C’est bien sûr une opération commerciale : un partenariat est prévu avec Eurosport où Richard Virenque est consultant. L’album fera l’objet d’une bande annonce sur antenne (un morphing transforme Virenque en personnage de BD), le site internet de la chaîne met la BD en avant. Elle sera aussi régulièrement montrée par le consultant Virenque pendant le Tour de France. Enfin, la BD sera distribuée dans des circuits de distribution de produits pour le vélo où la BD est en général absente… Un joli coup de la part de Bamboo. Rencontre avec ses protagonistes.
Ca fait quoi de devenir un personnage de BD, de se trouver dans les rayons des librairies à côté d’Astérix et de Gaston Lagaffe ?
Richard Virenque : On démarre seulement et on verra l’engouement qu’il peut y avoir, mais ça fait plaisir. On se dit que l’on a marqué l’air du temps dans son sport. Quatre ans après l’arrêt de ma carrière, il y a toujours un bon enthousiasme autour de moi. Ca fait plaisir de le sentir et de le mesurer.
Vous étiez amateur de bande dessinée ?
Non, pas vraiment. Mais comme j’ai deux enfants, Clara qui a dix ans et Dario qui a huit ans, il y a des dessins animés et des bandes dessinées à la maison.
Jean–luc et Alain, comment allez-vous sortir de la caricature que les gens connaissent de Richard Virenque « à l’insu de mon plein gré », cette casserole qui traîne un peu derrière vous ?
Jean-Luc Garréra : On ne s’en inspire pas, c’est tout. On a notre vision.
Alain Julié : Richard a une image « grand public » populaire. En tant qu’auteurs, on est comme les personnages de notre BD, on est heureux d’accueillir Richard dans notre monde.
J-L G : : Notre bande dessinée existait déjà : il y a déjà trois albums ciblés tout public. Richard, en tant que personnage, entre dans nos aventures. Richard est encore très populaire, son nom est synonyme de grand champion.
Si je comprends bien, on est passé de la caricature méchante à la caricature gentille. Richard, cela vous a blessé les caricatures que l’on faisait de vous ?
RV : C’est une période de ma carrière, de ma vie, dans laquelle tous les spécialistes tombaient des nues devant ce qui se passait. On m’a tout mis sur le dos. On m’a fait passer pour cette caricature-là. Ca m’a dérangé mais je savais ce que j’avais à me reprocher et ce que les autres avaient fait. À un moment donné, il fallait rectifier les choses : c’était aux organisateurs, aux fédérations,… à revoir leur page et non pas à Richard Virenque. On m’a tiré à boulets rouges dessus. C’était facile pour certains médias, parce que c’était rigolo et qu’ils ne comprenaient rien au système. Ils ont reconnu après qu’ils y avaient été un peu fort.
Cela vous colle aux semelles, quand même…
RV : Oui, mais aujourd’hui, je me porte très bien. J’ai fini ma carrière en beauté. J’ai démarré des activités de business. Je crois qu’en terme de reconversion, je dois être un des sportifs qui s’en sort le mieux. Je fais plein de produits dérivés qui marchent, que ce soient des bijoux pour hommes, ce qui n’est pas incohérent avec le coureur cycliste puisque ce sont des montres, une gamme de produits pour le vélo, ou encore là des produits énergétiques... Je suis un peu dans l’immobilier… Tout va bien pour moi.
Cette caricature vous ressemble davantage ?
RV : Oui, c’est moi. Je n’ai pas de problème avec mon image, avec le fait que l’on peut éventuellement parler de dopage. La preuve, la boisson énergétique que je lance peut être dopante d’une certaine manière, si on en prend trop. Et puis, qui ne l’a pas fait ? Qui ne l’utilise pas ? Je peux vous dire que dans les moments les plus durs, on ne m’a jamais lancé de tomate sur le Tour de France, au contraire. Il n’y a que les hypocrites qui ont tourné la veste, point-barre. Ceux qui me collent une réputation à la peau, ce sont ceux qui ne connaissent pas. Quand j’arrive sur le Tour de France, je suis respecté par tout le monde, parce que j’ai dit et fait des choses dans lesquelles j’étais honnête avec moi-même vis-à-vis de ce qui s’est passé. Il y avait des choses que l’on ne pouvait pas dire parce qu’elles étaient, je dirais, pas belles à dire. Mais à un moment, j’ai été forcé de les dire sinon je devais arrêter ma carrière.
Vous, vous l’utilisez, cette caricature du Richard Virenque aux prises avec le dopage. La formule « à l’insu de mon plein gré », on la retrouve dans votre BD.
A. J. : Mais c’est Richard qui nous l’a proposée ! Ce qui prouve qu’il a de l’humour par rapport à tout cela. Nous, on l’a l’a fait coller à nos propres histoires qui sont plutôt gentilles.
Jean–luc et Alain, comment le projet est venu à vous ?
J-L. G : C’est l’éditeur qui nous l’a proposé et qui a pris contact avec Richard.
Richard, vous combattez la caricature par la caricature, par l’humour ?
RV : Oui, si vous voulez, mais le meilleur moyen de la combattre, c’est de répondre sur le terrain. Après les années 1998, c’est que j’avais de mieux à faire.
Jean–luc et Alain, que dites-vous aux gens qui prétendent que votre BD n’est pas de la BD ?
J-L. G : Il y a chez Bamboo un esprit, comme dans Spirou, dans les années 70. Un esprit de famille. Chaque série, même si le thème commun est le sport, a son univers, son identité, son logo qui se distingue des autres. Ce n’est pas un « guide » du vélo. Même si c’est thématique, ce sont vraiment des BD. On est déjà à plusieurs retirages. C’est bien la preuve que ça marche.
Propos recueillis par Didier Pasamonik
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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