Vous nous apportez un nouveau recueil de dessins. Qu’est-ce qui vous a motivé à réaliser ce projet ?
Loustal : Ce sont tout simplement mes voyages. Dans ces moments là, j’ai envie de retranscrire en dessins tout ce qui attire l’œil. Je ne suis pas dans le reportage ou dans l’illustration, mais dans la contemplation. Aujourd’hui, on propose souvent des livres de reportage ou de tourisme dessiné, mais ma démarche à moi est toute autre. Mes voyages sont des moments de liberté et c’est ce que j’essaie de traduire dans ces dessins, ma liberté de voyage. "Liberté" car je m’autorise aussi à utiliser des techniques différentes au gré de mes envies.
On sent dans vos dessins que les grands espaces demeurent un sujet privilégié par rapport aux représentations urbaines. C’est un choix délibéré ?
Oui, parce qu’il se trouve que ces dernières années, j’ai eu tendance à me rendre dans des pays proposant de grands espaces, je vais beaucoup moins dans les villes qu’à une époque. Par exemple, dans l’Utah aux États-Unis, je me rendais souvent dans le désert et dans les "cimetières de voitures".
Est-ce des dessins que vous réalisez durant vos vacances ?
Non, pas vraiment. Il y a deux types de voyage. Il y a ceux que je décide de faire de moi-même, comme en Polynésie, allez savoir pourquoi (rire)... Puis il y aussi les voyages avec les Instituts Français. Ceux-ci m’invitent régulièrement pour faire une résidence au cours de laquelle je passe dix ou quinze jours à beaucoup dessiner sur place, sur tout et à toute heure, peu importe la technique. Ensuite, ces instituts organisent une exposition de tous mes travaux, la veille de mon départ. Ces périodes de "dessin intensif" explique aussi certains choix de technique, comme l’usage du fusain que j’ai beaucoup utilisé lors de mon voyage au Japon, par exemple. Cette contrainte de temps me permet aussi de faire des découvertes graphiques. Par exemple dans mes dessins de l’Algérie, j’ai beaucoup utilisé une encre spéciale qui donne un aspect "sépia", et bien je dois dire que j’ai bien aimé le résultat. Mais à mes yeux, cela reste de l’expérimentation graphique.
Quelles sont les régions du monde qui vous ont le plus inspiré ?
En fait, je dois d’abord préciser que je suis coutumier de ce genre d’ouvrage. Ce doit être mon septième. Habituellement, je publie un livre de dessins tous les quatre ou cinq ans, dès que j’ai assez de matière. D’ailleurs, mon éditrice me donne un livre blanc et je colle mes dessins dedans, au fur et à mesure. C’est un peu aléatoire comme mode de fonctionnement car tout dépend du nombre de voyages que je ferai durant cette période.
Au niveau de mes déplacements, je peux identifier des cycles. Par exemple, je me suis beaucoup rendu aux USA durant mes premières escapades. Après, j’ai plutôt eu tendance à me rendre sur le continent africain. Une autre période de ma vie a été marquée par l’Amérique du Sud. C’était dans les années 1990 et j’avais quand même un peu de crainte à me rendre en Amérique latine, à cause de tout ce que l’on disait, à propos de la violence et des enlèvements d’Occidentaux, mais bon... Il y a eu l’Asie que j’ai beaucoup aimé. Chaque pays, chaque région a son charme. Après, il y a moins l’effet de découverte parce que je finis par retourner souvent dans les mêmes endroits. Quand je parle de découvertes, je fais allusion à celles qui stimulent le dessin. Il reste quelques régions du monde où j’aimerais aller. Je pense en particulier à l’Australie. Sinon dans ce livre-ci, il y a des dessins de l’Utah et aussi de l’Afrique du Sud, où je me suis rendu dans le cadre d’une résidence itinérante au cours de laquelle j’ai beaucoup roulé. Les paysages que j’y ai trouvé m’ont donné l’impression de beaucoup ressembler à l’Australie, d’ailleurs...
Avez-vous fait des découvertes durant vos voyages ?
Oui, ce fut le cas à Constantine en Algérie. Au début, je n’étais pas vraiment inspiré et puis, mon œil à commencé à s’ouvrir aux paysages alentour et j’ai découvert des choses intéressantes. C’est l’œil aux aguets, comme en Suisse aussi. J’ai découvert des choses très belles à Lucerne. C’est marrant de revendiquer que l’on a trouvé des images très belles dans n’importe quelle situation.
Quelles sont vos prochaines destinations ?
Je dois retourner en Floride où je m’y rendais beaucoup avant. C’était dans les années 1980 et mes premières BD étaient fort marquées par ces décors-là. Mais là, j’y vais pour des raisons familiales, car ma fille vit et travaille là bas. Sinon, il y a un voyage intéressant qui se prépare : ce serait à Brasilia, au mois de mai, un peu avant la folie du football et du Mondial. Ce voyage se ferait avec d’autres dessinateurs, ça peut être sympa.
(par Christian MISSIA DIO)
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GALERIE CHAMPAKA BRUXELLES
Exposition - Jacques de Loustal : "Esprits d’ailleurs".
Du 10 avril au 11 mai 2014
[Loustal chez Champaka Bruxelles-http://www.galeriechampaka.com/?page_id=5961]
27, rue Ernest Allard
B-1000 Bruxelles
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