Les plus jeunes connaissent parfois peu le travail de Jacques Martin, auteur pourtant essentiel du journal Tintin et l’un des pères fondateurs de la BD franco-belge que l’on connaît aujourd’hui. Cette exposition à Versailles remet cet auteur à sa juste place et fait revivre son génie pour permettre à tous de le découvrir ou de le redécouvrir.
L’exposition, quasi-réplique de celle vue à Angoulême en 2018 et à Bruxelles en 2018 à l’occasion des 70 ans du personnage, se veut donc pédagogique : avant d’entrer dans le corps du sujet avec Alix, une première salle nous présente l’histoire de l’auteur, entre sa formation artistique, son enrôlement de force au Service du Travail Obligatoire pendant la guerre, jusqu’à sa brouille momentanée avec Jacobs à ses débuts puis son engament aux Studios Hergé. Dans cette section, des planches issues de ses travaux de jeunesse, mais aussi et surtout sa correspondance avec E. P. Jacobs : trois lettres sont ainsi exposées, dans lesquelles les deux auteurs s’écharpent très cordialement pour des questions d’inspiration dira l’un, d’imitation dira l’autre.
Mais le cœur de l’exposition se dévoile autour de la coupole : c’est l’endroit où l’on se focalise sur Alix, sa naissance, ses évolutions, ses traits caractéristiques. En plus des très nombreuses planches originales, des panneaux expliquant les points les plus fondamentaux du personnages rythment le circuit. C’est là une des forces de l’exposition : elle n’oublie pas les néophytes et les plus jeunes, et ne s’adresse pas qu’à un public de fans de la première heure aux tempes grisonnantes.
Et en plus de revenir sur l’histoire d’Alix, l’apport de Jacques Martin au genre de la BD en général est mis en avant : son découpage des planches qui ne respectait pas les codes imposés par son éditeur (au grand dam de ce dernier), sa volonté de s’émanciper de ses maîtres après les avoir imités, ou son approche méthodique et presque scientifique (historique en l’occurrence) des sujets qu’il traite pour tenter de toucher à l’exactitude.
Alix, l’art de Jacques Martin est donc une exposition qui vaut le détour. Elle nous rappelle l’importance de se tourner vers les fondateurs, les pionniers, les anciens, pour mieux comprendre ce qui se fait aujourd’hui. Et si elle ne parle pas de la même manière à tout le monde, l’exposition reste assurément dans les mémoires de ses visiteurs.
(par Jaime Bonkowski de Passos)
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"Alix, l’art de Jacques Martin", espace Richaud, 78 boulevard de la reine, Versailles, 5€ l’entrée, gratuit pour les moins de 26 ans. À retrouver du 19 février au 19 avril.