Cette série met en scène Edwin, un père célibataire, confronté à un double challenge : élever convenablement ses jumeaux en bas âge, tout en restant un adepte de la « zen attitude », et trouver une compagne. Ce double challenge est une source de catastrophes et de situations cocasses.
Pourquoi avez-vous souhaité travailler avec Falzar sur « Edwin et les Twins » une série de gags ?
E411 : C’est vrai que cela pourrait paraître une drôle d’idée pour ceux qui ne connaissent pas notre travail. Cela fait bientôt dix ans que nous travaillons ensemble sur Max et Bouzouki, une série jeunesse publiée aux éditions Averbode. Nous nous connaissons donc bien ! Je l’ai lancé sur ce projet. Cela ne pouvait que le motiver car nous avons les mêmes goûts en matière d’humour. On adore les situations grotesques et les quiproquos. Ses gags sont très visuels, ce qui me plaît beaucoup. Il dessine son scénario sous forme de story-board. Je peux ainsi me rendre directement compte de qualité du gag…
Qu’est ce qui vous séduisait dans cette thématique : Un père, adepte de la cool attitude, qui est confronté aux aléas de la vie quotidienne et doit s’occuper de ses jumeaux ?
E411 : J’ai eu cette idée en voyant plusieurs amis qui avaient des jumeaux. Leurs enfants remuaient pas mal, et le fait qu’ils soient deux amplifiait leurs bêtises. En additionnant cette thématique avec d’autres inévitables (le côté crade des couches, les panades, les nez qui coulent, etc), nous avions là un bon sujet pour des catastrophes pleines de « Zwip » et de « Spatch ».
Le projet a été remanié et nous avons sacrifié la maman pour mettre l’accent sur le père et les jumeaux. Edwin est donc devenu célibataire. Tant mieux, car cela nous offrait plus d’opportunité pour mettre en scène des situations inattendues. Nous avons chacun eu quelques bébés et surtout gardé un côté « adulescent », Cela a laissé des traces. Nous nous sommes servis de notre expérience pour cette série. J’aime bien mettre en scène la vie quotidienne, avec toujours un petit élément qui fait déraper le train-train à un moment donné. Les grosses aventures exotiques, ce n’est pas trop mon truc !
Falzar, n’êtes vous pas frustré de devoir collaborer avec un dessinateur qui vous souffle autant d’idées ?
F : Du moment qu’il n’a pas forcé sur l’ail, il peut me souffler tout ce qu’il veut ! (Rires). David, alias E411, a un sens de l’observation presque aussi développé et tordu que celui d’un scénariste. Il perçoit directement le potentiel comique d’une situation à priori banale. David a une imagination très développée. Notre goût pour les tsunamis à quatre pattes date de longtemps. A l’époque de la sortie du DVD des Indestructibles (Pixar/Disney), j’ai été estomaqué en regardant le court-métrage qui suit le long. Son propos était centré sur Jack-Jack, le bébé de la famille. Celui-ci était aux prises avec un baby-sitter. Jack-Jack était mignon, tout en ayant un côté Attila. J’avais envie de concevoir une série avec un enfant en bas-âge. J’ai été happé par d’autres priorités, et cela ne s’est pas fait à ce moment-là. Quelques temps plus tard, E411 est arrivé avec son idée de jumeaux. Et là, cela a fait « tilt » et « bing » !
vous abordez des thématiques adultes, comme la drague par exemple.
E411 : La drague nous amusait ! J’aime le côté « râteau » de l’exercice. Cela tombe bien d’ailleurs, car avec cette série, nous voulons ratisser large (Rires). Erwin, séducteur invétéré, se ramasse souvent, en fin de gag, à cause de ses bêtises ou de celles de ses jumeaux.
Au milieu du premier album, Edwin se calme un peu, et sa relation se focalise sur une seule fille, Zoé. Mais ils ne parviennent jamais à échanger le moindre baiser. Les « twins » font capoter involontairement ce moment d’intimité tant attendu. Ce petit côté « Demesmaeker qui ne signera jamais les contrats » nous plaisait !
Falzar procède de la bande dessinée destinée aux enfants. Pourquoi ce choix ?
F : En effet, j’aime travailler pour le public enfantin, que cela soit à travers mes publications chez Averbode ou dans le magazine Spirou. Et ce même si certaines séries, comme Sac à Puces ont été conçues en fonction du tout public. Astérix est l’exemple même de la bande dessinée tout public : cette série fait rigoler les enfants, tout comme les adolescents et les adultes. J’aime ce mélange, et cette manière d’aborder la bande dessinée en la décloisonnant ! Il ne faut pas prendre les lecteurs (enfants et adultes) pour des andouilles décervelées
E411, pourquoi avoir opté pour un pseudonyme ?
E411 : Je l’avais choisi à un âge où l’on veut se donner une image un peu plus Rock & Roll. J’ai essayé de trouver un pseudonyme qui ait autant de pèche que « Zep » ou « Bar2 ». J’ai donc gardé l’initiale de mon nom et y ait rajouté un chiffre derrière. Cela sonnait comme « UB40 », « B52 » ou « U2 ». Cela ressemblait aussi à un additif alimentaire ou un formulaire de vacances belge (E111). C’était aussi une autoroute belge …
Pourriez-vous nous parler de Max et Bouzouki, la série que vous avez réalisée pour Averbode ?
E411 : Il s’agissait d’une commande. Aberbode voulait réintroduire une série classique dans la revue Bonjour. Celle-ci devait être dans le même esprit que la série vedette Riri et Fifi qui avait été publiée trente ans plus tôt dans cette même revue. Elle devait s’adresser aux enfants de six et sept ans ! Nous leur avons proposé les aventures d’un petit garçon et de son inséparable chien. Ce dernier, énorme, est plutôt gourmand et lui sert parfois de cheval. Tout cela sous le regard bienveillant des parents. Le sujet est assez traditionnel, et est forcément beaucoup plus léger que pour Edwin et les Twins. Cette série nous a permis de tester l’univers des enfants, fait de jeux et de bêtises. Nous avons publié plus de 200 gags. Cela fait également cinq ans que ces personnages ont leur propre revue mensuelle, qui comprend un récit en bande dessinée et un autre sous la forme d’un texte illustré. En 2007, Averbode a publié un album reprenant cinq de ces récits.
Sentez-vous un clivage entre ce type de BD jeunesse et celle publiée par des éditeurs « mainstream » ?
E411 : Peut-être. Mais sans doute est-ce dû à l’âge du lectorat visé par cette presse. Le ton est forcément plus gentil et plus éducatif. Où est le problème ? J’apprécie autant travailler dans un secteur comme dans l’autre. Je reste ébahi par le répondant du jeune lectorat. Nous recevons plein de lettres et de dessins. C’est très sympa !
Quels sont vos projets ?
F : J’ai beaucoup de sangliers sur le feu, à des cuissons diverses : une pièce de théâtre (pour enfants, mais qui pourra faire rire les adultes), des textes de chansons, un scénario à quatre mains pour le cinéma. Mais aussi de la BD : du gag (encore !), des courts-récits et de la grande aventure en 44 planches !
E411 : Cela fait très longtemps que j’ai envie de réaliser un album d´illustrations dans un style hyper-jeté rehaussé d’aquarelles, où je me lâcherais beaucoup plus. Je n’ose pas me le permettre avec Edwin. J’encre cette série de manière très nette, par souci de clarté. J´adore ces illustrateurs anglais comme Quentin Blake ou Tony Ross dont l´encrage très spontané rend leurs dessins super vivants et efficaces.
(par Nicolas Anspach)
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Illustrations de "Edwin et les Twins" : (c) E411, Falzar et Vents d’Ouest
Photos (c) DR.
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