Vous voilà confiné. Ça change beaucoup pour vous ?
Confinés... Nous les vieux, il y a belle lurette que nous le sommes déjà. Ça ne nous change pas beaucoup. C’est vrai qu’il y a moins de visites... L’avantage, c’est qu’il y a moins d’emmerdeurs ! Le désavantage : ceux qu’on aime bien viennent moins souvent.
Les Femmes en blanc -les vraies- se font applaudir à 20h tous les jours aujourd’hui. Qu’est-ce qui a déclenché cette série pour vous ? Une volonté de rendre hommage au corps médical ? La "comédie des masques" telle qu’on la connaît de nos jours a l’air moins drôle...
Je n’ai pas attendu d’essayer de rendre hommage au corps médical et, surtout, aux infirmières et infirmiers et je dois bien avouer, qu’à plusieurs occasions, ils me l’ont bien rendu. Ces occasions n’ont pas manqué ces derniers temps : la maladie, les séjours dans les hôpitaux... À chaque fois un accueil drôlement sympa !
Une autre série d’une sinistre actualité, c’est Pierre Tombal. Qu’est-ce qui vous avait amené à narguer ainsi la mort ?
Pierre Tombal est une série qui me manque énormément depuis l’arrêt de la série. Pareil pour Les Femmes en blanc. Dans cette dernière, j’abordais la lutte pour la vie. Dans Pierre Tombal, j’abordais la vie après la vie. J’adorais ces deux séries. Que ce soit une de ces séries ou l’autre, je serais prêt à les reprendre. Mais la maison Dupuis en a décidé autrement...
Pour rester dans l’esprit de Pierre Tombal, Quelle épitaphe écririez-vous pour vous ?
Le mot « FIN », c’est tout. C’est le mot que je mettais à chaque fin de mes scénarii.
Quand il s’est lancé dans sa campagne électorale, Coluche disait : "J’arrêterai de faire de la politique quand les politiciens arrêteront de nous faire rire !" Trump, Johnson, Bolsonaro,... Ce sont des personnages d’essence comique ?
Les hommes politiques ne m’inspirent rien du tout. Je dois avouer que je ne les aime pas. Je ne les trouve pas « comiques », bien loin de là. Mais il m’arrive parfois d’en rencontrer. Je ne discute de leur passion, un peu comme avec les chasseurs. Je n’aime pas ces mecs, mais j’aime parfois l’homme qui se cache derrière. À chaque fois que je discute avec eux, on évite les sujets « épineux ».
Dans ce genre de période, l’humour est-il utile ?
L’humour est toujours indispensable dans une vie. L’humour c’est ce qui nous aide à vivre, à surmonter les coups durs et les échecs. Si tu le perds, t’es fichu.
Plutôt l’humour noir de Franquin ou l’humour absurde de Geluck ?
Quelle que soit sa forme, quel que soit le mec qui le partage, je trouve ça chouette. Il y a des centaines de formes d’humour. À nous de choisir celles qui nous conviennent le mieux. Moi j’en adore un tas.
Vous avez collaboré avec la regrettée Claire Bretécher. C’était à ses débuts. Goscinny vous l’a piquée ensuite pour l’engager chez Pilote. Vous lui en avez voulu ?
Claire Bretécher a quitté le journal car elle ne supportait pas le rédac’ chef [Thierri Martens. NDLR]. Je ne crois pas que Goscinny y soit pour quelque chose. De toute façon, elle avait un sacré talent qui a été reconnu par beaucoup à commencer par moi. On a un peu collaboré ensemble au début, juste un peu. Ensuite on a pris des chemins différents.
Propos recueillis par Didier Pasamonik
Voir en ligne : Tous les albums de Cauvin chez Dupuis
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Pour se rendre compte de la richesse et de l’homme, et de sa carrière, on lira avec profit la Monographie de Patrick Gaumer aux Éditions Dupuis.
Merci à Philippe Bercovici et à Marc Hardy de nous avoir autorisé à reproduire leurs dessins.
Photos : Jean-Jacques Procureur (merci !)
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