’environ 2 % de sa population.
Mais différents aspects de leurs cultures, dont les motifs ou couleurs chatoyantes de leurs costumes, voire leur ancienne pratique des tatouages faciaux, relèvent de particularités éminemment graphiques.
Bref, un petit détour par le Pavillon Little Asia d’Angoulême pouvait permettre au festivalier de commencer à s’initier au multiculturalisme à la mode de Taïwan, avant de décider d’approfondir la question, au prix d’un peu plus de treize heures d’avion.
(par Florian Rubis)
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En médaillon : affiche de l’exposition "Les Étrangers à Formose" / © DR
Toutes les photos : © 2015 Florian Rubis
"Mes années 80" 1 / 2 - Par Sean Chuang - Éditions Akata - 16,50 euros