La BD reste-t-elle un incubateur pour le cinéma ?
En fait, depuis les années 1930, dès qu’il y avait un succès en BD, on en faisait un film et un succès au cinéma, on en faisait une BD. Comme c’étaient des personnages dessinés, on en faisait plus naturellement des dessins animés. Je crois que cet apparentement enter la BD et le dessin animé est dans l’ADN des deux genres. Ils sortent tous les deux du stylo et de l’imagination de personnes qui sont intellectuellement libérées des contingences de la prise de vue réelle. Il est donc quelque part normal que ces espaces se retrouvent et se rejoignent.
Les tendances sont toujours les mêmes : Dès qu’une BD a du succès, on en tire des séries TV et des films : Tintin, les Schtroumpfs, etc. Il faut voir les choses par le petit bout de la lorgnette, c’est à dire en grand : ces deux univers-là sont faits pour s’enrichir les uns les autres. Même s’ils ne sont pas dépendants l’un de l’autre, comme ils prennent leur source au même endroit, il est naturel qu’ils soient sinon frères, au moins totalement cousins, et qu’il y ait des réunions de famille !
Dans les Works in Progress du Festival, on trouve l’adaptation de Ma maman est en Amérique d’Émile Bravo et Jean regnaud ou encore celle de Aya de Yopougon de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie...
Oui, Aya est produite par Autochenille Productions qui a fait Le Chat du rabbin. Il y a des studios qui sont drivés par la BD, c’est une stratégie. Il y en a d’autres qui cherchent des idées nouvelles, et donc des licences nouvelles et qui, une fois qu’ils ont déposé leurs personnages les déclinent sous la forme de BD ou de magazine. C’est la globalisation et la diversification des médias qui veut cela.
Vous savez, la BD et le dessin animé ont les mêmes problèmes : est-ce que la BD va rester sur du papier ou passer complètement online avec une interactivité liée ? C’est un questionnement qui vaut aussi pour le cinéma d’animation.
Je ne suis pas sûr que l’on puisse évoquer aujourd’hui une tendance. On peut toujours évoquer un point de vue, supposer qu’il y a une tendance qui va de la BD à l’animation. Mais qu’il y en ait plus ou moins, je ne suis pas sûr que cela s’inscrive dans une signification quelconque sur le long terme.
Annecy reste un rendez-vous incontestable ?
Oui, j’abandonne à partir de cette année la direction artistique, mais j’aurai d’autres missions l’année prochaine. On n’arrête pas une histoire d’amour comme cela.
Propos recueillis par Didier Pasamonik
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Festival d’Annecy 2012, jusqu’au 9 juin 2012.
Le site Internet du Festival
Lire notre compte-rendu de l’édition 2012
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)
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