Les Français ont connu votre travail très tôt dans Super As avec Silas Finn, ou encore comme dessinateur du personnage de Pif, mais c’est votre collaboration sur les BD de Disney que tout le monde retient...
J’ai commencé ma carrière à l’âge de 14 ans comme collaborateur de Romano Scarpa, l’un des plus grands dessinateurs de l’univers Disney en Italie. Le passage chez Disney a donc été très facile, presqu’automatique grâce à cette collaboration.
À l’époque de ma collaboration à Super As, qui était la version française du magazine allemand Zack, j’avais envie précisément de créer un personnage qui n’était pas de Disney, de faire autre chose. Le directeur du quotidien Corriere de la Sera, qui est l’un des plus importants en Italie et qui avait un supplément de bande dessinée historique : Corriere dei Ragazzi, m’avait mis en relation avec le scénariste Tiziano Sclavi, dont le nom est aujourd’hui très lié à la série Dylan Dog. Ensemble, nous avons créé la série Silas Finn. L’idée était de pouvoir publier cette série à l’étranger. La chance a voulu que juste à ce moment-là, nous sommes entrés en contact avec l’éditeur de Hambourg Koralle Verlag grâce au rédacteur en chef italo-allemand de Zack, Gigi Spina qui voulait un personnage humoristique de western. La série a continué pendant trois ans jusqu’au naufrage du projet. Tous les planches originales de la série ont d’ailleurs disparu avec leurs responsables...
Vous êtes à la frontière de plusieurs écoles de dessin : américain avec Disney, européen avec Silas Finn... Y-a-t-il un dessin proprement italien, sinon européen ? En voyant vos originaux, on se rend compte que vous êtes moins schématique que Disney...
J’ai toujours eu l’envie de dessiner des bandes dessinées d’aventure, sans en avoir vraiment les capacités. Ce qui m’a ouvert les yeux, c’est de voir les planches d’Albert Uderzo et d’André Franquin qui m’ont inspiré pour la théâtralité de leur mise en scène, leur façon aussi de poser la ligne d’horizon. Il y a aussi chez eux une manière particulière de documenter le dessin, de s’appuyer sur la photo notamment, qui donne à leur BD un effet de réel.
Ma collaboration avec François Corteggiani dans les publications françaises de Disney, avec les formidables dessinateurs comme Gen-Clo ou Michel Motti, mais aussi dans Pif, m’ont beaucoup aidé dans une période de ma vie qui était un peu compliquée. La rédaction de Pif m’avait demandé d’intervenir graphiquement sur des personnages comme Pif pour lui redonner un peu de tonus graphique, pour le reverdir un peu.
Les dessins que vous faites pour Mickey sont seulement signés Disney. Cela ne vous frustre pas un peu ? C’est un boulot de mercenaire ?
Je suis plutôt serein et content de mon travail. Pour moi, le plus important, c’est la satisfaction du public et pas le nom de celui qui est publié. Comme mon maître Romano Carpa, je suis un créateur, pas un mercenaire.
J’ai toujours eu de bonnes relations avec Disney. Une fois seulement, il y a très très longtemps, mes éditeurs ont reçu une lettre des États-Unis pour me signaler que mon dessin était trop réaliste, pas assez schématique. Après, je n’ai plus jamais eu aucune remarque. Mais il est vrai que c’est quand j’ai commencé à travailler directement pour la France que j’ai été considéré vraiment comme un auteur.
La question piège : quel est votre Top 5 des meilleurs dessinateurs Disney de tous les temps ?
C’est difficile. Bon, je tente : pour Mickey, le premier est sans aucun doute Floyd Gottfredson, le maître, le second probablement Paul Murry, puis Fred Moore, le dessinateur français Claude Marin, et enfin Romano Scarpa. Pour Donald, Al Taliaferro, Carl Barks, à nouveau Romano Scarpa, Don Rosa et le Hollandais Daan Jippes.
Propos recueillis pas Didier Pasamonik
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Commander Formidable Mickey. Collectif Disney. Traduction non renseignée. Glénat, collection "Les Grands Héros Disney" chez Amazon ou à la FNAC
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