Comme on a pu le lire dans la dernière livraison de « L’Année de la Bande Dessinée 2004/2005 » (Ed. Soleil), Panini est une multinationale florissante. La bande dessinée représente 75% du CA de son activité éditoriale française. Les 25% restants étant réalisés grâce à des magazines pour ados, Super, Like Hit, Tribu Rock et Star School et des magazines de football, Superfoot Mag, 100% PSG, OM Mag. Au moment où Semic doit se repositionner, suite au départ de Thierry Mornet, nous avons eu envie de rencontrer le principal éditeur de comic-books et l’un des principaux éditeurs de mangas en France.
Comment s’est comporté Panini Comics en 2004 ?
2004 a été pour nous une année merveilleuse, au cours de laquelle nous avons enregistré la meilleure progression de tous les temps (nous avons commencé à publier des BD en février 1997). Le fait que nos livres soient distribués par Interforum depuis janvier dernier y est bien évidemment pour beaucoup car nous avons élargi de façon considérable notre assiette de distribution, sans pour autant renoncer au professionnalisme et l’efficacité de la société Makassar pour une partie de nos clients. Mais cette progression est aussi le fruit des efforts conjugués de toute une équipe de traducteurs, lettreurs, correcteurs, maquettistes, rédacteurs, commerciaux, financiers, des personnes motivées et passionnées par leur travail. Sans compter aussi, la création de collections de comics à succès, Marvel Monster, Integrale, Prestige et l’entrée au catalogue de nouvelles licences manga parmi les meilleures du marché, dont Angel Heart de Tsukasa Hojo grâce à qui nous avons récemment goûté aux joies du top 10 de Livres Hebdo ! Bref, pour répondre à votre question, nous avons littéralement explosé les compteurs avec un CA près de deux fois supérieur à celui de 2003 !
Quelle est la proportion entre le kiosque et la librairie, les progressions sont-elles les mêmes dans les deux secteurs ?
Avec une chute de chiffre d’affaires de près de 30%, le marché de la presse des jeunes a connu une année noire en 2004. Même si les comics résistent mieux à la baisse que d’autres catégories de produits, nous avons connu en 2004 une légère flexion en kiosque (-6%). Toutefois, tous nos comics ne connaissent pas le même sort puisque certains enregistrent une énorme progression, dont Spider-Man magazine avec des ventes moyennes supérieures à 20.000 exemplaires, un record ! A noter également que l’essor de collections à succès (5 retirages pour Spider-Man L’intégrale avec près de 40.000 ventes depuis la création de la collection) en librairie pénalise d’une certaine manière les ventes en kiosque. Aussi, même si en absolu, les comics kiosque pèsent plus lourd que chacune des deux sections librairie, manga et comics, la librairie représente aujourd’hui 65% de notre chiffre d’affaires BD. Cette tendance ne peut que s’accentuer, si j’en juge les nouvelles collections de comics, franco-belge et manga au programme cette année (25 ouvrages de plus qu’en 2004, dont 15 mangas) !
Y a-t-il saturation des titres BD en kiosque ?
Concernant les comics, non. La production a beaucoup diminué au cours de ces dernières années. Je me souviens d’une période où Semic et Panini publiaient à eux deux près de 30 comics par mois. De quoi faire hurler les diffuseurs de presse ! Heureusement, nous avons compris à temps qu’il était nécessaire de redimensionner notre production. Nous avons également bénéficié d’une pénurie de comics aux États-unis qui a entraîné la mort naturelle de bon nombre de publications de la concurrence. Ainsi, Panini reste aujourd’hui le seul véritable éditeur de comics en kiosque avec une production moyenne de 12 titres par mois. Quant aux magazines de prépublication et d’information, y compris sur les mangas, je laisse à mes confrères de la presse BD le soin de débattre de ce sujet...
Quel a été l’impact des films en salle sur les ventes de comics ?
Moins fort et moins durable qu’en 2002 lors de la sortie du premier film Spider-Man - nous avions alors littéralement doublé les ventes de tous nos titres -, mais l’impact reste fort quand même avec une progression de +25% en kiosque l’été dernier à l’occasion de la sortie du film Spider-Man 2. Nous attendons avec impatience les films de Elektra le 2 février, et des Quatre Fantastiques cet été, dont les Américains disent qu’il sera « 4 times better than Spider-Man ! » La nomination cette année encore de trois titres Marvel au festival d’Angoulême dans les catégories « Patrimoine » pour Spider-Man : L’intégrale, « Meilleure série » pour Daredevil et « Meilleur dessin » pour Wolverine : Snikt ! montre clairement l’intérêt croissant que représentent les comics dans le cœur des Français et en particulier des professionnels de la bande dessinée. Nier l’idée selon laquelle les films y sont pour quelque chose serait franchement absurde. Tout comme le serait le fait de nier l’évidence selon laquelle beaucoup de jeunes lecteurs sont davantage attirés par les comics et les mangas que par la BD franco-belge !
Les mangas, justement, ont pris une part importante dans votre catalogue. Vous avez par ailleurs tenté la BD franco-belge. Quelles sont les évolutions de ces trois secteurs en 2004 (on a parlé à un moment de l’arrêt du franco-belge, qu’en est-il ?) et quelles sont vos perspectives dans les mois à venir ?
Même si le marché des mangas est de plus en plus difficile, l’arrivée chaque mois de nouveaux éditeurs n’aidant en rien (il y a plus de 20 éditeurs de mangas en France !), nous allons tout faire pour renforcer notre position cette année, moyennant notamment la publication de séries culte comme 20th Century Boys (Meilleure série Angoulême 2004) Angel Heart et Saint Seiya, ainsi que de nouveaux best-sellers parmi lesquels Worst dont chaque numéro se vend à plus d’un million d’exemplaires au Japon, mais aussi des rééditions de séries cultes... Generation Comics est aujourd’hui le quatrième éditeur de manga sur le marché français avec près de 7% de parts de marché (contre 2,2% en janvier 2004), notre objectif pour 2005 est de doubler ce chiffre !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Sébastien Dallain. Photo (c) D. Pasamonik
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