Comment un dessinateur italien se retrouve-t-il à créer des couvertures pour Marvel ?
Avec beaucoup de chance ! (rires) J’ai commencé avec Panini en Italie, en France, et en Allemagne. Au départ, j’ai présenté mes dessins à Marco Lupoï, le directeur éditorial de Panini Comics en 1998. C’était des planches sur Batman. Cela lui a plu, et j’ai ainsi commencé à travailler pour le marché européen.
Vous inspirez-vous de modèles pour vos créations ?
Je m’inspire surtout des images que je vois tous les jours : photographies, peintures, mais je ne copie pas. Je retiens l’ambiance, l’atmosphère.
Etes-vous parfois en désaccord avec la manière de représenter un personnage dans un comics dont vous devez réaliser la couverture ?
Pour l’instant, j’ai eu beaucoup de chance. C’est très rare que je ne sois pas d’accord avec ce qui est validé par l’éditeur. Généralement, je présente deux planches qui se rapprochent le plus possible de ce qui est demandé, mais je garde une certaine autonomie, j’appose toujours ma patte. Heureusement, sur les deux propositions, il y en a toujours une qui plaît à l’éditeur.
Une question un peu frivole sur le sport : on pourrait considérer les footballeurs comme les super-héros du monde réel. A quand un artwork sur Alessandro Del Piero ?
(il s’enflamme) Del Piero ? Non ! Totti ! Alessandro Del Piero, pas question ! Je suis romain ! Non à la Juve ! [1](rires) Mais pour répondre à votre question, les super-héros modernes ne sont pas les footballeurs, ce sont les dessinateurs !
Qui avez-vous le plus peur de décevoir, votre éditeur ou vos lecteurs ?
Les lecteurs ! D’abord, moi-même, mais juste après, les lecteurs.
Au cours de l’histoire des comics, la garde-robe de certains personnages a évolué. Ne préférez-vous pas parfois les looks qu’ils avaient avant ?
Je pars toujours du costume original. Mais je le traite à ma sauce, j’y rajoute des détails modernes.
Les Italiens aiment la bonne chaire, en tant que chef, quelle est votre ingrédient secret pour cuisiner une bonne couverture ?
(il réfléchit) C’est un secret ! (rires). Sérieusement, il n’y a pas vraiment de secret. A chaque fois, j’essaie de trouver plusieurs idées différentes pour chaque couverture, je ne veux jamais me répéter. Parfois, je trouve plusieurs solutions, et j’ai la tentation de les réutiliser plusieurs fois. Mais je pense que c’est mieux de prendre le temps à chaque fois pour trouver des idées. Donc, quand un éditeur me demande une couverture, je prends deux ou trois jours pour y penser, et parfois je travaille dur pendant quatre jours sur le papier, et rien ne se passe. Puis à un moment, je suis avec ma femme, et je me dis "Mince ! Ca pourrait être une bonne idée !" Et je cours à mon bureau. Cela répond à votre question de tout à l’heure : l’inspiration est tout autour de moi.
Voir en ligne : Site de Gabriele Dell’Otto
(par Xavier Mouton-Dubosc)
(par Thomas Berthelon)
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Photo en médaillon : Gabriele Dell’Otto. (c) Thomas Berthelon
Commander "The Marvel Art of Gabriele Dell’Otto" sur Internet
Cette interview a été diffusée dans l’émission radio "Supplément week-end" du samedi 24 mars 2007.
[1] Le Romain Gabriele Dell’Otto supporte l’A.S. Roma, dans laquelle joue Francesco Totti. Alessandro Del Piero appartient à la Juventus de Turin. Il existe en Italie une grande rivalité entre les Turinois, les Milanais, et les Romains.
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