Avec son impressionnant rythme de production, Bastien Vivès ne semble jamais à cours d’inspiration. Si ses personnages, toujours autour de la vingtaine, se ressemblent, ils possèdent une vraie présence.
Bruno et Francesca, ces amis si étranges, paraissent dans Amitié étroite, vivre une relation déséquilibrée : à elle les garçons, la joie de vivre, à lui les films en solo, l’absence de vie sentimentale. Pourtant Francesca ne peut pas se passer d’avoir de ses nouvelles, de le voir, de lui raconter sa vie... Une forme d’inversion de la situation va faire tanguer le navire...
Durant tout cet album fourmillant de couleurs vives, Vivès nous emmène dans des directions trompeuses, pour mieux nous surprendre. Le lecteur, dès les premières pages, veut percer le secret, découvrir le sens profond du lien qui unit les deux personnages principaux.
Avec des flash-backs (années lycée) dessinés dans un flou original et bien maîtrisé, on revient régulièrement sur le début de l’amitié Bruno-Francesca. Et pourtant, la scène finale-ou l’auteur montre son intérêt pour le sexe explicite - respectera le crédo de Vivès : ne jamais tout expliquer, et éviter les conclusions simples. Sans oublier le mystère, toujours...
Cet album marque une fois de plus une évolution graphique : un trait plus sec, plus précis, anguleux, et surtout largement façonné avec les moyens informatiques. La finesse psychologique, le charme fragile des personnages restent pour leur part, les grands points forts de Bastien Vivès. Amitié étroite ne peut pas décevoir les nombreux lecteurs déjà tombés sous le charme de Elles, Dans ses yeux, ou le goût du chlore.
(par David TAUGIS)
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