Comment avez-vous atterri aux éditions du Lombard ?
J’avais déjà eu des contacts avec eux lorsque je débutais, et ils s’étaient montrés fort encourageants. J’ai donc gardé un « feeling » sentimental avec Le Lombard. Et puis, le scénariste de Sisco, Benec, avait remporté le premier prix Raymond Leblanc. Celui-ci m’avait contacté alors que je travaillais avec les Bartoll sur Mortelle Riviera et L’Agence. J’avais adoré la première mouture du scénario de Sisco. Je lui ai demandé de patienter quelques mois afin de conclure mes projets en cours. Nous nous sommes alors dirigés naturellement vers le Lombard.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans son scénario ? Le thriller politique ?
Pas vraiment ! C’était surtout la personnalité de Sisco. Celle-ci allait à contre-courant des séries actuelles. C’est un vrai anti-héros. Benec a soigné la psychologie de chacun des personnages. Tous ont des caractères bien trempés. Et puis l’intrigue est très fluide, et Benoît (Benec) a un véritable don de dialoguiste. Il avait une certaine fraîcheur dans sa manière d’aborder les intrigues policières.
Sisco semble sympathique, même s’il est distant. Mais finalement ses actes le sont moins…
Il a un côté antipathique, mais il n’est pas cruel gratuitement. C’est un homme qui veut arriver au bout de ses missions, et il va se donner les moyens pour le faire. En même temps, il doit lutter contre ses supérieurs qui sont pires que lui. Cet aspect apporte un côté amusant au scénario.
Vous êtes assez minutieux pour la représentation des décors.
Cela fait partie de moi, de mon dessin. Et j’essaie de l’être de plus en plus pour m’inscrire dans la lignée du travail de Philippe Francq ou de Iouri Jigounov. Leurs planches sont très détaillées, tant au niveau des personnages que des décors. Je veux arriver à la même précision, et m’améliorer d’album en album, tout en donnant plus de fluidité à mes personnages. Ce dernier point était d’ailleurs l’un de mes principaux défauts sur mes derniers albums. Mais j’arrive peu à peu à donner aux personnages beaucoup plus de souplesse et de mouvement. Plus j’avance en âge et dans ce métier, plus j’ai envie de peaufiner mes planches. Je mets aujourd’hui deux mois de plus pour réaliser un album. Les quatre premiers Sisco sortiront sur deux ans, mais j’ai un peu d’avance… Le deuxième tome est déjà bouclé !
Vous avez-déjà signé quelques albums. Pourquoi travailler avec un scénariste inconnu. C’est un risque, non ?
Mais c’est très gai et différent. Et puis, c’est un défi. Je me sens en phase avec le travail de Benoît. Le fait que c’est son premier album, cela ne change pas grand-chose…
Le nom « Sisco » fait penser à une société informatique internationale bien connue…
Raté ! Comme le personnage principal était corse, nous avons dû chercher un nom qui avait la chaleur de cette région. Et surtout qui claque assez bien ! Il est donc inspiré d’un petit village corse. Il y a quelques allusions sur les origines de Sisco dans le premier diptyque.
Dessiner l’arrière-cour de l’Élysée, cela vous amusait ?
Oui. Mais je n’ai pas mes entrées dans le Palais de l’Élysée. Tout l’univers dans lequel Sisco évolue, c’est-à-dire les bureaux, est inventé. Cela nous permet d’avoir une certaine distance par rapport au réel. Nous ne réalisons pas un documentaire sur ce sujet et nous pouvons donc nous permettre quelques libertés. Je me suis quand même rendu à Paris pour faire quelques photographies et parfaire ma documentation.
Quelles seront les couleurs du prochain cycle ?
Chaque histoire sera développée en deux albums. Le deuxième diptyque se déroulera toujours à Paris et sera beaucoup plus fouillé. Le premier tome de la série est très dynamique avec cette course poursuite. La suite sera différente.
(par Nicolas Anspach)
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